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Syrie: la thèse de l’utilisation d’armes chimiques se renforce

Le Vif

Les chefs des diplomaties américaine et russe se rencontraient lundi à Paris pour préciser les contours d’une conférence de paix sur la Syrie, tandis que la guerre fait rage sur le terrain et que se multiplient les informations sur l’usage d’armes chimiques.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a commencé, avec près d’une heure de retard, à s’entretenir dans un grand hôtel avec son homologue russe Sergueï Lavrov de l’initiative commune américano-russe en vue d’une conférence internationale de paix sur la Syrie, prévoyant des négociations entre les belligérants syriens. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, de retour de Bruxelles où les 27 examinaient la question de la levée de l’embargo sur les armes à destination de l’opposition syrienne, rejoindra ses deux homologues pour un dîner de travail dans la soirée.

En fin d’après-midi, aucun accord n’a été trouvé à Bruxelles. Les Européens doivent se décider avant vendredi minuit, date à laquelle expire l’ensemble des sanctions prises depuis deux ans par l’UE contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes. Avant de quitter Bruxelles, M. Fabius a affirmé qu’il y avait « des présomptions de plus en plus fortes, de plus en plus étayées, d’usage localisé d’armes chimiques » en Syrie, avant d’ajouter que ces informations faisaient l’objet de « vérifications très précises ».

Deux envoyés spéciaux du Monde, présents en Syrie en avril et mai, ont témoigné lundi dans le quotidien français de l’utilisation d’armes toxiques contre les forces rebelles qui tiennent les faubourgs de Damas. L’utilisation d’armes chimiques fait l’objet de soupçons depuis déjà quelques semaines dans plusieurs endroits de Syrie, mais n’a pas été formellement prouvée. L’ONU demande en vain à Damas de laisser ses experts enquêter sur les accusations réciproques adressées par le pouvoir et l’opposition concernant le recours à ces armes. Pour l’heure, la communauté internationale privilégie l’organisation d’une conférence de paix, dite Genève 2. A Paris, les discussions à huis clos lundi soir doivent permettre, selon un diplomate français, d’apporter des clarifications sur les participants à cette conférence, prévue pour juin à une date indéterminée, et sur leur mandat.

Alors que le régime de Damas, soutenu par les Russes, a annoncé sa « décision de principe » d’y participer, l’opposition syrienne, réunie à Istanbul depuis jeudi, apparaissait profondément divisée et ne s’est pas encore prononcée. Elle a cependant exhorté l’Union européenne à lever son embargo sur les armes, à un moment où les forces gouvernementales ont repris l’offensive et gagnent du terrain sur les insurgés.

Epaulée par les combattants du Hezbollah (Liban), dont près de 80 hommes ont été tués en une semaine, selon une ONG syrienne, l’armée syrienne livrait lundi des combats acharnés pour s’emparer de la ville stratégique de Qousseir (centre). Les insurgés défendent bec et ongle cette ville et ses environs,

zone stratégique aussi bien pour les rebelles que pour le régime car elle se trouve sur le principal axe vers le Liban, et sur la route reliant Damas au littoral, base arrière du régime.

Ouvrant lundi la 23e session du Conseil, Navi Pillay, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a averti qu’un « cauchemar » se dessinait en Syrie. Une « catastrophe humanitaire, politique et sociale frappe déjà et ce qui nous attend est véritablement un cauchemar ».

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU doit évoquer mercredi « la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Syrie et les récentes tueries à Qousseir », un débat demandé d’urgence par les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar. Téhéran, que les Russes voudraient voir participer à la conférence de Genève 2, ce à quoi s’oppose Paris, a annoncé qu’il accueillerait mercredi une « conférence internationale » visant à trouver une « solution politique » au conflit en Syrie.

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