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Syrie: Obama explore la voie diplomatique mais reste vigilant

Le Vif

Barack Obama a affirmé mardi qu’il souhaitait donner une chance à la diplomatie en Syrie au moment où Damas assure être prête à renoncer à son arsenal chimique. Le président américain a demandé au Congrès américain de reporter son vote.

Opposants et partisans de frappes contre la Syrie au Congrès américain campaient sur leurs positions mardi après le discours de Barack Obama, mais approuvaient sa décision d’explorer la possibilité de neutraliser le stock syrien d’armes chimiques avant toute opération militaire.

Le Congrès en « stand-by »

Les élus ont appuyé mardi sur le bouton « pause » dans le dossier syrien, le Sénat repoussant à au moins la semaine prochaine – à la demande de Barack Obama – un vote de procédure sur une résolution autorisant le recours à la force, afin de donner le temps au président d’évaluer la crédibilité de l’offre russe de placer sous contrôle international l’arsenal chimique syrien.

Dans son allocution, au cours de laquelle il a donné sa chance à la diplomatie mais aussi rappelé que l’option militaire restait sur la table, Barack Obama a directement interpellé les deux franges du Congrès les plus hostiles à une intervention. « Je demande à mes amis à droite de réconcilier leur engagement en faveur de la puissance militaire américaine et l’absence d’actes lorsqu’une cause est aussi juste. Et à mes amis à gauche, je demande de réconcilier leurs convictions en faveur de la liberté et de la dignité pour tous et ces images d’enfants se débattant de douleur, mourant sur un sol froid d’hôpital », leur a-t-il lancé.
A droite, les républicains isolationnistes affiliés au Tea Party, très nombreux à la Chambre des représentants, ont sans surprise réitéré leur opposition à une intervention, se déclarant peu convaincus par l’appel présidentiel. « J’ai reçu un gentil coup de fil du secrétaire général de la Maison Blanche quelques minutes après le discours », a écrit sur Twitter le représentant Jason Chaffetz, apparemment courtisé par l’exécutif. Mais « je vote toujours NON ».

Still no explanation of steps 2, 3, 4, etc. and consequences of going to war in Syria. I am still a NO.

— Jason Chaffetz (@jasoninthehouse) September 11, 2013

« Si nous déstabilisons le régime, le chaos va empirer et nous deviendrons au final les alliés d’Al-Qaïda », a commenté le sénateur Rand Paul, fer de lance de l’opposition au Sénat, qui a dit espérer que l’initiative russe serait couronnée de succès.

Défections démocrates

A gauche, la voie diplomatique a été accueillie comme une porte de sortie honorable par les démocrates anti-guerre, alors que le camp du « non » grossit chaque jour. « Je suis heureux que les Etats-Unis et d’autres pays recherchent une stratégie diplomatique internationale », a déclaré après le discours de Barack Obama le sénateur Jeff Merkley, encore indécis. « J’applaudis le président pour avoir choisi d’attendre et de rechercher l’aval du Congrès », a réagi Charles Rangel, un représentant opposés aux frappes.

Les prochains jours diront si la stratégie adoptée par Barack Obama fera évoluer la courbe de l’opinion, mais ses alliés louaient sa décision de ne pas précipiter de vote, alors que le tout Washington prédisait une défaite si la résolution était soumise aux voix dès cette semaine. « Il serait malvenu de claquer la porte sans la considération requise », a estimé le démocrate Robert Menendez, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat. Avec d’autres sénateurs, il rédige une nouvelle version du texte qui sera soumis aux élus, de façon à conditionner toute opération militaire au non-respect par Bachar al-Assad d’une éventuelle résolution de l’ONU.

Au Sénat, chaque jour apporte de nouvelles défections dans les rangs démocrates. A l’heure où le président s’exprimait mardi, seuls 24 sénateurs s’étaient déclarés favorables à des frappes, 29 étaient opposés, et 47 restaient indécis. « Il est très inquiet que le Congrès ne sape sa capacité de menacer de l’usage de la force », interprétait la républicaine Susan Collins, en estimant que le report du vote permettait à Barack Obama de garder la main dans les discussions avec les Russes. A la Chambre, la pente est encore plus raide: 181 représentants, selon le New York Times, et 149 selon le Washington Post sont hostiles à une intervention, et des dizaines d’autres penchent vers le non.

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