Gunnlaugsson © Reuters

Sigmundur David Gunnlaugsson, la chute d’un chevalier blanc

Le Vif

Il s’était érigé en chevalier blanc des petits épargnants face aux vautours de la finance: le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson a rendu les armes mardi, accusé d’avoir rompu le contrat moral qui le liait à ses électeurs.

« L’Islande n’a pas connu les divisions de classe de façon aussi marquante que d’autres pays, et c’est l’un des avantages de vivre ici. Mais nous ne pouvons pas jurer que ce sera toujours le cas », prévenait-il le 17 juin 2013 à l’occasion de la fête nationale islandaise.

Sigmundur David Gunnlaugsson est le premier haut dirigeant emporté par les révélations de l’opération « Panama Papers », qui lève le voile sur un vaste système d’évasion fiscale à l’échelle planétaire.

Il voit sa carrière voler en éclat et son honneur entaché par des soupçons d’optimisation fiscale, lui qui avait percé en politique en se faisant le défenseur de l’Islande contre ses créanciers après la crise financière de 2008/2009.

Etoile montante du Parti du progrès dont la base électorale se rencontre dans les régions agricoles de l’île, il représentait une nouvelle génération de dirigeants vertueux, déterminés à rompre avec les pratiques douteuses qui avaient conduit à la faillite des banques et endetté les ménages.

Selon le rapport publié par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), M. Gunnlaugsson a détenu, en « violation des règles éthiques » de l’Islande, des millions de dollars dans une société écran avec son épouse Anna Sigurlaug Palsdottir, fille d’un riche concessionnaire automobile.

Il a toujours démenti avoir voulu dissimuler son patrimoine au fisc. C’est sa femme, plaide-t-il, qui a placé ces sommes – des millions de dollars – dans une société enregistré aux îles Vierges britanniques, baptisée Wintris, et elle les a systématiquement déclarées au fisc islandais.

Elle-même affirme que la présence de son mari au capital de la société jusqu’en décembre 2009, six mois après son élection au Parlement, est une erreur d’écritures…

« Sexy »

Journaliste de télévision, M. Gunnlaugsson était devenu en 2008 l’un des chefs de file d’InDefence, un groupe défendant l’opposition de l’Islande à un accord avec la Grande-Bretagne dans l’affaire de la banque Icesave.

Dans cet imbroglio diplomatico-financier, lui et d’autres ont bataillé contre les demandes de Londres, qui souhaitait faire payer à Reykjavik le remboursement d’épargnants britanniques dont les économies avaient disparu avec la faillite de cette banque islandaise.

Député de Reykjavik entre 2009 et 2013, il siège à la commission des Affaires étrangères et au sein de la délégation islandaise à l’Association européenne de libre-échange et de l’Espace économique européen.

Il est élu dans une circonscription du nord de l’île en 2013. La même année, il devient Premier ministre en 2013 et prend en 2014 le portefeuille de la Justice.

En 2015, tandis que la zone euro est en plein marasme, son gouvernement suspend la candidature de l’Islande à l’adhésion à l’Union européenne. Le puissant secteur de la pêche en Islande, allergique aux quotas européens, a l’oreille du Parti du progrès.

Né le 12 mars 1975, Sigmundur David Gunnlaugsson est tombé dans la soupe politique grâce à son père, député du même parti du Progrès. L’enfant est brillant et ira étudier à Oxford où il commencera un doctorat sans l’achever, absorbé par ses responsabilités nationales.

En 2004, ce désormais jeune quadra replet au visage poupon avait été élu troisième homme le plus « sexy » du pays.

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