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Syrie : Assad peut tomber « à n’importe quel moment »

Le chef de la Ligue arabe a estimé lundi que le régime syrien pouvait tomber « à n’importe quel moment » face une opposition qui progresse, et a appelé la communauté internationale à ne plus se contenter de prôner un « processus » sans paix réelle dans le conflit israélo-palestinien.

« Cela peut arriver à n’importe quel moment », a déclaré Nabil al-Arabi dans un entretien à l’AFP, interrogé pour savoir quand le régime de Damas pourrait être amené à disparaître. « Aujourd’hui il y a des combats dans Damas », et après vingt mois de violences dans ce pays « je pense qu’il va se passer quelque chose bientôt. Les faits sur le terrain montrent très clairement que l’opposition syrienne progresse politiquement et militairement. Elle progresse chaque jour », a-t-il ajouté, interrogé au siège de la Ligue au Caire.

Il a également estimé que la nouvelle Coalition de l’opposition syrienne, qui s’est créée en novembre à Doha et a décidé de s’installer dans la capitale égyptienne, « allait de l’avant ».

« Nous sommes en contact avec eux et nous les rencontrons tout le temps », a-t-il ajouté, alors que la Syrie de Bachar al-Assad est suspendue de l’organisation panarabe.

Interrogé sur une contagion du conflit syrien à des pays voisins, il a estimé que « la possibilité est là, on ne peut pas l’exclure ». M. Arabi a également déploré que le soutien de la Russie à Damas empêche l’ONU d’avancer sur ce dossier, mais a estimé que la Chine, qui soutient elle aussi le régime syrien au Conseil de sécurité, pourrait évoluer: « les déclarations que font les Chinois montrent qu’ils sont plus souples ».

Interrogé sur le rôle de l’Iran, considéré comme le plus ferme soutien de Bachar al-Assad dans la communauté internationale, il a estimé que Téhéran n’était en réalité « pas si influent que cela ».

Sur le dossier israélo-palestinien, M. Arabi se montre très critique envers le Quartette international (ONU, UE, USA, Russie) sur le Proche-Orient, appelant à tourner la page d’une formule qui selon lui privilégie un « processus » sans résultats. « Ce que je veux c’est parvenir à la paix, une paix qui soit juste, pas un processus ».

A titre personnel, il a assuré ne pas utiliser l’expression « processus de paix », qui dans le cas israélo-palestinien revient selon lui à un « processus et pas de paix ». Le Conseil de sécurité de l’ONU se borne à dire « qu’il faut davantage de commissions pour suivre tout ça, derrière des portes fermées, sans que l’on sache ce qui se passe, et dans les faits il ne se passe rien. C’est ça le Quartette », a-t-il dit.

Le Quartette international pour le Proche-Orient, qui a pour émissaire l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, a été lancé en 2002 mais les discussions de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne sont aujourd’hui au point mort.

M. Arabi a indiqué qu’il allait proposer que les Arabes « disent qu’ils ne veulent plus de tout cela ». « Tout cela va être examiné, et j’espère que les choses vont changer », a-t-il dit, en souhaitant que les pays arabes exigent du Conseil de sécurité l’application de la résolution 242 sur le retrait israélien des territoires occupés, au moment où Israël annonce des projets de nouveaux logements dans des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. « Si le Conseil de sécurité ne prend pas ses responsabilités, nous pourrions demander une conférence internationale » pour régler ce conflit, a-t-il dit.

Diplomate et juriste international, Nabil al-Arabi, 76 ans, a notamment fait partie de l’équipe égyptienne qui a négocié la paix avec Israël en 1978-79.

Il a été ministre des Affaires étrangères après la chute de Hosni Moubarak en février 2011, puis a été nommé à la tête de la Ligue arabe en mai de la même année.

Le Vif.be, avec Belga

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