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Strauss-Kahn visé par une nouvelle enquête

Rien à voir cette fois-ci avec une affaire de moeurs. L’ancien élu de Sarcelles est visé par une plainte pour « faux et usage de faux » au sujet d’une affaire de créances au Congo survenue lorsqu’il était à la tête du FMI.

Dominique Strauss-Kahn est de nouveau dans l’oeil de la justice. Pas pour des affaires de moeurs, mais pour une plainte visant son activité à la tête du FMI. Celle-ci a été déposée par un entrepreneur cannois auprès du tribunal de Grasse. La justice devra trancher si Dominique Strauss-Kahn en sa qualité d’ex-directeur du FMI a commis des malversations autour de l’annulation de la dette du Congo en 2010.

La procédure a été ouverte le 25 mai pour « faux et usage de faux » et « falsification de certificats », a précisé une source judiciaire vendredi à l’AFP, confirmant des informations de Nice-Matin, sans en dire davantage sur ce qui pourrait éventuellement être reproché à Dominique Strauss-Kahn.

L’affaire touche aux conditions dans lesquelles la dette du Congo fut effacée en 2010 dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Une des conditions de cet effacement était que l’Etat africain règle, au préalable, des dettes commerciales privées, dont celle du plaignant. Or, selon lui, des documents falsifiés au FMI auraient conduit à ce que sa créance passe à la trappe.

Selon une source proche du dossier, « on soupçonne une complaisance à l’égard du pouvoir congolais. Il y a des anomalies pour lesquelles il n’y a jamais eu d’explication de fournie ». « A partir de là, toutes les hypothèses sont ouvertes. Mais le dossier pose un problème d’imputabilité. Le directeur du FMI a une immunité, qui ne couvre pas tous les agents et décideurs de l’institution ».

Interrogé par l’AFP, le FMI a répondu qu’il n’était pas au courant et allait consulter son service juridique. L’histoire démarre en 1987, quand Serge Berrebi, le plaignant, est évincé d’un complexe avicole à Pointe-Noire, qu’il avait relancé en partenariat avec l’Etat. S’ensuit un litige. En 1992, un protocole d’accord prévoit que le Congo lui verse un milliard de francs CFA (10 millions de francs). Mais après avoir payé environ six millions de francs, le Congo s’arrête, tandis que les intérêts courent.

Des créances qui diminuent de moitié, comme par magie

Le 8 novembre 2000, la cour d’appel d’Aix-en-Provence condamne le pays africain à verser le solde, qui s’élève alors à plus de quatre millions d’euros. Rien n’y fait, et le litige perdure jusqu’à l’annulation de la dette du Congo par le Club de Paris et la France en 2010. C’est « dans les dernières négociations de l’Etat congolais pour atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE » que des malversations auraient eu lieu, selon M. Berrebi, dont la créance atteint à l’époque 11 millions d’euros. Le plaignant en veut pour preuve des tableaux du FMI qui détaillent l’état des contentieux commerciaux privés du Congo à cette période.

Dans ces documents, des changements interviennent en effet d’une année sur l’autre: la créance envers Berrebi, présentée en 2008 comme ayant fait l’objet d’un jugement définitif et s’élevant à 12,7 millions de dollars, apparaît en 2009, juste avant l’effacement de la dette, comme faisant toujours l’objet d’une procédure judiciaire, pour un montant réduit de moitié.

Fin 2009, Me William Bourdon, qui défend alors Serge Berrebi, écrit à Dominique Strauss-Kahn au FMI pour dénoncer « des déclarations erronées » concernant son client, fondées « uniquement sur la parole des autorités congolaises ».

L’entrepreneur demande, lui, au FMI de traiter tous les créanciers privés du Congo de la même façon, ce qu’on lui assure en retour. Mais contrairement à d’autres, il n’a toujours pas été payé.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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