Douma, le 7 février 2018 © Reuters

Syrie: 210 morts en quatre jours dans un fief rebelle, bombardé de manière incessante par le régime

Les avions du régime en Syrie ont déversé jeudi leurs bombes sur le fief rebelle de la Ghouta orientale, où plus de 200 civils ont péri en quatre jours de frappes incessantes, l’un des bilans les plus meurtriers dans cette région en sept ans de guerre.

D’une rare intensité, ces bombardements ont touché depuis lundi diverses localités de la vaste région de la Ghouta orientale où sont assiégées quelque 400.000 personnes depuis 2013, alors que la communauté internationale reste impuissante face à ce conflit dévastateur.

Hostiles au régime de Bachar al-Assad, soutenu militairement par la Russie, les Etats-Unis ont dit « soutenir » l’appel de l’ONU à une trêve en affirmant que les attaques contre les civils « doivent cesser immédiatement ».

Sur un autre front de la guerre, la coalition internationale menée par Washington a affirmé avoir tué au moins 100 combattants prorégime dans l’est syrien en riposte à une attaque contre ses alliés dans le combat antijihadistes. Le régime syrien a qualifié ces frappes de « crime de guerre ».

Dans ce contexte de regain de violence meurtrière, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir jeudi à huis clos pour discuter d’une trêve humanitaire d’un mois réclamée par les représentants d’agences de l’ONU selon lesquelles plus de 13 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre en Syrie.

Entretemps, les civils continuent de payer un lourd tribut dans cette guerre déclenchée le 15 mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques avant de se complexifier avec l’implication de puissances étrangères et de groupes jihadistes.

Depuis lundi, 211 civils dont 53 enfants ont péri dans le déluge de feu déversé par le régime sur la Ghouta orientale, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Des centaines d’autres ont été blessés alors que secouristes et médecins sont débordés.

Jeudi, 58 civils ont péri sous les bombes de l’armée de l’air qui poursuivait ses frappes sur plusieurs localités de cette vaste région proche de Damas, a précisé l’ONG. Parmi eux, 21 sont morts dans la localité d’Arbine et 19 dans celle de Jisrine.

Quatre pires journées

Selon des témoins, la situation est catastrophique dans la Ghouta orientale, alors que le conflit a fait depuis son déclenchement plus de 340.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes. « Il s’agit des quatre pires journées qu’ait connues la Ghouta orientale » depuis le début de la guerre en 2011, a déclaré à l’AFP Hamza, un médecin qui traitait des blessés dans une clinique d’Arbine. « La Ghouta n’a jamais été la cible de bombardements aussi intensifs ».

Il a décrit des enfants en état de choc transportés à la clinique et qui, malgré leurs blessures, ne pleuraient même pas. « Comme médecin, la chose la plus difficile est de devoir secourir vos proches, vos collègues et vos voisins », a-t-il lâché.

A Jisrine, des bombes sont tombées près d’une école, sur un marché et près d’une mosquée, selon un correspondant de l’AFP sur place. Des secouristes ont ensuite accouru pour sortir trois enfants et une femme des décombres.

Dans cette même localité, un homme portant sa fille blessée s’est précipité vers une ambulance de la Défense civile, au milieu des gravats et de la poussière. Non, loin les dépouilles de deux petites filles reposaient sur le sol.

Selon l’agence officielle Sana, deux civils ont péri à Damas dans des tirs d’obus, dans une apparente riposte des rebelles.

100 combattants prorégime tués

Les violences on également fait rage dans l’est de la Syrie, où la coalition internationale a mené dans la province de Deir Ezzor des frappes contre des combattants alliés au régime pour repousser une attaque contre le QG des Forces démocratiques syriennes (FDS), ses alliés, selon un responsable du commandement militaire américain pour le Moyen-Orient.

Des conseillers de la coalition se trouvaient sur les lieux au moment de l’attaque dans la région de Khasham, a-t-il précisé. « Nous estimons que plus de 100 membres des prorégime ont été tués » dans les frappes et les combats avec les FDS et les forces de la coalition.

Ces combats, parmi les plus meurtriers entre les deux camps, ont eu lieu sur fond de tensions croissantes entre le régime syrien et les Etats-Unis qui l’accuse de recourir aux armes chimiques.

Deux offensives distinctes contre les derniers combattants du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie ont lieu à Deir Ezzor: l’une menée par les forces du régime et leurs alliés et l’autre par les FDS aidées de la coalition.

Enfin, la Turquie, dont l’armée mène une offensive dans le nord syrien frontalier contre une force kurde qualifiée de « terroriste », a annoncé qu’elle allait accueillir à une date non précisée un sommet avec la Russie et l’Iran, un autre allié du régime syrien.

Crime de guerre

Dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies et au président du Conseil de sécurité de l’ONU, le ministère syrien des Affaires étrangères a souligné que « cette nouvelle agression constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité et confirme la nature ignoble des intentions américaines à l’égard de la Syrie et de sa souveraineté ».

Cette opération menée dans la nuit de mercredi à jeudi a été déclenchée par une attaque du régime contre le QG des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde alliée de Washington dans la lutte antidjihadistes.

Ces frappes interviennent sur fond de tensions croissantes entre Damas et Washington, les Etats-Unis accusant le régime syrien d’avoir utilisé des armes chimiques dans ces attaques contre des zones rebelles, notamment à Idleb (nord-ouest) et dans la Ghouta orientale, à l’est de Damas.

Elles ont lieu également au moment où le régime bombarde, avec une intensité inédite depuis lundi, une enclave rebelle près de Damas, où 211 civils, dont 53 enfants ont péri en quatre jours, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

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