Alep. © Reuters

Syrie: la trêve « humanitaire » décrétée par la Russie entre en vigueur à Alep

Le Vif

La trêve « humanitaire » décrétée par Moscou pour permettre aux habitants et aux rebelles de quitter la métropole syrienne d’Alep est entrée en vigueur jeudi, après plusieurs semaines d’une offensive meurtrière visant les quartiers rebelles qui a tué des centaines de civils.

Cette « pause humanitaire », qui a débuté à 08H00 (05H00 GMT, 07H00 en Belgique), intervient alors que, depuis deux jours déjà, le régime du président Bachar al-Assad et son allié russe ont suspendu leurs raids aériens visant les quartiers Est d’Alep, où vivent quelque 250.000 personnes.

Moscou avait annoncé mercredi que la trêve durerait 11 heures, et non huit comme annoncé initialement. Toutefois, dans la soirée, l’armée syrienne a affirmé que cette trêve durerait trois jours. A Berlin, le président russe Vladimir Poutine s’est dit prêt à prolonger « autant que possible » l’arrêt des frappes aériennes.

Huit couloirs humanitaires, dont six pour l’évacuation de civils, de malades et de blessés, et deux pour le retrait de rebelles armés, mais qui peuvent également être utilisés pour les civils, seront ouverts, a annoncé mercredi l’état-major russe.

La trêve intervient alors que depuis plusieurs semaines Moscou fait l’objet de critiques virulentes sur la scène internationale, les Occidentaux dénonçant des « crimes de guerre » au moment où les bombardements d’une extrême violence, lancés le 22 septembre, ont tué des centaines de civils et détruit des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.

Le régime syrien et son allié russe affirment toutefois bombarder les quartiers est pour éliminer les « terroristes », principalement les jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda).

Ancienne capitale économique de Syrie, Alep est devenue l’un des symboles de la guerre qui déchire la Syrie depuis mars 2011. La métropole est divisée depuis 2012 entre un secteur Ouest progouvernemental et un secteur Est tenu par les insurgés.

Menaces de sanctions

Le président français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, n’ont pas exclu mercredi soir des sanctions à l’égard de la Russie en raison des bombardements contre les civils sur la ville d’Alep en Syrie, à l’issue d’entretiens avec Vladimir Poutine.

François Hollande n’a pas hésité à qualifier de « crimes de guerre » les bombardements qui visent Alep depuis fin septembre. « Ce qui se passe à Alep est un crime de guerre, la première des exigences c’est la cessation des bombardements par le régime et ses soutiens », a déclaré le président français. La chancelière allemande a également dénoncé des frappes « inhumaines » suite à une conversation qualifiée de « claire et dure » avec le chef d’Etat russe.

L’est d’Alep est sous le feu des bombardements des forces aériennes syriennes et russes depuis le 22 septembre, le régime de Damas cherchant à reprendre le contrôle de ces quartiers où vivent 250.000 personnes.

Le tandem franco-allemand n’a pas exclu d’envisager des sanctions à l’égard de la Russie pour son rôle dans les attaques répétées. « Tout ce qui peut être de l’ordre de la menace peut être utile », a déclaré à la presse à ce sujet François Hollande, tandis qu’Angela Merkel a jugé à ses côtés « qu’on ne peut pas se priver de cette option ».

Une « pause humanitaire » à Alep doit entrer en vigueur jeudi et permettre, selon Moscou, d’évacuer civils et combattants de la partie rebelle. « Nous avons fait part de notre intention de prolonger autant que possible, en fonction de la situation réelle sur le terrain, l’arrêt de nos frappes aériennes », a déclaré le président russe lors d’une conférence de presse retransmise à la télévision russe. La trêve russe était prévue pour durer onze heures. Mais l’armée syrienne a, elle, annoncé une trêve de huit heures par jour pendant trois jours, les 20, 21 et 22 octobre.

« Nous avons fait part de notre intention de prolonger autant que possible, en fonction de la situation réelle sur le terrain, l’arrêt de nos frappes aériennes », a déclaré le président russe. « Nous sommes prêts à le faire jusqu’à ce que nous constations une intensification des activités des groupes armés à Alep », a-t-il poursuivi, alors que la « pause humanitaire » doit permettre l’évacuation des civils et le retrait des rebelles des quartiers de l’est d’Alep ravagés par les bombardements des aviations russe et syrienne.

Vladimir Poutine a également dit compter sur les Etats-Unis pour qu’ils fassent « tout ce qu’ils ont promis pour que la soit disant opposition modérée se sépare des terroristes » du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaïda), assurant que cela permettrait « que nous continuions plus loin notre travail commun ».

Mme Merkel et M. Hollande se sont montrés prudemment optimistes sur les promesses russes. « Nous sortons de cet entretien avec l’impression qu’il peut y avoir une prolongation de la trêve mais c’est au régime syrien et à la Russie d’en faire la preuve », a dit le dirigeant français à la presse.

« Ce que j’ai compris c’est qu’il (Poutine) était disposé à aller au-delà des 8 heures qui avaient été annoncées », a-t-il ajouté. « Combien de temps ensuite? Pour nous, aussi longtemps qu’il est possible d’assurer cette trêve mais c’est à lui d’en faire la démonstration avec le régime » syrien, a souligné M. Hollande.

La situation dramatique vécue à Alep sera à nouveau abordée jeudi par l’Assemblée générale de l’ONU va à son tour évoquer jeudi le martyre d’Alep (nord de la Syrie), après l’échec de l’adoption parle Conseil de sécurité d’une résolution pour mettre fin aux bombardements russes et syriens sur la ville.

A l’initiative du Canada, 70 pays sur les 193 membres de l’ONU, avaient signé une lettre adressée à M. Ban, lui demandant que l’assemblée se saisisse de la crise humanitaire en Syrie.

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