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Sarkozy enregistré à son insu

Le Vif

Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, enregistrait des réunions de l’ancien président français à son insu. La publication dans la presse du verbatim de certains de ces enregistrements plonge la droite dans la colère et la stupéfaction, alors qu’elle est déjà plombée par l’affaire Copé, à moins de deux semaines des municipales.

L’affaire a été lancée par le journal satirique « Le Canard enchaîné » et le site d’information Atlantico, après une première mention dans l’hebdomadaire « Le Point » le 11 février. La teneur de ces enregistrements, mélange d’analyses politiques et de réflexions relâchées propres au domaine privé, risque d’affaiblir Nicolas Sarkozy.

De plus, à 18 jours des élections municipales, l’UMP est à nouveau confrontée à des désordres potentiellement préjudiciables. Le grand parti d’opposition est déjà plombé par une autre affaire récente, avec des soupçons de favoritisme pesant sur son président Jean-François Copé.

Patrick Buisson, 64 ans, historien venu de l’extrême droite, était déjà accusé d’avoir droitisé à l’excès la campagne du président sortant. Aux yeux des modérés du grand parti de droite UMP, il avait contribué ainsi à la défaite de mai 2012 face au socialiste François Hollande. Henri Guaino, l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy, l’accuse aujourd’hui d’avoir commis « une forme de viol ».

Christiane Taubira, ministre de la justice de François Hollande, s’est dite elle-même atterrée par cette déloyauté. Elle a dénoncé mercredi une atteinte à la morale publique et aux institutions.

Dans un enregistrement sonore pris après l’enregistrement de l’allocution dans laquelle il annonce aux Français un remaniement ministériel, l’ex-président revient: « On n’a pas entendu ces connards de chiens qui aboyaient?  » Et Patrick Buisson qui répond, spirituel: « Tu parlais des journalistes? « , poursuivant en félicitant l’ex-président pour son discours, raconte Le Canard enchaîné.

L’avocat de M. Buisson, Gilles-William Goldnadel, a reconnu mardi la véracité des enregistrements, mais a plaidé les « documents de travail ». Dans un communiqué transmis par son avocat, Patrick Buisson se défend: « En tant qu’intervenant essentiel de ces réunions, je ne pouvais prendre des notes écrites et utilisait ces enregistrements pour préparer la réunion suivante. »

Ces derniers « étaient détruits au fur et à mesure sauf manifestement quelques-uns qui lui ont été dérobés et dont il est fait présentement un usage extravagant et pervers », affirme-t-il.

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