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Syrie: Bachar el-Assad, le serein

Le Vif

L’homme à la tête de la Syrie a hérité du sang-froid de son père et mène une vie « quasi normale », tandis que la communauté internationale semble se préparer à attaquer son pays.

Serein et déterminé. Le président syrien Bachar al-Assad renvoie l’image d’un homme sûr de lui, alors qu’il affronte le plus grand défi de son règne en Syrie.

Alors que son pays est menacé par une intervention militaire extérieure, « le président continue normalement ses activités et reçoit ses conseillers. Vous ne verrez pas chez lui de trace de fatigue, de lassitude ni de stress. Il cherche à montrer qu’il maîtrise la situation », explique un homme d’affaires syrien, en contact avec des cercles dirigeants du pays. « Au palais présidentiel, tout est calme et le travail se déroule normalement. Il n’y a aucune trace de nervosité. Il en va de même à l’état-major. »

« Innocent », il ira jusqu’au bout

Bachar el-Assad, 47 ans, ophtalmologue de formation, a hérité de son père Hafez le poste de chef de l’État après la mort de son frère aîné Bassel. Déterminé, il l’est depuis les premières heures de son règne et a affirmé plusieurs fois qu’il ne lâcherait pas prise. En tout cas pas avant la fin de son mandat en 2014. Au fil d’une révolte qui s’est militarisée, faisant plus 100 000 morts, le caractère de cet ancien timide s’est affirmé.

Selon un diplomate européen, qui fait la navette entre Beyrouth et Damas, « le président assure à ses interlocuteurs qu’il est innocent des accusations portées contre lui », en référence à l’attaque à l’arme chimique du 21 août imputée à ses troupes près de Damas. Pour lui, « les menaces de frappes occidentales sont la preuve qu’il s’agit d’un complot international avec Israël à la manoeuvre ».
Pour cet observateur, Bachar el-Assad compte « faire vibrer la fibre nationaliste et grégaire en insistant sur l »agression’ de l’Occident contre le monde arabe et en se présentant comme une victime ».

Assad, le « boss »

Selon un expert de la Syrie qui ne veut pas être identifié car il se rend régulièrement à Damas, « il a hérité le sang-froid de son père, mais peut être pas sa prudence, s’il a vraiment donné l’ordre d’utiliser des armes chimiques au moment où des inspecteurs de l’ONU se trouvaient dans le pays ». « Il est beaucoup plus le ‘boss’ qu’avant, même s’il ne peut pas agir sans l’appui de l’appareil militaire et sécuritaire », estimait récemment Nikolaos van Dam, diplomate néérlandais auteur du Combat pour le pouvoir en Syrie: confessionnalisme, régionalisme et tribalisme en politique 1961-1994. « Il écoute ses quelques conseillers mais il prend seul les décisions », ajoute un analyste à Beyrouth sous couvert de l’anonymat.

« Fini l’homme gauche, mal à l’aise, riant d’un air gêné comme ce fut le cas lors de son intervention au Parlement fin mars 2011. Aujourd’hui, il est bien plus sûr de lui et a plus de prestance », explique l’homme d’affaires.

Une vie « quasi-normale »

Une personne qui fréquente le couple présidentiel affirme que leur vie est « quasi-normale ». « Sa femme Asma s’occupe beaucoup de la construction du musée pour enfants au centre de Damas et ils passent aussi beaucoup de temps avec leurs deux fils et leur fille ».
« Seul changement ces dernières semaines, ils ne dorment pas toujours au même endroit pour éviter d’être la cible de bombardements », selon elle. « Je pense que les mesures de précaution doivent encore être plus grandes aujourd’hui même si les Occidentaux ont dit que l’objectif n’était pas son renversement », ajoute une amie du couple.

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