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Sanctions contre l’Ukraine et élections anticipées?

Le Vif

L’Union européenne a décidé jeudi d’imposer des sanctions « ciblées » contre des responsables des violences sanglantes en Ukraine, ont annoncé plusieurs ministres des Affaires étrangères à l’issue d’une réunion extraordinaire à Bruxelles.

Ces sanctions concerneront la délivrance de visas – et donc la possibilité de se rendre dans des pays de l’UE – ainsi qu’un gel des avoirs et la suspension des livraisons d' »équipements pouvant servir à la répression », a précisé le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, lors d’une conférence de presse.

« Nous avons pris la décision, en étroite coordination avec les trois ministres qui négocient à Kiev, de procéder très rapidement, dans les prochaines heures, pour priver de visas et geler les avoirs de ceux qui sont tachés de sang », a pour sa part affirmé la ministre italienne, Emma Bonino, en quittant la réunion de crise.

« La responsabilité de la violence incombe au régime (ukrainien) mais nous ne pouvons ignorer qu’il y a des groupes extrémistes et des infiltrés. Nous visons tous ceux qui sont tachés de sang », a-t-elle insisté. Pour l’instant, aucune liste comportant des noms n’a été établie, a-t-on indiqué de source diplomatique.

Mais c’est « une question d’heures », au moins pour une « première liste » qui pourra ensuite être élargie, a assuré M. Reynders. Il a précisé que la décision avait été prise à l’unanimité et en consultation avec les trois ministres des Affaires étrangères européens présents à Kiev pour essayer de faire cesser l’escalade de la violence, l’Allemand Frank-Walter Steinmeier, le Français Laurent Fabius et le Polonais Radoslaw Sikorski.

Elections anticipées en 2014 ?

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré jeudi que les ministres de l’UE avaient obtenu du président ukrainien Victor Ianoukovitch son accord pour des élections présidentielles et parlementaires anticipées en 2014.

« Il a été convenu avec Ianoukovitch que des élections présidentielles et parlementaires se tiendraient cette année et qu’un gouvernement d’unité nationale serait créé dans les prochains dix jours « , a déclaré à la presse M. Tusk.

Une informantion démentie par Laurent Fabius. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a indiqué jeudi soir qu’il n’y a pas d’accord « pour l’instant » avec le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Il a fait état de négociations « très difficiles ».

Laurent Fabius et ses homologues allemand Frank-Walter Steinmeier et polonais Radoslaw Sikorski ont été dépêchés jeudi à Kiev. Leur mission: parvenir à un compromis avec le président ukrainien et l’opposition pro-européenne en négociant une « feuille de route » pour une sortie de crise pacifique. Ils ont rencontré successivement des dirigeants de l’opposition puis le président ukrainien durant plus de cinq heures. Le trio de ministres a repris en soirée des pourparlers avec le président ukrainien. « Pour l’instant, il n’y a aucun résultat », a déclaré pour sa part l’un des leaders de l’opposition, Vitali Klitschko, à l’issue d’une rencontre avec les trois ministres.

Verhofstadt satisfait des sanctions prises par l’UE contre des responsables ukrainiens

L’eurodéputé Guy Verhofstadt (Open Vld), en visite à Kiev jeudi, s’est montré satisfait des sanctions imposées par l’UE à des responsables ukrainiens. « Cette décision aurait déjà dû être prise il y a des semaines ou des mois. La question est maintenant de savoir si les soutiens de Ianoukovitch contre qui les sanctions sont dirigées vont s’éloigner du président », a indiqué M. Verhofstadt.

L’Union européenne a décidé d’imposer des sanctions « ciblées » contre des responsables des violences sanglantes en Ukraine, ont annoncé jeudi plusieurs ministres des Affaires étrangères à l’issue d’une réunion extraordinaire à Bruxelles. Ces sanctions concerneront la délivrance de visas – et donc la possibilité de se rendre dans des pays de l’UE – ainsi qu’un gel des avoirs et la suspension des livraisons d' »équipements pouvant servir à la répression », a précisé le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders.

« La liste des personnes qui seront sanctionnées doit être suffisamment large pour garantir l’efficacité de ces mesures », a estimé M. Verhofstadt, qui s’est rendu à la place de l’Indépendance de Kiev, épicentre de la contestation contre Ianoukovitch, durant la soirée de jeudi.

L’ancien Premier ministre belge s’est adressé aux milliers de manifestants rassemblés. « Vous ne devez pas remercier l’Europe, c’est elle qui doit vous remercier, car c’est vous qui défendez en ce moment les valeurs européennes », a-t-il déclaré en substance.

Le leader des libéraux au Parlement européen a également rencontré des dirigeants de l’opposition ukrainienne.

Washington menace Ianoukovitch de sanctions

Le vice-président américain Joe Biden a prévenu jeudi le président ukrainien Viktor Ianoukovitch que les Etats-Unis étaient disposés à prendre des sanctions contre les personnes coupables d’avoir ordonné de tirer sur les manifestants à Kiev.

M. Biden s’est entretenu par téléphone avec le président ukrainien et « a clairement dit que les Etats-Unis étaient disposés à prendre des sanctions à l’encontre des gouvernants responsables des violences », a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.

La violence s’est déchaînée jeudi en Ukraine avec au moins 60 morts à Kiev, selon l’opposition.

Un peu plus tôt jeudi, la Maison Blanche s’était dite « scandalisée » par les tirs de force de l’ordre contre les manifestants.

Selon le communiqué de la présidence, Joe Biden a appelé Viktor Ianoukovitch à « retirer immédiatement les forces de sécurité régulières -police, snipers, armée et unités paramilitaires- et toutes les autres forces » qui n’entrent pas dans cette catégorie.

« Le vice-président a exhorté le président Ianoukovitch à prendre des mesures immédiates et concrètes pour travailler avec l’opposition de manière à s’engager sur la voie qui permettra de répondre aux attentes légitimes du peuple ukrainien », a encore noté la Maison Blanche.

Les Etats-Unis ont pour l’heure interdit de visas environ 20 hauts cadres officiels ukrainiens qu’ils accusent d’être responsables de la répression meurtrière des manifestations.

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