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Syrie : l’UE déplore l’échec des Nations Unies à imposer la paix

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont « profondément regretté », dans des conclusions adoptées lundi, l’échec des Nations Unies à imposer la paix en Syrie conformément au plan préparé par l’envoyé spécial de l’ONU Kofi Annan. Ils ont par ailleurs accentué leur pression sur le régime en cherchant à encourager les défections. L’après-Assad a été évoqué.

« L’UE déplore que le Conseil de sécurité ait été incapable de tenir ses responsabilités et de soutenir les efforts (de M. Annan). L’UE appelle à une action unie de tous les membres du Conseil de sécurité, y compris de la Russie et de la Chine, pour ajouter une pression robuste et efficace et assurer qu’il y aura des conséquences sérieuses pour le non-respect des décisions », selon ces conclusions.

Le plan élaboré par Kofi Annan prévoit la fin des hostilités, un accès humanitaire et le début d’un dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition, mais il est largement dépassé par l’amplification de la guerre civile dans le pays.

Les Occidentaux accusent aussi la Russie et la Chine, par leurs vétos successifs à des mesures de sanctions, de ne pas pousser le régime de Bachar el-Assad, à respecter le cessez-le-feu. De leur côté, Moscou et Pékin voient dans la position occidentale une stratégie pour imposer un changement de régime.

Les ministres européens n’ont fait aucun effort pour dissimuler cette impression avant un Conseil à Bruxelles lundi. « Il est très clair que le régime d’Assad a perdu toute crédibilité », a jugé le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires étrangères, Michael Link. « Il se bat pour sa survie. Il peut certainement tuer encore plus de gens, mais il ne peut avec certitude plus l’emporter ».

Le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, pour qui le régime « est en perdition », a dressé un parallèle entre l’attentat de la semaine dernière et celui du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler. « Etait-ce un acte terroriste ou un acte d’héroïsme ? », s’est-il interrogé.

Interrogé par Belga après le Conseil, le ministre belge Didier Reynders s’est lui aussi déclaré « convaincu qu’Assad va partir ». « Mais quand ? On ne peut pas le chronométrer », a-t-il ajouté.

Pour accélérer la transition, les Européens pensent à « soutenir les défections », notamment en garantissant à certains membres du régime une place dans la Syrie de l’après-Assad, a-t-il expliqué. Il s’agit notamment d »‘associer aux projets de reconstruction » des diplomates ou des militaires, « du moins ceux qui n’ont pas de sang sur les mains de façon invraisemblable ». « Plus le temps passe, moins il y aura de responsables fréquentables », note M. Reynders.

Plus généralement, la question de la justice et de l’impunité sera délicate, a-t-il encore indiqué. Des poursuites par la Cour pénale internationale ne sont qu' »une possibilité » dans un contexte diplomatique délicat. Des procès dans un éventuel pays de refuge du clan Assad, au travers par exemple des mécanismes institués par les conventions sur la torture, pourraient être envisagés.

Le Vif.be, avec Belga

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