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Sanctions contre la Russie : à quoi ça sert ?

Stagiaire Le Vif

Cette semaine, l’Europe a décidé de prendre des sanctions contre la Russie suite au référendum de rattachement de la Crimée à celle-ci. Mais quelles sont-elles et quels effets peuvent-elles avoir ?

Il y a deux types de sanctions qui ont été promulguées en début de semaine. Elles font suite à la signature par Vladimir Poutine du décret reconnaissant l’indépendance de la Crimée et le rattachement de celle-ci à la Russie. Tout d’abord, il y a les sanctions américaines. Celles-ci sont d’ordre économiques et visent onze personnes, pour la plupart des proches de Poutine. En effet, l’État américain a décidé de geler les avoirs aux USA de plusieurs proches du Président russe. Ainsi, Dmitri Rogozine, vice-Premier ministre en fait partie ainsi que la Présidente du Sénat et plusieurs grands noms de la politique locale. Viktor Ianoukovitch, le Président ukrainien destitué figure également sur cette liste. Ces sanctions sont donc d’ordre économique.

D’un autre côté, l’Union Européenne a également publié une liste de diplomates et politiciens russes et criméens (21 personnes) sanctionnés dans le cadre de cette crise. Celle-ci touche cependant Poutine et son administration de moins près.

Mais, on l’a bien vu ces derniers jours, ces condamnations ont été accueillies avec du cynisme et des quolibets du côté de Moscou. Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a notamment déclaré sur Twitter : « Camarade Obama, qu’est-ce qu’ils doivent faire ceux qui n’ont ni comptes, ni propriétés à l’étranger ? » Le problème de ces sanctions est que la grande majorité des personnes qu’elles visent n’ont pas de biens en Europe ou aux États-Unis. Donc, ce gel des possessions est totalement inutile pour elles. En outre, on peut légitimement s’interroger sur l’absence de grands noms dans les listes publiées. En effet, les États-Unis ont décidé de frapper plus près de Poutine que l’Europe mais dans aucune des deux listes on ne retrouve le nom de Dmitri Medvedev, le Premier ministre russe.

De plus, Dmitri Rogozine n’est qu’un des sept vice-Premiers ministre du gouvernement. Cependant, aucune peine n’a été annoncée pour les six autres, notamment le numéro trois russe : le premier vice-Premier ministre Igor Chouvalov.

Une possible exclusion du G8 Quelle suite imaginer à cette salve de mesures prises par l’Occident ? On parle maintenant de deux types de blâmes possibles : économiques et diplomatiques. Au niveau économique l’Europe et les USA pourraient suspendre plusieurs accords de coopérations avec la Russie. Les conséquences pourraient alors se faire ressentir. C’est ce qu’a affirmé Camille Grand, directeur de la Fondation pour la Recherche Stratégique, sur BFMTV : « Les effets sur la Bourse de Moscou, sur le cours du rouble et sur l’attitude des investisseurs en Russie seront très vite visibles. On l’a vu avec l’Iran: les sanctions avaient immédiatement découragé les investisseurs, alors même que les mesures n’avaient pas encore été appliquées. » Cependant, cette possibilité pourrait se heurter aux intérêts économiques et énergétiques des pays européens. En effet, les pays de l’Union Européenne sont totalement dépendants du gaz russe et si Moscou rompt les accords internationaux d’approvisionnement du gaz, ceux-ci devront trouver d’autres fournisseurs, ce qui ne sera pas une mince affaire. Dans ce cadre, on notera déjà les quelques rapprochements de l’administration ukrainienne avec le Turkménistan, très gros exportateur de gaz.

Par ailleurs, la Chancelière allemande Angela Merkel a déclaré ce jeudi que « L’Union européenne va allonger la liste des personnalités russes et ukrainiennes pro-russes frappées d’interdiction de visa et de gels des avoirs. » D’autre part, on évoque des sanctions diplomatiques et une possible exclusion du G8 pour la Russie. « Je pense qu’en matière de prestige international la Russie va le déplorer » nous déclare Isabelle Facon, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de la Russie. « Mais sur le fond ça va ajouter un point noir dans les relations entre la Russie et l’Occident. Mais cette possible exclusion n’est pas si grave pour Poutine pour deux raisons. Premièrement parce que l’enjeu n’est pas aussi important que celui de la Crimée et entre les deux, le coeur de Poutine ne balance pas. Et deuxièmement, depuis quelques années la Russie trouve que les puissances occidentales sont en perte de vitesse au niveau économique et politique et Poutine accorde beaucoup plus d’importance aux pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et au G20. Si la Russie venait à être exclue du G8, ce ne sera pas si grave pour cette dernière. Elle mettra en avant le côté un peu dépassé de ces « clubs » qui ne reflètent plus les équilibres internationaux. »

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