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Syrie: l’ONU dénonce des crimes contre l’humanité et l’usage d’agents chimiques

Le Vif

La Commission d’enquête des Nations Unies sur la Syrie dénonce l’usage à quatre reprises d’agents chimiques depuis le 15 janvier. L’ONU déplore également des crimes contre l’humanité devenus « une réalité quotidienne ».

La Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie dénonce, dans un rapport devant le Conseil des droits de l’Homme, l’usage à quatre reprises d’armes chimiques ainsi que la perpétuation de crimes contre l’humanité.

« La brutalité du conflit en Syrie a atteint de nouveaux sommets », a souligné le président de la Commission d’enquête Paulo Pinheiro, ajoutant que pour la première fois « le rapport fait état de l’imposition systématique de sièges, de l’utilisation d’agents chimiques et de déplacements forcés ».

La Commission estime qu' »il y a des motifs raisonnables de penser que des quantités limitées de produits chimiques ont été utilisés ». Les enquêteurs font état de 4 événements: à Khan Assal près d’Alep, le 19 mars; à Oteibah près de Damas, le même jour; dans le quartier de Cheikh Maqsoud à Alep 13 avril; et dans la ville de Saraqeb le 29 avril. Par 4 fois, ces agents auraient été utilisés, mais les enquêtes de l’ONU n’ont pour l’instant « pas permis d’identifier la nature de ces agents chimiques, les systèmes d’armes employées ni qui les a utilisés ». Le président de la Commission, le Brésilien Paulo Pinheiro affirme: « Nous avons des interviews de victimes, de réfugiés (…) et de personnel médical ».
« D’autres incidents sont également sous enquête », écrivent les experts, dans leur rapport qui couvre la période allant du 15 janvier au 15 mai. La Commission demande que le gouvernement syrien autorise la commission d’enquête sur les armes chimiques mises en place par le Secrétaire général de l’ONU à se rendre sur place.
Mais pour la célèbre magistrate suisse Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête, « il ne faut pas faire de ces épisodes une histoire plus grande que ce qu’elle est » en comparaison avec le nombre global de victimes du conflit.

« Crimes de guerre et crimes contre l’humanité, une réalité quotidienne en Syrie »

La Commission souligne par ailleurs que « crimes de guerre et crimes contre l’humanité sont devenus une réalité quotidienne en Syrie », citant notamment de nombreux massacres et l’usage de la torture. « Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, (…) ainsi que des violations flagrantes des droits de l’Homme se poursuivent sans relâche », a déploré le président de la Commission, condamnant l’absence totale de justice. La Commission d’enquête, qui a élaboré une liste confidentielle de noms impliqués dans des violations des droits de l’Homme en Syrie, a demandé à maintes reprises, et en vain, au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale (CPI).

La Commission d’enquête n’a toujours pas reçu le feu vert de Damas pour se rendre en Syrie. Depuis le début de son mandat en septembre 2011, elle a réalisé 1630 interviews dans la région et à Genève et enquête sur 30 allégations de massacres, dont 17 auraient été commis depuis le 15 janvier. « Je suis très surprise par la violence et la cruauté des actes criminels, surtout les actes de torture.

« Il pourrait y avoir une co-responsabilité criminelle »

Les enquêteurs ont aussi dénoncé l’envoi d’armes en Syrie, notant qu’elles pouvaient servir à commettre des crimes contre l’humanité. « Il pourrait y avoir une co-responsabilité criminelle », a averti Clara del Ponte. Les enquêteurs accusent l’armée, aidée de milices et de combattants étrangers dont le Hezbollah, de commettre des meurtres, actes de torture, viols, déplacements forcés et autres actes inhumains. « Nombre d’entre eux sont commis dans le cadre d’attaques généralisées et systématiques contre les civils », a affirmé Paulo Pinheiro.

Le rapport accuse aussi l’armée de bombarder en continu

certaines régions, et de lancer des missiles sol-sol, ainsi que des bombes à sous-munitions et thermobariques. Il indique aussi que l’armée, soutenue par les Comités Populaires, prive les villes de nourriture et de médicaments afin d’empêcher l’expansion des groupes armés et d’obliger les populations à se déplacer.

La Commission accuse également les groupes armés de l’opposition d’avoir commis des crimes de guerre, dont des exécutions extrajudiciaires ou des actes de torture, et de mettre en danger la vie de la population en disposant des objectifs militaires près de zones civiles, mais elle note une fois de plus que ces exactions n’ont pas atteint l’intensité et l’ampleur de celles commises par les forces gouvernementales et les milices qui leurs sont affiliées.

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