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Syrie: journée cruciale pour la trêve

Le Vif

La Syrie connait lundi une journée cruciale car la trêve arrive à échéance dans la soirée selon l’armée syrienne, et ses initiateurs, la Russie et les Etats-Unis, doivent décider s’ils la prolongent après un week-end sanglant.

Pendant ce temps, le canon continue de tonner à la lisière de Damas et à Deir Ezzor, dans l’est, tandis que l’acheminement de l’aide humanitaire vers les villes assiégées se fait au compte-goutte. Ainsi, rien n’était encore prévu pour approvisionner les quartiers rebelles d’Alep, pourtant une priorité absolue selon l’accord de cessez-le-feu.

« La situation est très compliquée », a résumé lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en refusant de se prononcer sur une prolongation ou non de la trêve.

Pour Moscou, allié clé du régime du président Bachar al-Assad, « l’armée syrienne est toujours la seule partie qui respecte de fait le cessez-le-feu ». « Et, a ajouté le porte-parole, il y a eu cet incident monstrueux, je veux parler de la frappe aérienne effectuée selon le Pentagone par erreur sur les positions de l’armée syrienne. Tout cela met en danger le cessez-le-feu ».

La fragilité de la situation devrait dominer les débats en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, qui s’ouvre mardi. Elle sera dès lundi au coeur des discussions du premier sommet onusien consacré aux migrations à New York.

Incertitude

Entrée en vigueur il y a une semaine après de violents combats entre le régime d’une part, les rebelles et les jihadistes d’autre part, principalement à Alep, la trêve se termine en principe lundi à 19H00 (16H00 GMT), a indiqué à l’AFP une source militaire syrienne de haut niveau.

« L’armée syrienne avait décidé un gel des combats jusqu’à dimanche soir, mais la Russie a décidé de prolonger le cessez-le-feu et il se terminera lundi soir à 19H00 (16H00 GMT) », a affirmé ce haut responsable. « Nous ne savons pas si la trêve sera prolongée par la suite », a-t-il ajouté.

La trêve en Syrie a été fragilisée après les frappes de la coalition conduite par les États-Unis contre l’armée syrienne dans la région de Deir Ezzor (est), qui ont fait au moins 90 morts dans les rangs de l’armée.

A la faveur de ce raid, les jihadistes ont réussi à s’emparer du mont Thourda, qui domine l’aéroport de Deir Ezzor tenu par le régime, selon une source militaire. Avec cette position, les jihadistes peuvent empêcher les mouvements des avions et des hélicoptères.

« L’armée a lancé une nouvelle offensive pour reprendre cette hauteur stratégique », a précisé cette source.

La coalition a affirmé avoir bombardé l’armée syrienne par erreur, mais pour la conseillère du président syrien Bachar al-Assad, Bouthaina Chaabane, « ce raid était délibéré. Tout était prémédité ». La Russie a appelé Washington à mener une enquête complète.

Aide au compte-goutte

En outre de violents accrochages ont eu lieu lundi à Jobar, un quartier périphérique de l’est de Damas. « L’armée a bloqué une offensive des rebelles et a lancé une contre attaque », a indiqué une source militaire sur le terrain.

Dimanche a été la journée la plus sanglante pour les civils depuis le début de la trêve, avec un mort à Alep lors des première frappes contre cette ville et onze autres dans le largage de barils explosifs dans la province méridionale de Deraa.

Au total en une semaine de trêve, 26 civils, dont 8 enfants, ont perdu la vie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Quant à l’acheminement de l’aide humanitaire aux villes assiégées, il se fait au compte-goutte. « Un premier convoi de l’ONU, du CICR et du Croissant rouge doit livrer lundi une aide multiple à 84.000 personnes à Talbissé », une ville rebelle ans la province de Homs, a affirmé à l’AFP David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

Un autre convoi doit se rendre à Orum al-Koubra, une localité dans l’ouest de la province d’Alep où vivent 78.000 personnes.

« Nous sommes bien sûr frustrés par le fait qu’il n’y a aucun progrès concernant Alep, et l’ONU est prête à faire son possible pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien », a précisé M. Swanson.

La Russie et les Etats-Unis se rejettent la responsabilité du non-acheminement de l’aide humanitaire à Alep, affamé par un siège, en accusant les rebelles ou le régime de ne pas vouloir reculer de la route stratégique de Castello par où doivent passer les camions chargés de vivres et de médicaments de l’ONU.

Cette aide est attendue avec impatience par les habitants, à l’instar de Mohammad Saber, qui vend des cacahouètes et des pistaches dans le quartier rebelle de Boustane al-Qasr. « Je n’ai plus rien dans mon magasin. Je l’ouvre quelques heures par jour pour passer le temps car rester chez moi me déprime. Il y un mois que je n’ai pas été livré » , se désole le commerçant, assis devant son échoppe, une cigarette à la main.

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