Saisie de bateau: « sauver des vies humaines est notre première priorité »

L’Ong allemande « Jugend Rettet », dont le bateau a été saisi mercredi par la justice italienne en raison de soupçons sur ses liens directs avec des passeurs de migrants au large des côtes libyennes, a dénoncé jeudi le fait de ne plus pouvoir « sauver des vies ».

« Pour nous, le sauvetage de vies humaines est et restera notre première priorité », s’est défendu sur son compte twitter l’organisation non gouvernementale fondée par des étudiants allemands.

« Nous sommes désolés de ne pas pouvoir être actuellement opérationnels dans la zone de sauvetage et de recherche », ajoute « Jugend rettet » (la jeunesse sauve), sans réagir aux accusations très précises de la justice italienne sur son mode opératoire. « Nous espérons être en contact avec les autorités italiennes dans un avenir proche », écrit encore l’Ong.

Le « Iuventa », bateau de 33 mètres qui permet d’accueillir jusqu’à 220 personnes à bord, a été financé grâce à une campagne de financement participatif et est opérationnel depuis un an.

Dans le cadre d’une enquête démarrée en octobre 2016, le procureur de Trapani en Sicile, qui a ordonné la saisie « préventive » du Iuventa, soupçonne l’équipage de ce bateau d’avoir adopté des « comportements favorisant l’immigration illégale ». Le navire a été bloqué mercredi à Lampedusa, île au sud de la Sicile et au nord de la Libye.

Le procureur Ambrogio Cartosio a expliqué mercredi lors d’une conférence de presse, photos à l’appui, que des membres d’équipage du Iuventa sont soupçonnés d’avoir pris à bord à plusieurs reprises des migrants sur des canots pneumatiques amenés directement par des trafiquants. L’enquête laisse penser que la pratique était « fréquente », mais pour des motifs purement « humanitaires ».

Dans un cas, les passeurs sont même arrivés à la rencontre du Iuventa avec une vedette des garde-côtes libyens.

Les enquêteurs affirment que l’Ong allemande a aussi ramené des barques en eaux libyennes en les tirant avec son propre canot pneumatique, afin que les passeurs puissent les réutiliser.

Selon la police, l’Ong a en outre affiché ouvertement sa défiance vis à vis du centre de coordination des garde-côtes italiens (qui donne le feu vert aux secours de migrants), avec une insulte affichée à sa proue ou le fait de hisser le drapeau libyen.

Il ressort de l’enquête judiciaire qu’une Ong, « Save the children », a elle-même signalé aux autorités italiennes des comportements irréguliers de l’équipage allemand. L’Ong britannique vient de signer un tout nouveau « code de conduite » élaboré par le gouvernement italien pour les bateaux sauvant des migrants, ce que l’Ong allemande a refusé de faire.