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Six ans de bras de fer entre Julian Assange et la justice suédoise

Le Vif

Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, réfugié depuis 2012 à l’ambassade d’Equateur à Londres, est visé par un mandat d’arrêt européen émis par la Suède dans le cadre d’une enquête pour un viol présumé remontant à août 2010.

Pour la huitième fois vendredi, un tribunal suédois l’a débouté et maintenu le mandat d’arrêt européen dont l’Australien demande la levée, craignant, s’il était exécuté, d’être ensuite extradé vers les Etats-Unis pour répondre de la divulgation par Wikileaks de documents sensibles.

LES FAITS

Alors qu’il séjourne à Stockholm pour une série de conférences, M. Assange est soupçonné d’avoir, le matin du 17 août 2010, profité du sommeil d’une jeune femme d’une trentaine d’années, sympathisante de WikiLeaks, pour la surprendre et la contraindre à des rapports sexuels, sans préservatif.

Les faits, passibles de 4 ans de prison, seront prescrits le 17 août 2020.

Une enquête pour des faits présumés d’agression sexuelle commis sur une autre jeune femme quelques jours plus tôt dans la capitale suédoise a été frappée par la prescription en août 2015.

M. Assange réfute l’ensemble de ces accusations, affirmant que les deux femmes étaient consentantes, et qu’une motivation politique sous-tend les poursuites.

OU EN EST LA PROCEDURE?

En novembre 2010, la procureure suédoise Marianne Ny, qui cherche à l’entendre, émet un mandat d’arrêt européen à l’encontre de Julian Assange.

Il est arrêté le 7 décembre suivant par la police britannique. Le 19 juin 2012, après l’échec de tous ses recours pour éviter une extradition vers la Suède, l’ex-hacker se réfugie à l’ambassade d’Equateur à Londres.

S’il est tenu par un traité d’extradition avec les Etats-Unis, le petit pays d’Amérique du Sud offre sa protection aux personnes poursuivies pour crimes « de nature politique ».

Ancien consultant de l’agence de renseignements américaine NSA qui dévoila à des journalistes en 2013 les surveillances électroniques mises en place après les attentats du 11 septembre 2001, Edward Snowden a lui aussi demandé l’asile politique à l’Equateur.

Les magistrats suédois se heurtent depuis au refus catégorique d’Assange de se rendre en Suède. En mars 2015, ils acceptent finalement de le rencontrer à Londres, affirmant craindre une nouvelle prescription et l’abandon des poursuites.

Une première audition est prévue le 17 octobre à Londres. Rien n’indique pour autant qu’il sera formellement interrogé ce jour-là.

ET APRES?

Les avocats d’Assange ont annoncé vendredi, dès après le rejet de leur requête en appel, qu’ils formeraient un recours devant la Cour suprême. Celle-ci se prononce sur le respect de la procédure et non au fond. Elle peut ou non accepter d’être saisie.

Et même si l’hypothèque suédoise était levée, Assange « encourt une arrestation » à Londres pour s’être soustrait à la justice en se réfugiant à l’ambassade d’Equateur après le rejet de ses recours contre l’extradition, a rappelé jeudi un porte-parole de la police britannique.

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