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Sarkozy, inculpé, clame son innocence, dénonce une humiliation

Le Vif

L’ex-président français Nicolas Sarkozy s’est déclaré mercredi innocent des charges de « corruption active » retenus contre lui par la justice et a estimé que sa garde à vue pendant 15 heures mardi traduisait « une volonté de (l’)humilier ».

« Je vous le dis dans les yeux, je n’ai rien à me reprocher », a-t-il lancé à des journalistes de la chaîne de télévision privée TF1 et de la radio Europe 1, lors de son premier entretien télévisé depuis sa défaite à l’élection présidentielle de 2012 face au socialiste François Hollande.
« Il y a eu une volonté de m’humilier en me convoquant sous le statut de la garde à vue qui n’est pas un statut normal », a-t-il ajouté lors de cette intervention médiatique organisée quelques heures après sa mise en examen (inculpation) mercredi matin pour corruption de magistrat.

« Ne pouvait-on pas me convoquer pour que je réponde aux questions des juges? Devais-je absolument avoir rendez-vous à deux heures du matin avec les deux dames qui m’ont convoqué? « , a-t-il aussi demandé.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs qualifié de « grotesques » les chefs d’accusation retenus par la justice: « Où est le trafic d’influence ? Où est la corruption ? « 

Il a aussi mis en cause l’impartialité de l’une des juges qui l’a mis en examen, Claire Thépaut, en soulignant qu’elle appartenait au Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche.

« Est-il normal qu’on choisisse (…) un magistrat qui appartient au SM?  » et « dont l’obsession politique est de détruire la personne contre qui il doit instruire à charge et à décharge? « , s’est interrogé l’ancien président.

Interrogé sur l’affaire Bygmalion, cette société soupçonnée de fausses factures lors de sa campagne présidentielle de 2012, il a répondu qu’il n’y avait jamais eu « le moindre système de double facturation ».
Nicolas Sarkozy a encore indiqué qu’il dira « fin août, début septembre » s’il revient en politique en étant candidat à la direction de son parti, l’UMP (opposition de droite), à pourvoir cet automne.

« Dans notre pays, qui est le pays des droits de l’Homme et de l’Etat de droit, il y a des choses qui sont en train d’être organisées. Les Français doivent les connaître et, en leur conscience et en toute liberté, doivent juger de ce qu’il en est », a aussi affirmé l’ancien chef de l’Etat (2007-2012).

La contre-attaque de Nicolas Sarkozy est intervenue quelques heures à peine après sa mise en examen pour recel de violation du secret professionnel, corruption et trafic d’influence actifs, au terme d’une garde à vue d’environ 15 heures, une procédure coercitive inédite en France à l’encontre d’un ancien président.

La corruption et le trafic d’influence sont des délits passibles de peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.

Cette mise en examen est venue doucher les espoirs dans son camp UMP (droite, opposition) d’un prochain retour en politique de l’ex-chef d’Etat, menacé aussi par une demi-douzaine d’autres affaires judiciaires.

Deux autres personnes ont été inculpées en même temps que Nicolas Sarkozy: son avocat et ami Thierry Herzog et un avocat général à la Cour de Cassation, Gilbert Azibert.

Les juges d’instruction cherchent à établir si l’ancien président a essayé d’obtenir des informations couvertes par le secret auprès de M. Azibert sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d’une intervention pour un poste de prestige à Monaco.
Lors du Conseil des ministres hebdomadaire, le président socialiste François Hollande a rappelé les principes de l »indépendance de la justice » et de la « présomption d’innocence ».

Certains sarkozystes ont dénoncé un « acharnement totalement disproportionné », mettant en cause l’impartialité d’un des juges, qui « nourrit des sentiments de haine » à l’égard de Nicolas Sarkozy, selon le député-maire de Nice, Christian Estrosi. Une des juges qui ont mis en examen M. Sarkozy, Claire Thépaut, a été membre du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche).

Mais les ténors de droite sont restés prudents. L’ancien Premier ministre François Fillon a jugé « urgent que la lumière soit faite ». Alain Juppé, autre prétendant virtuel à la présidentielle de 2017, a souhaité mercredi que l' »innocence » de Nicolas Sarkozy soit démontrée par la justice.

L’inculpation de Nicolas Sarkozy fait suite à son placement sur écoutes en septembre 2013 – une décision visant un ancien président sans précédent connu en France – dans une enquête sur des accusations, pour l’heure non étayées, d’un financement de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

La corruption suspectée « ne repose que sur des écoutes que nous contestons et dont la légalité sera fortement combattue », a affirmé le conseil de Thierry Herzog, Paul-Albert Iweins.

Dans la classe politique, le député du Front national Gilbert Collard a jugé que l’ancien président était « définitivement discrédité par les affaires ».

Outre les dossiers de financement libyen et de trafic d’influence, le parquet de Paris a confié à des juges financiers une enquête sur le financement de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy. Ses meetings semblent avoir été en grande partie financés par l’UMP afin de masquer un dépassement du plafond des dépenses de campagne autorisé par la loi.

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