L'escorte policière amenant Salah Abdeslam à la prison de Fleury-Merogis. © AFP/Dominique Faget

Salah Abdeslam inculpé et emprisonné en France

Le Vif

Salah Abdeslam, seul survivant du commando djihadiste qui a fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris le 13 novembre, a été inculpé mercredi par un juge français, notamment d’assassinat à caractère terroriste, et incarcéré dans une prison proche de Paris.

Lors de sa première comparution au palais de justice de Paris, Salah Abdeslam a assuré au juge antiterroriste qui l’a interrogé qu’il allait « s’exprimer ultérieurement », selon son avocat français, Frank Berton, précisant qu’il sera interrogé le 20 mai sur le fond du dossier.

Détenu en Belgique depuis son arrestation le 18 mars, Salah Abdeslam « a été remis ce matin aux autorités françaises » en exécution d’un mandat d’arrêt européen délivré le 19 mars 2016 par la France, avait auparavant annoncé le parquet fédéral belge.

Il a été transféré par voie aérienne sous escorte du GIGN, unité d’élite de la gendarmerie française.

Le juge parisien l’a mis en examen (inculpé) d’assassinat et complicité d’assassinat à caractère terroriste, détention et usage d’armes et d’explosifs, et séquestration pour les faits commis dans la salle de spectacle du Bataclan.

Salah Abdeslam « a été placé en détention provisoire à Fleury-Mérogis », au sud de Paris, la plus grande prison d’Europe, à une trentaine de kilomètres de Paris, a annoncé Me Berton.

Il sera placé « dans un quartier d’isolement » et pris en charge par une équipe de « surveillants aguerris », avait auparavant indiqué le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas.

Représenté jusqu’à présent par l’avocat belge Sven Mary, Salah Abdeslam sera défendu en France par Me Berton, ténor du barreau, et un autre avocat français dont le nom n’a pas été rendu public.

Salah Abdeslam est le seul protagoniste direct des tueries du 13 novembre dernier à avoir été arrêté vivant, après la mort des neuf assaillants, en kamikazes comme son frère Brahim ou abattus par les forces de l’ordre comme son ami d’enfance Abdelhamid Abaaoud.

S’il assure, via son avocat belge, qu’il n’était pas au courant des attentats de Bruxelles (32 morts), commis le 22 mars, quatre jours après son arrestation, il est en tout cas lié aux trois hommes qui se sont fait exploser ce jour-là et qui ont, eux aussi, un lien avec les attentats djihadistes du 13 novembre, les plus meurtriers de l’histoire de France.

« Un acteur majeur »

Agé de 26 ans, né à Bruxelles mais de nationalité française, Salah Abdeslam avait été arrêté le 18 mars à Molenbeek, commune de la capitale belge où il a grandi, après quatre mois de cavale.

Plusieurs hommes ont été inculpés en Belgique pour l’avoir exfiltré de Paris, au lendemain des attentats, puis caché à Bruxelles.

Proche du Belge Abdelhamid Abaaoud, que les enquêteurs considèrent comme l’organisateur des attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam serait au coeur des préparatifs logistiques des tueries.

Et c’est lui qui a conduit en voiture les trois kamikazes qui se sont fait exploser aux abords du stade de France, en banlieue parisienne.

La suite est plus floue. En fin de soirée, il a garé le véhicule dans le 18e arrondissement (nord) de Paris, évoqué par l’organisation Etat islamique (EI) dans sa revendication et pourtant épargné.

Devait-il à son tour y mener une attaque ? Au final, Salah Abdeslam a abandonné une ceinture explosive à Montrouge, à l’autre extrémité de la capitale, avant d’être emmené au petit matin par deux amis venus le chercher depuis Bruxelles.

Contrôlé ou repéré avec des protagonistes dans différents pays européens dans les mois ayant précédé les attaques, il est également soupçonné d’avoir participé, en amont, à la constitution des commandos.

Lors de son premier interrogatoire en Belgique, il a semblé vouloir minimiser son rôle, assurant avoir fait machine arrière alors qu’il aurait été missionné pour se faire sauter au Stade de France. Une position réaffirmée par son frère qui l’a vu en prison.

Il avait d’abord contesté sa remise à la France, avant de faire volte-face au lendemain des attentats de Bruxelles.

« C’est un acteur majeur des attentats du 13 novembre, il sait beaucoup de choses. Il a fait beaucoup de déclarations pour dire qu’il voulait et allait parler, j’espère qu’il restera dans cet état d’esprit », a réagi Georges Salines, président de l’association « 13 novembre : fraternité et vérité », dont la fille a été tuée au Bataclan

Sur la radio BFM, Me Berton a souhaité « qu’il ait un procès équitable et soit condamné pour les choses qu’il a faites et non pour les choses qu’il n’a pas faites ».

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