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« Schengen n’est pas négociable »

Les règles de Schengen, abolissant les frontières intérieures entre 26 Etats membres de l’UE, ne sont pas négociables, affirme lundi la Commission européenne. Le Premier ministre belge Charles Michel a suggéré durant le week-end que l’accord de Schengen soit adapté en réponse à l’attaque armée déjouée dans le Thalys vendredi.

En tant que droit fondamental, les règles de libre circulation garanties par l’accord Schengen sont « non-négociables », a commenté lundi un porte-parole de la Commission européenne en réaction aux propos de Charles Michel qui a évoqué une « adaptation et de nouvelles règles lors de contrôles des identités et des bagages. » Des « outils suffisants » sont disponibles au sein de l’accord Schengen pour assurer la sécurité, et l’exécutif européen encourage les Etats membres à s’en saisir, a encore précisé le porte-parole.

En ce sens, la législation européenne tolère des contrôles de sécurité supplémentaires, ainsi que la réintroduction exceptionnelle de contrôles aux frontières durant 30 jours maximum pour répondre à une menace terroriste, a-t-il illustré en réponse aux propos tenus par le Premier ministre belge.

Cependant, des contrôles de police additionnels ne peuvent pas avoir le même effet que des contrôles frontaliers, a encore précisé un porte-parole. « Le raisonnement derrière les contrôles est qu’ils doivent avoir un champ d’action qui compense la menace. »

La Commission européenne a également mis en garde contre des « conclusions hâtives » et des « réactions impulsives ». « Il ne peut y avoir des contrôles partout, pour tous les trains, tout le temps », a évoqué le porte-parole, la Commission préconisant une approche « proportionnelle ». « Démanteler Schengen n’est probablement pas la réponse à apporter », a commenté une autre source européenne, évoquant également les difficultés liées à la sécurisation des gares. « Appliquer le système de contrôle comme pour l’Eurostar est légalement envisageable mais pratiquement douteux vu la complexité pour les voyageurs. »

D’éventuelles nouvelles mesures législatives sur la sécurité, et notamment sur la sûreté des lignes de train à haute vitesse, seront probablement abordées lors d’une réunion des ministres européens des Transports prévue le 8 octobre prochain. Les discussions pourraient être nourries par les travaux déjà menés au sein d’un groupe technique établi depuis 2012 et réunissant des représentants de la Commission européenne, des Etats membres et de l’industrie.

« La Commission européenne fait preuve de disponibilité technique et politique pour avancer sur ce sujet et manifeste de la sorte sa volonté d’avancer », a encore précisé le porte-parole.

Sur l’attaque déjouée en elle-même, la Commission européenne a fermement condamné ces actes et fait part de son soutien aux autorités belges et françaises. « Il y a une dimension européenne et transfrontalière qui appelle à une réponse commune. La Commission est déterminée à aider les Etats membres dans cette lutte contre la menace posée par le terrorisme », a commenté le porte-parole.

Le MR est favorable à un débat sur l’approfondissement de Schengen

Le MR est favorable à un débat sur l’approfondissement des règles de l’espace Schengen, a-t-on indiqué lundi au siège du parti après les critiques exprimées par l’opposition sur les déclarations du premier ministre Charles Michel. « En tant que libéraux, nous sommes tout à fait favorables à la libre circulation dans l’espace européen mais la libre circulation des personnes, ce n’est pas la libre circulation des personnes en possession d’armes illégales », a souligné le porte-parole.

Le MR veut mener plus particulièrement un débat sur la question des contrôles. « François Hollande, tout socialiste qu’il est, est également favorable au renforcement d’un contrôle aux frontières », a-t-on fait remarquer.

Le MR envisage aussi une politique préventive qui pourrait passer par une forme de plan « vigipirate ». En France, ce dispositif de vigilance, de prévention et de protection est permanent, placé sous l’autorité du Premier ministre et associe tous les acteurs du pays. Il s’applique aux grands domaines de la société: transport, santé, réseau d’énergie, etc.

Les Réformateurs rejettent par ailleurs les reproches d’un appauvrissement budgétaire en matière de renseignement et de sécurité. Le budget de la Sûreté de l’Etat a été augmenté de 25%, rappellent-ils, et une enveloppe de 200 millions d’euros a été prévue pour les investissements en matière de sécurité. Par ailleurs, au mois de janvier, à la suite de l’action anti-terroriste à Verviers, 12 mesures ont été prises. Avant les vacances parlementaires, la Chambre a d’ailleurs voté les projets de loi qui les concrétisent.

Des parlementaires néerlandais en faveur de l’annulation de l’accord de Schengen

Certaines voix au sein du parlement néerlandais sont favorables à l’annulation de l’accord de Schengen, à la suite de l’attaque déjouée dans un train Thalys vendredi.

Geert Wilders, le chef de file du parti d’extrême droite néerlandais PVV (Parti pour la liberté) plaide de longue date pour l’annulation de l’accord de Schengen, qui octroie aux citoyens européens la liberté de circulation entre les 26 Etats membres signataires. Geert Wilders souhaite que les contrôles à la frontière néerlandaise soient réintroduits.

Mais désormais le parti VNL, VoorNederland, formé par les anciens députés PVV Louis Bontes et Joram van Klaveren, souhaite dénoncer Schengen. Dans une question écrite au Premier ministre néerlandais Mark Rutte et au ministre des Affaires intérieures Bert Koenders, ces derniers surfent sur les propos du Premier ministre belge évoquant l’adaptation des règles Schengen. Selon le parti VNL, cela se justifierait pour faire face « au terrorisme croissant et à la problématique de l’asile. »

Le député néerlandais Peter Oskam, du parti chrétien démocrate CDA, a en revanche déclaré qu’il ne voulait pas abandonner Schengen mais souhaitait accorder plus de pouvoir aux forces de police pour contrôler les régions frontalières. Les règles européennes sont interprétées de manière trop stricte selon ce parti qui déplore que la poursuite de la criminalité transfrontalière, du terrorisme et de l’illégalité en soit rendue compliquée. A l’heure actuelle, la police néerlandaise peut au maximum contrôler deux trains par jour et par trajet, mais M. Oskam souhaiterait que cette limite soit revue à la hausse.

La députée socialiste Sharon Gesthuizen pense quant à elle que la réintroduction de contrôles frontaliers n’est pas une solution en soi. Selon elle, il serait plus sage que les services de sécurité soient mieux dotés de sorte à détecter et surveiller à temps les personnes radicalisées, pour les empêcher de commettre des attentats. Elle recommande en outre une meilleure collaboration des services de sécurité.

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