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Sarkozy-Hollande: l’entre-deux-tours a-t-il changé la donne?

La campagne des finalistes, François Hollande et Nicolas Sarkozy, a-t-elle fait évoluer les sondages? Si l’écart entre les candidats s’est réduit dans les intentions de vote, les sondeurs continuaient vendredi de donner le socialiste gagnant.

Les enquêtes d’intentions de vote se suivent et se ressemblent depuis le 22 avril… Selon toutes les études des différents instituts de sondage, François Hollande devrait l’emporter dimanche sur Nicolas Sarkozy.

L’écart entre les deux finalistes du premier tour s’est toutefois resserré au fil de la campagne du second tour: « Une évolution somme toute normale et habituelle à chaque présidentielle », note Gaël Sliman, de BVA. Aux premiers jours de mai, François Hollande est crédité de 52,5% (Opinion Way, Ipsos, BVA) à 53,5% (Ifop), alors qu’après le premier tour, il atteignait jusqu’à 56% (pour CSA) d’intentions de vote.

Il n’empêche, « le resserrement a été moins fort que prévu », insiste Gaël Sliman. Comment expliquer cette légère différence? Par les reports de voix des battus. Du côté des mélenchonistes, R.A.S: ces derniers sont restés très fidèles à François Hollande, tout au long des deux semaines.

Mais qu’en est-il des électeurs de François Bayrou et de Marine Le Pen? Le FN, d’abord. « Un cinquième de ses électeurs, souligne Jean-Daniel Lévy, d’Harris Interactive, préfèrent la gauche, Ségolène Royal en 2007, François Hollande en 2012. » Pas de changement à ce niveau-là. On comprend mieux pourquoi Hollande a voulu parler à ces électeurs…
De son côté, Nicolas Sarkozy n’a, selon CSA, gagné que 4 points dans les reports de voix des électeurs de Marine Le Pen, qui sont 57% à préférer l’actuel président de la République au socialiste.

« La même proportion d’électeurs de Jean-Marie Pen avaient choisi Sarkozy au second tour de 2007 », souligne Jérôme Sainte-Marie, le directeur du département « Opinions » de CSA.
Jean-Daniel Lévy, d’Harris Interactive, confirme: « Il y a eu un dégel d’abtentionnistes lepénistes qui ont décidé de se rendre à l’urne pour voter pour le candidat sortant. »

Les bayrouistes partagés

Pour BVA, le report de voix en faveur de Sarkozy, en revanche, n’a pas bougé en quinze jours: 57% des électeurs de Marine Le Pen déclarent, à la dernière enquête, vouloir voter pour le candidat de droite. Soit autant de personnes qu’au soir du premier tour.

« Les électeurs d’extrême droite ont pu se sentir manipulés par le discours de droitisation de Nicolas Sarkozy », pense Gaël Sliman. Qui ajoute: « Ils se voient, pour la plupart, de droite, apprécient certaines qualités du chef de l’Etat mais se sentent trahis par les promesses non tenues en termes, notamment, d’insécurité et d’immigration. » Mener campagne sur les thèses du FN n’aurait donc pas « fonctionné », selon lui.

Pire, cela aurait même irrité les électeurs de François Bayrou. La part de ceux prêts à voter à droite le 6 mai ne s’est guère améliorée. « Pourtant, cet électorat de centre-droit devrait, par tradition, rejoindre le candidat de l’UMP », estime le directeur général adjoint de BVA.

Au soir du premier tour, les reports des voix qui s’étaient portées sur Bayrou se répartissaient en trois parts égales: un tiers pour Hollande, un tiers pour Sarkozy et un tiers pour l’abstention.
Certes, cette dernière catégorie a diminué depuis « mais il y en a autant qui veulent voter pour le chef de l’Etat que pour le socialiste, explique Jean-Daniel Lévy, d’Harris Interactive. Ceux pour qui la règle d’or est la mesure prioritaire vont glisser un bulletin Sarkozy dans l’urne, d’autres, attachés à des valeurs humanistes choisiront Hollande. » Les deux candidats qualifiés pour le second tour ont donc bien fait d’insister sur leurs points communs avec le programme de Bayrou…

Par Philippe Lesaffre , L’Express

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