Ghouta © Reuters

Syrie: les rebelles attendent d’évacuer leur avant-dernière poche dans la Ghouta

Le Vif

L’évacuation des rebelles de leur avant-dernière poche dans la Ghouta orientale était retardée samedi pour des raisons logistiques, alors que le dernier bastion insurgé aux portes de Damas, déjà déserté par plus de 105.000 civils, est sous le contrôle quasi-total du régime.

Ce n’est que vers 14H00 GMT (16H00 locale), avec plusieurs heures de retard, que les bus sont arrivés dans la ville d’Arbine, pour évacuer « les combattants rebelles et leurs familles ayant refusé la réconciliation », selon les termes de la télévision d’Etat syrienne.

L’opération a été retardée de plusieurs heures pour des « raisons logistiques » mais aussi de « déminage », selon la même source.

« L’armée a procédé d’abord à la levée des remblais érigés aux abords de Harasta afin d’ouvrir un nouveau couloir » permettant la sortie des rebelles, a précisé la télévision. « En parallèle, des travaux de démantèlement des mines disséminées par les terroristes sur la route menant à la ville d’Arbine ont été menés afin de sécuriser le nouveau couloir », a indiqué l’agence officielle Sana.

Cette nouvelle vague d’évacuations, qui pourrait concerner 7.000 personnes, s’inscrit dans le cadre d’un accord conclu entre le groupe islamiste Faylaq al-Rahmane et la Russie, qui prévoit, parmi d’autres conditions préalables à l’évacuation, la libération d’otages détenus par les rebelles.

Samedi, la télévision syrienne a montré un bus transportant huit prisonniers relâchés par les groupes opposés au président Bachar al-Assad.

– ‘Nous sommes écoeurés’ –

Cette nouvelle opération d’évacuations de combattants et de leurs familles vers Idleb (nord-ouest) intervient après le transfert ces deux derniers jours vers cette même zone, qui est la dernière province qui échappe au contrôle de Damas, de plus de 4.000 personnes dont 1.400 combattants du groupe salafiste Ahrar al-Cham.

Après cette évacuation, les rebelles ne seront plus présents que dans une seule poche, autour de la grande ville de Douma, tenue par le groupe islamiste Jaich al-Islam, où des négociations sont en cours.

Les insurgés contrôlent désormais moins de 10% du territoire qu’ils tenaient dans la Ghouta orientale avant le début de l’offensive meurtrière du régime, le 18 février.

Samedi matin, profitant d’un cessez-le-feu, des dizaines de civils sont sortis dans les rues dévastées de plusieurs villes de la région, souvent pour la première fois après des semaines de pilonnage, a constaté un correspondant de l’AFP.

« Nous sommes écoeurés d’avoir à quitter la Ghouta, de devoir abandonner notre foyer, la ville où nous avons toujours vécu », a commenté Abou Khaled, un combattant de 28 ans.

Parallèlement aux deux accords d’évacuation, le mouvement de déplacement d’habitants de l’enclave vers des zones tenues par le régime, via des couloirs mis en place par les autorités gouvernementales, se poursuivait samedi pour le dixième jour consécutif, d’après Sana, qui a annoncé la sortie de 1.700 personnes.

Plus tôt, la télévision syrienne avait fait état de plus de 105.000 civils ayant quitté les zones rebelles de la Ghouta pour les zones sous contrôle gouvernemental. La région comptait environ 400.000 habitants avant le début de l’offensive.

– ‘La vie va reprendre’ –

Plus de 1.600 civils ont été tués depuis le lancement de cette campagne d’une rare violence, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a aussi dénombré la mort d’au moins 485 soldats du régime et de 310 rebelles.

A 15 kilomètres d’Arbine, le sommeil des Damascènes a de nouveau été troublé par des détonations, mais il s’agissait cette fois de tirs de célébration en prévision de la fin des opérations dans la Ghouta orientale et non des obus et roquettes que les rebelles tiraient sur Damas depuis cette zone stratégique.

« Maintenant, on peut dormir en paix, la vie va reprendre », s’est réjoui samedi Simon Merei, 32 ans, habitant de la vieille ville de Damas.

Layal Joumaa, une étudiante de 24 ans, a dit avoir ouvert ses fenêtres donnant sur Jobar, un autre quartier de Damas qui était contrôlé en partie par les rebelles, pour la première fois depuis trois ans. « Personne ne voulait vivre ici, c’était trop près de la ligne de front. »

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations en faveur de réformes démocratiques, a fait plus de 350.000 morts et conduit des millions de Syriens à l’exil.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire