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Syrie: dernière chance de convaincre pour Obama avant le vote du Congrès

Le Vif

Ce lundi 9 septembre marque le retour de vacances des membres du Congrès américain, dont le vote sur une possible intervention en Syrie est déterminant. Sa crédibilité en jeu, Barack Obama ne ménage pas ses efforts pour convaincre.

Le président Barack Obama a la lourde tâche ce lundi de retourner un Congrès et une opinion publique sceptiques face au recours à la force en Syrie, où Bachar al-Assad a assuré n’être pour rien dans l’attaque chimique du 21 août.

Une guerre médiatique

Conscient de jouer à la fois la crédibilité des Etats-Unis et de sa propre présidence, Barack Obama devait lancer une offensive tous azimuts pour convaincre les élus républicains et démocrates, de retour lundi à Washington à partir de 18H00 GMT, du bien-fondé d’une nouvelle intervention militaire au Moyen-Orient pour punir le régime Assad. Il devait enregistrer pas moins de six interviews avec des chaînes de télévision devant être diffusées dans la soirée, avant de s’adresser aux Américains mardi soir depuis le bureau Ovale.

L’intégralité d’une interview accordée par le président syrien dans laquelle il nie avoir ordonné l’emploi d’armes chimiques devait être diffusée au même moment lundi soir. Le président Assad a « nié avoir quelque chose à voir dans cette attaque » chimique, a rapporté dimanche le journaliste de CBS qui l’a interviewé à Damas. Bachar al-Assad a dit: « il n’y a pas de preuve que j’ai utilisé des armes chimiques contre mon peuple », selon le journaliste Charlie Rose.
Interrogé sur ces propos rapportés d’Assad, le secrétaire d’Etat John Kerry, qui achève lundi à Londres une offensive diplomatique menée tambour battant en Europe sur le bien-fondé des frappes, a répondu que « les preuves parlaient d’elles-mêmes ».

Le ministre des Affaires étrangères syrien invité à Moscou

En parallèle, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, se rend ce lundi en Russie pour s’entretenir avec son homologue russe Sergueï Lavrov de la situation en Syrie. Moscou, soutien indéfectible du régime de Bachar al-Assad, s’oppose à toute action militaire contre Damas, comme le réclament les Etats-Unis et la France, avertissant que cela pourrait déstabiliser l’ensemble de la région. La Russie s’est aussi montrée très sceptique sur la responsabilité du régime dans l’attaque chimique menée le 21 août près de Damas. Le président russe a réclamé la semaine dernière que des « preuves convaincantes » soient présentées à l’ONU.

Walid Mouallem doit rencontrer Sergueï Lavrov à 06H00 GMT. Les deux hommes doivent tenir une conférence de presse une heure plus tard. Les pourparlers « seront centrés sur un examen complet de tous les aspects de la situation actuelle en Syrie », a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, sans donner plus de détail.

Le chef de la diplomatie syrienne a le 27 août publiquement remercié la Russie pour son soutien. « Nous remercions la Russie pour son soutien, qui sert à la fois la défense de la Syrie et sa propre défense », a-t-il dit. Sa visite intervient quelques jours après le sommet du G20 qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie, et n’a pas permis de lever le blocage entre Washington et Moscou. Vladimir Poutine a rencontré en marge du sommet le président américain Barack Obama, mais il a indiqué à l’issue de la discussion que chacun était resté sur ses positions.

Les Etats-Unis en croisade diplomatique pour se passer de l’ONU

Les Etats-Unis ont malgré tout poursuivi ce week-end en Europe leur offensive diplomatique pour justifier des frappes contre la Syrie. La Russie, qui soutient le régime de Damas depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans et demi, a bloqué jusqu’ici avec la Chine toute décision au Conseil de sécurité de l’ONU qui viserait à prendre des sanctions ou à lancer une action punitive contre le président Assad.

La dernière visite de Walid Mouallem à Moscou remonte à février. Il avait à l’époque déclaré que Damas était prêt à discuter avec tous ceux qui voulaient le dialogue, y compris les groupes armés. La coopération militaire entre Moscou et Damas, dont les étroites relations datent de l’époque soviétique, s’est poursuivie en dépit de la guerre civile, suscitant les critiques des Occidentaux. Vladimir Poutine a toutefois révélé la semaine dernière que les livraisons à la Syrie de missiles S300, des systèmes d’armes perfectionnés équivalents du Patriot américain, avaient été suspendues.

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