Patrick Dupriez

Sortir du système Caterpillar et BahamaLeaks, pour une économie par et pour les citoyens

Patrick Dupriez Président d'Etopia, Centre d’animation et de recherche en écologie politique

Ce 1er septembre, la Belgique s’est réveillée avec une gueule de bois comme elle en connaît tous les deux, trois ans : un directeur financier à la J.R. Ewing, dépêché de Peoria (Etats-Unis), annonçait la fermeture du site de Gosselies du groupe Caterpillar.Au-delà des 2.200 familles directement ravagées, ce sont quelque 4.000 emplois indirects qu’il faut ajouter à la liste des victimes collatérales de cette décision.

Pourtant, quelques jours plus tôt, un conseil d’entreprise de la société Caterpillar, concluait que tous les indicateurs de performance productiviste étaient largement dans le vert et que le site de Gosselies dégageait des bénéfices.

Là n’est donc pas le problème. Entre 2012 et 2015, les rendements du groupe Caterpillar ont augmenté de 50 % tandis que l’emploi était amputé de 15 %. L’unique préoccupation du groupe consiste en fait à générer toujours plus de rendements pour ses actionnaires, en particulier pour les 10 investisseurs institutionnels qui possèdent près de 40 % de ses capitaux. Cette volonté de satisfaire la cupidité des financiers est encore à l’origine de la suppression par Caterpillar de 10.000 emplois dans le monde entre 2015 et 2018 et force est de constater que la Wallonie paie un lourd tribut à cette stratégie puisqu’elle compte un quart des employés sacrifiés dans le monde.

Sortir du système Caterpillar et BahamaLeaks, pour une économie par et pour les citoyens
© Belga Image

La décision de fermer le site de Caterpillar-Gosselies est d’autant plus insupportable qu’elle fut prise à des milliers de kilomètres par une maison-mère qui n’a même pas mandaté sa direction locale pour entamer de sérieuses négociations avec les représentants des travailleurs. Cette direction a d’ailleurs infligé un camouflet aux députés belges en refusant par deux fois de se présenter devant eux pour s’expliquer. Mais faut-il s’étonner du mépris affiché à l’égard des élus du peuple alors que la maison-mère est, elle-même, en indélicatesse avec le gouvernement américain pour ses pratiques d’évasion fiscale ?

Le cas de Caterpillar Gosselies n’est pas un cas isolé mais il rappelle explicitement qu’ « avec Caterpillar, on touche aux limites du système

Le cas de Caterpillar Gosselies n’est pas un cas isolé mais il rappelle explicitement – si besoin était – que, pour reprendre les termes du Premier ministre, « avec Caterpillar, on touche aux limites du système ». Ceux-là même qui vantent sans relâches les mérites du capitalisme et du « laisser-faire » (sans jamais s’interroger sur laisser-faire qui, quoi et à quelles fins ?) s’adonnent soudain au football panique et semblent avoir momentanément perdu leurs repères…

Pour les écologiste, il est plus que jamais nécessaire de remettre à plat les fondements de notre modèle économique et de concevoir « une économie par et pour les citoyens ». De nombreux faiseurs d’opinion et décideurs préfèrent se vautrer dans le confort intellectuel du TINA (There Is No Alternative) en faisant obstacle à l’émergence de nouvelles idées et pratiques. Mais, malgré leurs résistances, des citoyens, des associations, des chercheurs et des entreprises développent des modèles économiques en rupture avec celui qui est pratiqué par Caterpillar et ses pairs. Ceux-là n’ont pas attendu le politique pour avancer, inventer, expérimenter un autre modèle économique… Il faut à présent rendre visible ce qui a fonctionné aux quatre coins de l’Europe à petite échelle (d’abord) pour essaimer ces idées de sorte que partout puisse émerger et se connecter des projets et des entreprises qui redonnent espoir. Oui, il existe une alternative, et même plusieurs et elle est en marche !

L’enjeu n’est pas qu’économique. Il s’agit aussi d’ouvrir un horizon et d’offrir des perspectives aux jeunes européens qui font face à un chômage endémique, aux entrepreneurs à venir et aux PME prêtes à investir, sans oublier les collectivités territoriales qui sont invitées à proposer une vision claire de leur avenir et à reprendre la main sur leur développement dans un monde interconnecté où les décisions semblent se prendre ailleurs.

Il faudra donc s’aventurer hors les prescriptions des manuels d’économie. Il faudra s’affranchir de l’hégémonie culturelle du tout-au-productivisme. Il faut sans plus attendre passer de l’expérience locale au projet de territoire et du projet de territoire à la transition écologique de l’ensemble de notre société. C’est à dire mettre en oeuvre au profit de tous un modèle économique qui réduise drastiquement l’empreinte écologique des activités humaines.

Notre conviction enthousiaste est que ce changement de paradigme constitue une véritable opportunité pour redynamiser nos sociétés et revigorer nos démocraties.

« Une économie par et pour les citoyens » : un horizon pour l’Europe à construire en valorisant et connectant les multiples initiatives menées un peu partout pour transformer l’économie, la rendre plus durable et davantage centrée sur les la qualité de vie de tous.

Les Verts européens en collaboration avec Ecolo et Groen organisent 2 journées d’étude les 30 septembre et 1er octobre sur le thème « Une économie par et pour les citoyens » dont l’objectif est de faire le point sur les multiples initiatives menées un peu partout en Europe pour transformer l’économie, la rendre plus durable et davantage centrée sur les citoyens. Information et inscription : https://europeangreens.eu/people-economy

Les Verts européens en collaboration avec Ecolo et Groen organisent 2 journées d’étude les 30 septembre et 1er octobre sur le thème « Une économie par et pour les citoyens » dont l’objectif est de faire le point sur les multiples initiatives menées un peu partout en Europe pour transformer l’économie, la rendre plus durable et davantage centrée sur les citoyens.

Information et inscription : europeangreens.eu/people-economy

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