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Syrie: Plus de 30 journalistes détenus

Le Vif

Au moins 32 reporters, photographes ou cameramans sont captifs dans ce pays en guerre.

Selon Reporters sans Frontières, au moins 32 journalistes sont détenus en Syrie depuis le début du conflit en 2011. Depuis le début de l’année, huit ont trouvé la mort dans le cadre de leurs fonctions.

De plus en plus d’enlèvements

« L’enlèvement de journalistes est un phénomène endémique en Syrie. Certains cas ne sont pas médiatisés et les négociations ont lieu dans le secret. Mais, même si le phénomène n’est pas nouveau, on observe une recrudescence de ces enlèvements » ces derniers mois, expliquait le spécialiste Thomas Pierret à L’Express en juin, alors qu’on apprenait l’enlèvement de Didier François et Edouard Elias, envoyés sur le terrain par la radio Europe 1.

Depuis juin, 13 journalistes ont été kidnappés en Syrie, estime RSF. Le correspondant de guerre du journal espagnol El Periodico, Marc Marginedas, a été vu pour la dernière fois le 4 septembre dernier. Il aurait été enlevé par des djihadistes à l’ouest de la Syrie, près de la ville de Hama. Comme pour Nicolas Hénin et Pierre Torrès, deux journalistes français, l’enlèvement n’a pas été revendiqué. Le 14 août, c’est Mohamed Al-Omar, freelance pour Radio Rozana -une radio d’information syrienne qui émet depuis Paris- qui disparaissait.

Quelques occidentaux figurent dans la liste, mais la majorité des reporters, photographes ou caméramans enlevés travaillent pour des médias syriens ou de pays de la région: Anwar Hazwini du Azaz Media Center (Syrie), Obeida Batal, Malek Abu Al-Kheir et Abdurahman Rya de la chaîne d’opposition syrienne Orient TV, Bachar Fahmi Al-Kadumi de la chaîne jordanienne Al-Hurra TV, Mohamed Omar Al-Khatib du journal algérien El Watan… Et cinq journalistes du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression sont également retenus: Mazen Darwish, Hussein Ghrer, Hani al-Zitani, Mansour al-Omari et Abd al-Rahman Hamada.

Longues détentions

Plusieurs journalistes enlevés en Syrie depuis le début du conflit ont été libérés, à l’image de l’envoyé spécial du quotidien italien La Stampa, Domenico Quirico. Il est rentré en Italie début septembre, après quatre mois de captivité. Certains sont détenus depuis le début du conflit, à l’image de Maher Dib, journaliste pour la télévision officielle qui a démissionné au début de la guerre.

L’Américain James Foley, journaliste indépendant, a été enlevé près de la ville de Taftanaz par quatre hommes armés le 22 novembre 2012. Jusqu’à la veille de sa disparition, il fournissait des informations à l’agence de presse AFP et au site américain GlobalPost. Détenu depuis bientôt un an, il serait aux mains des services de renseignement syrien. Au moment de sa disparition, il était en compagnie d’un autre journaliste dont la famille n’avait pas souhaité divulguer l’identité.

Quelques mois auparavant, en août 2012, Austin Tice, freelance pour le Washington Post et Al-Jazeera English, était lui aussi kidnappé. D’après le Comité pour la protection des journalistes, il serait aux mains des forces gouvernementales.

Qui kidnappe les journalistes?

Les auteurs des enlèvements ne sont pas toujours clairement identifiés. Pour Thomas Pierret, on peut notamment distinguer « les islamistes radicaux, qui agissent par haine des étrangers et qui revendiquent leurs actes; les groupes crapuleux; des éléments proches du régime qui veulent dissuader les observateurs étrangers de se rendre en Syrie ». Plusieurs cas d’enlèvements font état de liens avec les services secrets du régime de Bachar el-Assad. En mai, l’ONG Amnesty International publiait le rapport Feu sur les messagers: les journalistes pris pour cible par toutes les parties en Syrie et déplorait de nombreuses atteintes à la liberté d’expression.

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