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Syrie: les forces du régime avancent face aux jihadistes d’Idleb

Le Vif

Les forces du régime syrien ont repris samedi de nouvelles localités aux jihadistes et rebelles à la périphérie de la province d’Idleb, au prix de violents combats qui ont poussé les civils à prendre la fuite.

Appuyées par l’aviation russe, les troupes mènent depuis lundi une opération à la périphérie de la province d’Idleb, la seule à échapper entièrement au pouvoir de Bachar al-Assad et dominée par le Front Fateh al-Cham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.

« Les forces du régime continuent d’avancer, les combats se poursuivent avec violence. Il y a des frappes aériennes du régime et de l’aviation russe », a précisé à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Les affrontements se concentrent dans le sud-est d’Idleb et le nord-est de la province voisine de Hama, selon M. Abdel Rahmane, qui précise que le régime a pris le contrôle de plusieurs localités et villages du secteur.

Samedi, des centaines de civils fuyant les combats continuaient de quitter la zone pour rejoindre le nord de la province d’Idleb, a constaté un correspondant de l’AFP.

Ils emportaient avec eux leurs maigres possessions juchées sur des camions ou des pick-up: matelas, couvertures, chaises en plastique et tapis.

« Plus d’une fois, on a été la cible des frappes, on ne pouvait plus rester », déplore Abou Ahmed, sexagénaire originaire du sud-est d’Idleb, fuyant avec sa famille à bord d’un pick-up.

« Je ne sais pas comment décrire mon sentiment, quitter à mon âge notre terre et notre maison. On part et on ne sait même pas où on va. »

‘Enfants terrorisés’

Près de la localité de Maaret al-Noumane, certains ont planté leurs tentes. Casseroles et bassines en plastique s’entassent à l’entrée.

« On s’est sauvés pour les enfants. Ils étaient terrorisés par les raids aériens et les frappes », raconte Abou Khaled, keffieh à carreaux rouge et blanc sur le crâne, barbe noire fournie.

Originaire de la province de Hama, ce trentenaire père de quatre enfants avait fui une première fois avec sa famille vers la province d’Idleb, où il s’était installé dans un camps de déplacés.

Avec les combats en cours, il a dû une nouvelle fois migrer.

L’objectif pour le régime est de conquérir le sud-est d’Idleb, où des groupes rebelles sont aussi présents, pour « sécuriser » une route qui relie Alep, la deuxième ville du pays, à la capitale Damas, selon l’OSDH.

Depuis jeudi, les violences ont tué 32 combattants prorégime, et 29 dans l’autre camp, ainsi que 21 civils, selon l’OSDH.

Les forces du régime ont pris le contrôle de cinq villages et localités et de plusieurs « collines stratégiques » du nord-est de la province de Hama, selon l’agence officielle Sana.

Soutenues par la Russie, les forces du général Souheil Hassan, aux premières lignes de la bataille contre le groupe Etat islamique (EI) dans l’est syrien, mènent désormais l’offensive à Idleb, selon l’OSDH.

« Après en avoir fini avec l’EI, les forces du régime concentrent leurs opérations sur les jihadistes d’Idleb », assure M. Abdel Rahmane.

Depuis l’intervention militaire fin 2015 de la Russie, venue à la rescousse du régime de Damas, ce dernier a pu rétablir son contrôle sur plus de la moitié du pays, multipliant les victoires faces aux rebelles et aux jihadistes.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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