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Schengen : la France et l’Allemagne bloquent la Bulgarie et la Roumanie

La France et l’Allemagne ont décidé mardi de bloquer pour des raisons de sécurité l’entrée à court terme de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen sans frontières, marquant ainsi une volonté de mieux maîtriser dorénavant l’élargissement de l’UE.

Les ministres français et allemand de l’Intérieur, Brice Hortefeux et Thomas de Maizière, ont informé la commissaire Cecilia Malmström de leur décision dans une lettre dont l’AFP a eu copie. Les deux ministres jugent « prématuré » d’autoriser l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen en mars 2011.

Ils insistent sur les carences que ces deux pays ont montrées en matière de lutte anticorruption et de lutte contre la criminalité organisée. La Commission a rappelé n’avoir aucune influence sur cette décision, qui exige l’unanimité des gouvernements de l’UE. Les positions exprimées par Paris et Berlin signifient donc de facto le blocage de l’adhésion des deux candidats. Le président roumain Traian Basescu a aussitôt dénoncé « un acte de discrimination » à l’égard de son pays. Les autorités bulgares ont pour leur part assuré de leur intention de tout faire pour « dissiper les doutes » de leurs partenaires de l’UE. Paris et Berlin entendent se montrer intransigeants sur les questions de sécurité.

Au-delà de leur décision concernant la Roumanie et la Bulgarie, les deux capitales entendent envoyer un message aux pays candidats à l’adhésion à l’UE. « Les chapitres sur la sécurité sont les plus difficiles à négocier avec les candidats », a reconnu mardi Mme Malmström. Les adhésions de la Roumanie et de la Bulgarie à l’UE en 2007 ont été « mal négociées », car les questions de sécurité et les problèmes des minorités ont été « mises sous le tapis », ont confié à l’AFP plusieurs négociateurs sous le couvert de l’anonymat.

Les critiques se multiplient également à l’encontre de la politique d’exemption de visas. La Commission est accusée de trop souvent se contenter des « intentions exprimées » par les pays candidats pour considérer qu’ils satisfont aux critères exigés. « Les réserves exprimées ne figurent pas dans les rapports », a déploré un autre négociateur. La Commission a le sentiment d’être dans l’oeil du cyclone. Le mécontentement a commencé avec la levée de l’obligation de visas pour la Serbie et la Macédoine en décembre 2009, lorsque plusieurs pays de l’UE -Allemagne, Belgique, Suède, Pays-Bas- ont eu la mauvaise surprise de devoir gérer un afflux de ressortissants serbes et macédoniens venus demander l’asile politique, pour l’essentiel des Roms et des membres de minorités albanophones.

L’affrontement avec la France cet été au moment du démantèlement de campements illégaux et les expulsions de Roms d’origine roumaine ou bulgare ont ensuite exacerbé les tensions. Paris explique le raidissement de sa position par le risque d' »affaiblissement de la capacité de l’Europe à gérer et à contrôler ses flux migratoires ». « Si nous leur confions nos frontières, il est légitime que nous puissions avoir toutes les garanties pour que ces frontières soient bien gardées avec des douaniers en mesure d’exercer toute la vigilance que nous sommes en droit d’attendre », a déclaré début décembre le ministre français des Affaires européennes, Laurent Wauquiez. « Aujourd’hui, cela n’est pas le cas », a-t-il affirmé.

L’espace Schengen compte 25 Etats membres et permet à plus de 400 millions de citoyens de circuler librement de la Finlande à la Grèce, du Portugal à la frontière polonaise, sans devoir montrer leurs passeports. Seuls le Royaume-Uni et l’Irlande, deux pays insulaires, ont décidé de rester en dehors. Mais trois non membres de l’UE – la Suisse, la Norvège et l’Islande – y ont adhéré. Outre la Bulgarie et la Roumanie, Chypre a demandé à rejoindre cet espace.

LeVif.be, avec Belga

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