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Schumacher: skier à six mètres de la piste, est-ce vraiment du hors-piste?

Le Vif

L’analyse de la caméra de Michael Schumacher a mis en avant le fait que l’ancien champion de F1 était à six mètres du bord d’une piste balisée. Cette zone peut-elle être considérée comme du hors-piste ou est-elle une « piste de fait »?

La caméra fixée sur le casque de Michael Schumacher a parlé: l’ancien champion de Formule 1 s’est grièvement blessé en tombant la tête la première après avoir heurté un rocher à une allure qualifiée de « normale » par le procureur Patrick Quincy. Reste la question de la zone dans laquelle il évoluait: d’après les images prises par la GoPro, il se trouvait entre trois et six mètres du bord de la piste bleue au moment de l’accident.

Cette circulation « à côté de piste » peut-elle être considérée comme du « hors-piste »? La question sera au coeur des débats sur une éventuelle indemnisation de l’ancien coureur automobile. Lors de sa conférence de presse, le procureur a laissé la question en suspens: Schumacher « a choisi délibérément » de sortir de la zone balisée, a indiqué le magistrat tout en s’interrogeant sur le fait de savoir si ce tronçon, très fréquemment employé au regard des nombreuses traces, pouvait être considéré comme une « piste de fait ».

La responsabilité de la station est-elle engagée?

« L’enquête devra déterminer la tolérance de l’exploitant sur cette zone, explique Me Edouard Bourgoin, spécialiste de la réparation des préjudices corporels. S’il tolère une utilisation quotidienne, sans le protéger, on ne peut pas appliquer la même législation qu’un hors-piste classique ». Dans ce cas, la responsabilité de l’exploitant pourrait être engagée : il aurait dû baliser la présence de pierre avec des filets ou des piquets jaunes et noirs.

Le balisage de bord de piste ne suffit-il donc pas?

Le procureur de Chambéry dégage la responsabilité de la station. La jurisprudence est pourtant plus floue sur le sujet. Preuve en est, la récente condamnation d’une station voisine, Courchevel. Une skieuse qui se trouvait à quelques mètres d’une piste bleue a heurté un local technique. La station a été condamnée à indemniser la jeune femme au motif que la signalisation – une cordelette à boule – n’était pas suffisante au regard du danger.
« Il ne suffit pas de planter des jalons de bords de piste pour que soit exclue la responsabilité de la station. Même en hors-piste la responsabilité de la station et celle du maire – en tant que détenteur du pouvoir de police – peut être engagée « , explique l’avocat. Selon lui, dans le cas de l’affaire Schumacher, Méribel n’a pas respecté la norme Afnor NFS 52- 102 qui précise qu’un danger sur une zone hors-piste doit être signalé par une « corde à boules, un ruban de protection ou un filet protecteur ». Un débat qui s’annonce houleux alors même que le pronostic vital du champion est encore engagé.

Par Caroline Politi

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