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Syrie : l’opposition prête à une transition menée par un membre du régime

Un responsable du régime de Bachar el-Assad a reconnu ce lundi pour la première fois que Damas possède un arsenal chimique. Il a menacé de l’utiliser en cas d’intervention militaire occidentale mais jamais contre sa population. Pour les rebelles syriens, le régime du président Bachar al-Assad a déjà transféré des armes chimiques vers des aéroports à la frontière

Les rebelles syriens ont accusé le régime du président Bachar al-Assad d’avoir transféré des armes chimiques vers des aéroports à la frontière, au lendemain de la menace par Damas d’utiliser ces armes en cas « d’agression extérieure ». « Nous savons parfaitement l’endroit où se trouvent ces armes et leur positionnement », a indiqué l’Armée syrienne libre (ASL) dans un communiqué mardi.
« Nous révélons qu’Assad a transféré certaines de ces armes et des équipements de mélange de composantes chimiques vers des aéroports à la frontière », poursuit le texte sans préciser quelle frontière. « Selon nos informations, le régime a commencé depuis des mois à déplacer ses stocks d’armes de destruction massive (…) dans le but de faire pression sur la région et sur la communauté internationale » qui appellent sans cesse Damas à cesser la répression depuis 16 mois, indiquent encore les rebelles.

Les combats se poursuivent en Syrie

Les combats se poursuivent en Syrie, notamment à Damas et Alep, mais l’information principale de la journée concernant cette crise meurtrière est relative aux armes chimiques que le régime syrien possède. Car, pour la première fois, ce lundi, il a reconnu posséder ce type d’armes non conventionnelles « stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées », selon les mots employés par le porte-parole des Affaires étrangères syriennes Jihad Makdessi. Mais est-ce que Damas pourrait en faire usage?

Comparant Bachar el-Assad à un « loup blessé et pris au piège », Naouaf Fares, l’ancien ambassadeur syrien en Irak ayant fait défection avait assuré la semaine dernière, lors d’un entretien accordé à la BBC, que le dictateur syrien n’hésiterait pas à tourner ses armes chimiques contre la population. Il l’avait même accusé de l’avoir déjà fait, à Homs.

Ces armes « ne seront utilisées qu’en cas d’agression étrangère »

De graves accusations auxquelles le régime répond ce lundi. Oui, ces armes existent, mais non, elles ne « seront jamais, jamais, utilisées contre nos citoyens, quelle que soit l’évolution de la crise », a assuré le porte-parole des Affaires étrangères syriennes Jihad Makdessi. Il a ajouté une menace à cette promesse: ces armes « ne seront utilisées qu’en cas d’agression étrangère ». Pour plus de clarté, il le dit en anglais, au cours de sa conférence de presse (voir à 3:52 dans cette vidéo).

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Ces propos, qui ne surprennent pas les spécialistes du Moyen-Orient à l’image de l’expert du Guardian, ont visiblement embarrassé d’autres responsables du régime qui a savamment entretenu le mystère sur ce potentiel « stock » d’armes chimiques depuis les années 1980.

Les Affaires étrangères ont publié par la suite une mise au point dans laquelle elles nuançaient les propos du porte-parole, soutenant que « ces armes, si elles existent, il est naturel qu’elles soient stockées et sécurisées ». Même embarras du côté du ministre de l’Information, Omran al-Zoubi, qui a précisé à la radio que « dire que la Syrie n’utilisera pas ces armes contre son peuple ne veut pas dire que la Syrie possède bien ces armes », lit-on sur le site du New York Times.

Tollé international

Les condamnations internationales ne se sont pas fait attendre, Washington prévenant Damas de ne « pas penser une seule seconde à faire usage d’armes chimiques ». Berlin a qualifié cette menace de « monstrueuse » et Londres l’a jugée « inacceptable ». Israël a, quant à lui, prévenu qu’il ne pouvait pas « accepter » que des armes chimiques tombent aux mains du Hezbollah libanais, un allié du régime syrien.

Pour le chef de l’ONU, Ban Ki-moon, un recours aux armes chimiques par la Syrie serait « répréhensible ». « Il serait répréhensible de voir quiconque en Syrie envisager l’utilisation d’armes de destruction massive comme des armes chimiques », a dit Ban. Tout en affirmant ne pas être en mesure de « vérifier » si la Syrie disposait de ce type d’armes, et en rappelant que la Syrie n’est pas partie (signataire) de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, il n’a pu qu’espérer « que la communauté internationale gardera un oeil là-dessus pour que rien de tel ne se produise ».

Les armes chimiques « sous le contrôle total » d’Assad

Un haut responsable du ministère israélien de la Défense, Amos Gilad, a affirmé mardi que le régime du président syrien Bachar al-Assad contrôlait « totalement » l’arsenal d’armes chimiques de la Syrie.

« L’armée syrienne dispose d’importantes quantités d’armes chimiques. Le régime syrien lutte pour sa survie. Mais l’ensemble des armes chimiques et des armes de destruction massive est sous son contrôle total », a-t-il déclaré à la radio publique.

« Selon nos informations, le (mouvement chiite libanais) Hezbollah ne dispose pas d’armes chimiques venant de Syrie et il y a pas eu de transfert d’armes chimiques vers des organisations terroristes comme Al-Qaïda », a ajouté ce responsable.

« Il ne faut pas s’alarmer avec des informations qui n’ont aucune signification et des faits qui n’ont pas eu lieu », a-t-il ajouté.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a prévenu le régime de Damas qu’il commettrait une « erreur tragique » et devrait rendre des comptes s’il utilisait ses armes chimiques. Berlin a qualifié cette menace de « monstrueuse » et Londres l’a jugée « inacceptable ».

Israël a indiqué pour sa part qu’il ferait tout pour empêcher un transfert d’armes chimiques, de missiles et de systèmes de défense anti-aérienne de Syrie au Hezbollah libanais, fidèle allié de Damas.

LeVif.be avec L’Express et Belga

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