Alep, Syrie. © AFP

Syrie : l’ONU va se pencher sur deux propositions de trêve

Les combats faisaient rage samedi entre régime syrien et rebelles au coeur d’Alep, le jour où doivent être discutés à l’ONU deux textes rivaux appelant à un cessez-le-feu dans la métropole meurtrie.

Une des résolutions sera défendue par la France qui appelle à la fin des raids dans la deuxième ville de Syrie. L’autre le sera par la Russie qui réclame une cessation des hostilités sans évoquer ces bombardements.

Deux semaines après le lancement par l’armée syrienne d’une offensive d’envergure avec l’appui aérien de Moscou pour reprendre la partie rebelle d’Alep qui lui échappe depuis 2012, les troupes du régime continuaient de grignoter le territoire des insurgés sur trois axes.

« La bataille se déroule au centre, notamment dans le quartier de Boustane al-Bacha où l’armée avance, dans le sud, à Cheikh Saïd, et à la périphérie nord, où le régime a pris le quartier d’Ouwayja », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Selon l’Observatoire, 290 personnes, des civils pour la plupart – dont 57 enfants – ont été tuées dans des raids du régime et de son allié russe depuis le lancement de l’offensive le 22 septembre. Par ailleurs, 50 civils dont neuf enfants ont péri dans des bombardements rebelles sur les quartiers progouvernementaux.

Les combats se poursuivaient samedi, les bombardements aériens se concentrant essentiellement sur les zones de combat, a rapporté le correspondant de l’AFP dans la partie rebelle.

Alep est le principal enjeu du conflit qui ravage la Syrie depuis cinq ans, faisant plus de 300.000 morts et provoquant la pire tragédie humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

La partie Est de la ville a été ravagée par des bombardements d’une extrême violence qui ont tué des centaines de personnes et détruit des infrastructures civiles.

Les chefs de la diplomatie américaine et française, John Kerry et Jean-Marc Ayrault, ont dénoncé vendredi à Washington des « crimes de guerre » perpétrés contre des hôpitaux et des écoles à Alep, où 250.000 habitants sont assiégés depuis pratiquement plus de deux mois.

M. Kerry a notamment dénoncé « une stratégie ciblée pour terroriser les civils et quiconque se met en travers de leurs objectifs militaires », en allusion au régime et à Moscou.

A l’ONU, le texte russe « réclame l’instauration immédiate d’une cessation des hostilités, notamment à Alep » et demande à toutes les parties de permettre l’accès à l’aide humanitaire.

Mais l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft a rejeté ce texte, estimant qu’il s’agissait d’une manoeuvre russe destinée à « cyniquement détourner l’attention de la nécessité d’arrêter les bombardements sur Alep ».

Le texte de Moscou a été présenté au Conseil peu après que la Russie eut prévenu qu’elle était prête à bloquer le texte de la France avec son droit de veto.

« Je ne vois tout simplement pas comment nous pourrions laisser cette résolution passer », a déclaré à la presse Vitali Tchourkine, ambassadeur de Russie à l’ONU.

Les membres du Conseil négocient depuis une semaine cet autre projet de résolution de Paris destiné à mettre un terme à l’intense bombardement de la ville assiégée d’Alep, à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et à arrêter tous les survols militaires de la ville.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a prévenu que le vote de samedi sera « un moment de vérité pour tous les membres du Conseil de sécurité (…) en particulier pour nos partenaires russes », invoquant « une révolte de la conscience humaine ».

Jeudi, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s’était alarmé d’une destruction totale d’Alep-est d’ici janvier et avait montré du doigt la Russie.

Il avait aussi proposé que les combattants de l’organisation djihadiste Front Fateh al-Cham (ex Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda) quittent les quartiers de l’est d’Alep et que le régime syrien et son allié russe suspendent leurs bombardements après le départ des djihadistes.

La Russie s’est dit « prête à soutenir » cette initiative si le Front Fateh al-Cham partait effectivement de la ville.

Contenu partenaire