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Soudan du Sud, un an d’indépendance et de tensions

La plus jeune nation du monde a fêté son premier anniversaire sans faste. L’année est marquée par les tensions avec le Soudan voisin, les conflits interethniques et les scandales de corruption

Il y a un an, le Soudan du Sud proclamait son indépendance. La « plus jeune nation du monde » célèbre donc ce lundi le premier anniversaire de son indépendance, en présence de dirigeants étrangers, mais en l’absence notable de représentants de haut niveau du Soudan. Les relations avec le voisin du Nord restent très tendues après des combats frontaliers au printemps.

Parmi les invités figurent le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping et le président en exercice de l’Union africaine Boni Yayi.

Selon le programme officiel, aucun responsable soudanais de premier plan n’est attendu dans la capitale sud-soudanaise, Juba, contrastant avec la présence il y a un an jour pour jour du président soudanais Omar el-Béchir, chaleureusement accueilli à Juba pour assister aux célébrations marquant la partition du Soudan.

La guerre pour le pétrole La foule a convergé dès l’aube dans le centre de la capitale vers le mémorial John Garang, chef historique de la rébellion sudiste, mort en 2005 dans un accident d’hélicoptère suspect.

Le début des cérémonies officielles – prières, parade militaire et discours – était prévu en fin de matinée, mais la fête a commencé dès minuit dans les rues, où des concerts de klaxons ont marqué le 1er anniversaire de la séparation après près d’un demi-siècle de guerres civiles ayant fait plusieurs millions de morts.

« C’est un grand jour, parce que c’est le premier anniversaire de mon pays », a expliqué Rachel Adau, une infirmière, arrivée dès l’aube, afin d’être sûre d’avoir une place, non loin de troupes de danseurs s’échauffant dans une cacophonie de sifflets, tambours, maracas, you-yous et cris.

« Aujourd’hui, nous célébrons le jour où le peuple s’est libéré de la domination des Arabes », explique Michael Kenyi Benjamin, un étudiant, en référence au pouvoir arabo-musulman honni de Khartoum.

Cette première année d’existence a été particulièrement difficile, marquée par des tensions graves avec l’ancien dominateur soudanais, notamment sur le transport des hydrocarbures: si 75% des gisements se trouvent au Soudan du Sud, les pipelines, du fait de l’enclavement du Sud, passent par le Nord. Résultat, le président Salva Kiir à décidé de fermer le robinet en janvier dernier, privant le jeune Etat de 98% de ses revenus. Le différend à la fois pétrolier et frontalier avec le Nord a débouché sur de violents combats et une situation de guerre larvée avant que les deux pays ne retournent à la table des négociations fin mai.

Tout reste à construire

Malgré la joie affichée, l’euphorie de la célébration de l’indépendance, le 9 juillet 2011, a laissé place un an plus tard à la dure réalité. Le vice-président, Riek Machar, a admis que les autorités n’avaient pas satisfait les attentes de la population, attribuant cet échec « aux difficultés imprévues (…) rencontrées ».
Administration, infrastructures, services de base: tout reste aujourd’hui à construire dans un pays parti quasiment de zéro, Khartoum n’ayant jamais développé la région et handicapé par une corruption endémique.

La population adulte est illettrée à 73%, le taux de scolarisation dans le secondaire est d’à peine 6%. Une Sud-Soudanaise a statistiquement plus de chances de mourir en couches que de terminer des études secondaires.

« La paix, pour travailler ensemble »

« Il n’y a eu que peu de changements, mais ça ne peut pas changer si vite, cela va changer doucement, doucement », assure Rachel Adau, l’infirmière. « Dans l’année à venir, de bonnes choses vont arriver (…) J’espère qu’elles arrivent ».

Des violences tribales dans plusieurs parties du pays ont également fait naître des craintes pour l’unité du Soudan du Sud.
« Tout ce dont nous avons besoin au Soudan du Sud, c’est la paix. Et si nous avons la paix nous pourrons travailler ensemble, » estime l’un des danseurs Bandere Sangeli Santos.
« Nous avons beaucoup combattu dans le maquis (…) on ne veut plus de guerre », ajoute-t-il.

Dimanche, dans un message de félicitations, Washington a souligné les « défis importants » auxquels fait face le jeune pays, rappelant que les combats et les difficultés économiques « menaçaient les fondations mêmes sur lesquelles le Soudan du Sud doit bâtir son avenir ».

LeVif.be avec L’Express

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