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Soudan : un premier état des lieux du scrutin

Depuis dimanche, et jusqu’à ce jeudi, se déroulent au Soudan, le plus grand pays d’Afrique, des élections présidentielles, législatives et régionales, les premières depuis 24 ans.

Le scrutin au Soudan est sensible vu la personnalité du président sortant, Omar el Béchir, inculpé pour crimes de guerre et contre l’humanité par la Cour pénale internationale, et vu la poursuite du conflit entre Khartoum et les rebelles dans les provinces occidentales du Darfour.

Des dysfonctionnements, a priori techniques, ont contraint la Commission électorale à prolonger le scrutin (à l’origine, il devait se clôturer mardi) et à « geler » le vote dans un nombre très réduit de circonscriptions (une vingtaine sur 400). L’eurodéputée socialiste belge Véronique De Keyzer dirige la mission d’observation électorale de l’Union européenne. Mercredi, elle a fait pour Le Vif/L’Express un premier état des lieux du scrutin.

Quel sentiment retirez-vous de vos observations de terrain ?

Véronique De Keyzer : Je ne peux pas encore fournir de résultats définitifs. Nous publierons notre rapport, samedi. La situation a été relativement calme jusqu’à présent. Le boycottage du scrutin par les partis d’opposition y a peut-être contribué. Des points de tension ont été enregistrés là où le scrutin représentait un enjeu, parfois régional.

Dans le Sud, l’enjeu est surtout la tenue du référendum d’autodétermination prévu en janvier 2011.

L’accord de paix de 2005 impose que des élections s’y déroulent avant le référendum. Nous y avons observé un engouement des électeurs. Mais l’absence de routes, par exemple, a compliqué l’acheminement du matériel électoral. Il y a eu des erreurs dans la distribution des bulletins de vote. Beaucoup de gens ne savaient pas non plus où ils devaient voter. Ce qui a obligé certains à se rendre dans 7 ou 8 bureaux de vote, en parcourant de longues distances.

Pourquoi avez-vous retiré vos observateurs du Darfour ?

Pour mener à bien notre mission d’observation, nous devions pouvoir nous rendre dans un échantillonnage correct d’endroits. Or, pour des raisons de sécurité, nous ne pouvions déployer nos observateurs que dans les « capitales » des trois Etats de la région. En outre, des déplacés des camps, 10 % seulement ont pu être enregistrés comme électeurs.

Que dites-vous à vos détracteurs qui vous accusent d’apporter par votre seule présence une caution au régime ?

Quand des partis d’opposition ont annoncé leur boycott, nous nous sommes posé la question de notre maintien ou de notre départ. Ces mêmes partis nous ont demandé de rester pour témoigner. Par honnêteté vis-à-vis des Soudanais, nous devions rester. Nous sommes des témoins impartiaux qui travaillons dans des conditions difficiles.

G.P.

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