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Syrie: les options militaires de Trump sont limitées

Le Vif

Donald Trump a adopté un ton très dur envers le régime Assad, qu’il accuse d’avoir utilisé une nouvelle fois des armes chimiques, mais les options militaires du président américain sont limitées et en porte-à-faux apparent avec sa promesse de ramener les soldats présents en Syrie.

Le président Trump a averti le régime de Damas et ses alliés russes et iraniens qu’ils pourraient « payer le prix fort » pour l’attaque chimique présumée contre une ville rebelle en Syrie, mais c’est apparemment Israël qui a lancé lundi des missiles contre une base militaire du régime, appelée T-4, dans le centre de la Syrie.

Lundi, M. Trump a promis des « décisions majeures » dans les « 24 à 48 heures », dénonçant un acte « odieux contre des innocents ».

Son ministre de la Défense Jim Mattis « n’exclut rien » en réponse à cette attaque présumée. Mais il a souligné, en recevant au Pentagone l’émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, vouloir « s’occuper du problème (…) en coopération avec nos alliés et nos partenaires, depuis l’Otan jusqu’au Qatar ».

En frappant militairement le régime syrien, les Etats-Unis qui cherchent à obtenir un règlement négocié de la guerre civile syrienne sous l’égide de l’ONU, risquent en effet une confrontation directe avec les troupes russes déployées en Syrie.

« Les Etats-Unis doivent faire très attention à ne pas frapper des cibles russes ou tuer des conseillers russes, ce qui limite considérablement le nombre de leurs options, car les Russes sont très souvent intégrés aux troupes syriennes », explique à l’AFP Ben Connable, un expert du centre de réflexion Rand.

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Les bases aériennes de Hmeimim, dans l’ouest de la Syrie, et Tartous, sur la côte, toutes deux contrôlées par l’armée russe, « sont hors de question », ajoute cet ancien Marine spécialiste du Proche-Orient.

« La dernière fois que le président Trump a répondu, il a répondu en frappant une base aérienne strictement syrienne. Je pense que du point de vue militaire, c’est la limite de ce que les Etats-Unis peuvent faire ».

L’exemple de 2017

Le 7 avril 2017, le président américain avait fait bombarder une base du régime syrien en représailles à une attaque au gaz sarin, qui avait tué trois jours plus tôt plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest).

L’armée américaine avait lancé 59 missiles Tomahawk sur la base d’Al-Chaayrate, près de Homs, de laquelle avait décollé l’avion utilisé pour l’attaque chimique, selon Washington.

Une autre option, selon M. Connable, serait d’envoyer des renforts dans le nord de la Syrie pour tenter d’affaiblir le régime de Damas face aux rebelles mais M. Trump a fait savoir la semaine dernière qu’il souhaiter retirer les troupes américaines présentes en Syrie dès que possible.

« Parfois, il est temps de rentrer à la maison. Et nous pensons à ça très sérieusement », a-t-il expliqué.

Mais, selon l’influent sénateur républicain John McCain, cette déclaration du président américain a « encouragé » Bachar al-Assad à « lancer une nouvelle attaque chimique contre des hommes, des femmes et des enfants innocents ».

« Le président avait réagi de façon décisive l’an dernier », a-t-il ajouté dans un communiqué. « Il devrait le faire de nouveau et démontrer qu’Assad devra payer le prix de ses crimes de guerre ».

Le colonel Daniel Davis, expert au centre de réflexion conservateur Defense Priorities, estime toutefois que « la pire option politique pour les Etats-Unis serait de s’impliquer encore davantage dans la guerre civile syrienne qui, quoique brutale, ne menace pas notre sécurité ou notre prospérité ».

« D’autant qu’une intervention risquerait de mener à un clash avec une Russie qui détient l’arme nucléaire », ajoute cet expert, pour un retrait de Syrie reste souhaitable.

M. Mattis a rendu Moscou responsable de la présence d’agents chimiques en Syrie, rappelant que la Russie s’était portée garante de la destruction de toutes les armes chimiques syriennes en septembre 2013.

Et lundi, les Etats-Unis ont fait circuler lundi à l’ONU un projet de résolution réclamant la création d’un nouveau « mécanisme d’enquête indépendant des Nations unies » (Unimi) sur le recours aux armes chimiques en Syrie, selon ce document obtenu par l’AFP.

Ce nouvel outil d’investigation des Nations unies aurait un mandat initial d’un an, renouvelable.

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