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Sommet franco-italien : vers une réforme de Schengen ?

Ce matin s’est tenu le 29e sommet franco-italien dans des circonstances conflictuelles. Les points abordés ont pourtant débouché sur des accords.

Débordée dans sa gestion de l’arrivée de milliers (plus de 20.000) de migrants tunisiens sur son territoire depuis janvier, l’Italie avait fini par leur délivrer un permis de séjour de six mois. Celui-ci leur permettait de circuler librement et légalement sur le sol européen. Redoutant les conséquences directes de cette décision, la France a rapidement invoqué le risque de trouble à l’ordre public. Elle a donc exercé de nombreux contrôles dans ses trains afin d’éviter au maximum que ces migrants franchissent sa frontière. Tel a été le point de départ des discordes entre Rome et Paris.

Un sommet fructueux

La rencontre des deux parties dans la « Villa Madama » (à Rome) avait pour objectif de trouver des points d’accord. Un pari ambitieux, mais réussi : face aux autorités européennes, le Président français N. Sarkozy et le Premier ministre italien S. Berlusconi parlent désormais d’une même voix. La conférence de presse qui a suivi le sommet a révélé le contenu de leur réconciliation.

Trois points d’accord


En premier lieu, ils sont tombés d’accord sur la nécessité de réformer le traité de Schengen. Silvio Berlusconi a ainsi déclaré que « personne ne saurait nier Schengen, mais dans des circonstances exceptionnelles, nous croyons tous les deux qu’il doit y avoir des modifications du traité sur lesquelles nous avons décidé de travailler ensemble ». A cette fin, ils enverront une lettre au président de la Commission européenne (José Manuel Barroso) pour demander « une plus grande collaboration » des pays européens avec les pays du sud, plus exposés que ceux du nord à la problématique de l’immigration : « ces pays ne peuvent être laissés seuls », a déclaré S. Berlusconi.

Ensuite il a été question du sort réservé à la Libye. A ce sujet, rappelons que l’Italie la possédait jadis comme colonie. Ses intérêts économiques y sont encore suffisamment importants. La France elle, souhaite y implanter des industries : une concurrence soudaine pour l’Italie. Une solution a finalement été trouvée par les deux protagonistes du sommet. Berlusconi a exprimé un « souhait commun » de créer de « grands groupes franco-italiens, italo-français, qui puissent bien se porter face à la concurrence globale ».

Enfin, Rome et Paris ont abordé la situation politique actuelle de la Syrie. La France avait déjà demandé que des mesures fortes soient adoptées à l’échelle européenne pour que « cesse l’usage de la force contre la population » selon Christine Fages, porte-parole adjointe du ministère français de la défense. A l’issue du sommet, Rome a rejoint cette position. Les deux pays adjurent, à présent de concert, le président Bachar el-Assad d' »arrêter la répression violente » envers le peuple syrien.

Un sommet qui ne démobilise ni l’opposition, ni les migrants tunisiens


Les réactions des candidats du Parti socialiste français à l’élection présidentielle de 2012 n’ont pas tardé. Benoît Hamon préfère doter « l’UE de moyens pour faire face à cette immigration exceptionnelle », plutôt que « réaménager Schengen ».

A en croire son porte-parole Olivier Bailly, la Commission européenne semble bien adhérer à une redéfinition des conditions « exceptionnelles » permettant aux Etats membres de Schengen de rétablir « temporairement » des contrôles à leurs frontières nationales.

Mathilde Perrin

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