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Rwanda: trois mois de commémorations pour les 20 ans du génocide

Le Rwanda devait commencer ce mardi à commémorer le génocide rwandais, perpétré il y près de 20 ans, en allumant une flamme du souvenir qui traversera le pays avant de revenir dans la capitale Kigali dans trois mois.

La flamme doit être allumée dans l’après-midi à Kigali, au principal mémorial du génocide de 1994 Gisozi, par la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo. Elle fera ensuite le tour de localités et villages du petit pays d’Afrique centrale, avant l’ouverture d’une période de deuil national le 7 avril. « La flamme sera portée par de jeunes gens », a expliqué à l’AFP Freddy Mutanguha, responsable au Rwanda de la Fondation Aegis, qui gère le mémorial de Gisozi et figure parmi les organisateurs de la cérémonie de mardi.

Selon l’ONU, environ 800.000 personnes, essentiellement membres de la communauté tutsi, ont péri dans le génocide perpétré par des extrémistes hutu en trois mois, d’avril à juin 1994. La plupart des responsables du massacre ont été jugés par un tribunal pénal international à Arusha, en Tanzanie.

Quelque deux millions d’autres personnes, des Rwandais ordinaires, ont aussi comparu devant des tribunaux populaires, les gacaca (prononcer gatchatcha), pour leur rôle présumé dans le génocide. Devant ces tribunaux, 65% des personnes jugées ont été reconnues coupables.

L’identité nationale rwandaise en question

Tous les ans, le Rwanda et ses quelque 12 millions d’habitants observent une période de deuil national à partir du 7 avril, date du début du génocide. La télévision nationale diffuse traditionnellement des images des massacres, les Rwandais portent du violet, la couleur du deuil, et les survivants nettoient et réenterrent des os de victimes. Des veillées ont aussi lieu.

Pour le vingtième anniversaire, des discussions devraient également être organisées sur l’identité nationale rwandaise et sur les progrès que le pays a effectués depuis la fin d’un génocide qui a détruit le tissu social.

Dans le but de cimenter un pays encore meurtri, le gouvernement interdit toujours aux Rwandais de se définir comme Hutu ou Tutsi.

Bond en avant économique Sur le plan économique, le Rwanda a fait un bond depuis que l’ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, aujourd’hui au pouvoir, a mis fin au génocide. Salué pour ses résultats en matière de lutte contre la pauvreté, le pays affiche régulièrement des taux de croissance supérieurs à 6%.

Mais les détracteurs du pouvoir l’accusent régulièrement d’étouffer toute opposition et de se livrer à de nombreux abus. Des experts dénoncent aussi une réconciliation encore en trompe-l’oeil.

Selon la Commission nationale pour la lutte contre le génocide, les événements organisés à travers le pays cette année auront justement pour tâche de promouvoir les efforts de réconciliation nationale.

Parmi les événements prévus figure aussi une conférence avec des universitaires spécialistes de l’Holocauste et du génocide au Rwanda. A travers le pays, les mémoriaux seront également rénovés.

« Vingt ans après le génocide, c’est un tournant important », a estimé Jean de Dieu Mucyo, secrétaire exécutif de la Commission nationale de lutte contre le génocide, lors d’une conférence de presse organisée en début de semaine.

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