Paul Kagamé © Reuters

Rwanda en 1994: la justice française ordonne une confrontation avec un nouvel accusateur de Kagame

Le Vif

Le juge français qui enquête sur l’attentat de 1994 contre le président rwandais Habyarimana a ordonné la confrontation d’un nouveau témoin, qui corrobore les accusations contre le régime actuel, avec deux personnes déjà mises en examen dont le ministre de la Défense, a appris l’AFP lundi de source proche du dossier.

Ce témoin affirme avoir eu la garde, au quartier général de l’ex-rébellion tutsi, de deux missiles antiaériens qui ont, selon lui, servi à abattre l’avion sur ordre de son chef Paul Kagame, l’actuel président du Rwanda.

Le soir du 6 avril 1994, l’avion de Juvénal Habyarimana, un Hutu, avait été abattu en phase d’atterrissage à Kigali par au moins un missile. Cet attentat est considéré comme le déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi.

Une enquête a été ouverte en 1998 à Paris après la plainte des familles de l’équipage, composé de Français.

Le juge, qui a procédé à deux auditions de ce nouveau témoin, dont l’AFP a eu connaissance, a ordonné fin septembre sa confrontation avec James Kabarebe, aujourd’hui ministre de la Défense, et avec un tireur présumé, Franck Nziza. Tous deux sont mis en examen depuis fin 2010 dans ce dossier qui empoisonne les relations diplomatiques franco-rwandaises.

Selon la source, cette confrontation est prévue mi-décembre.

Deux thèses s’affrontent dans cette enquête. La première est celle d’un commando des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) de Kagame s’étant introduit derrière le dispositif des Forces armées rwandaises (FAR) pour abattre l’avion depuis la colline de Massaka. Elle a conduit Jean-Louis Bruguière, le premier juge chargé du dossier, à émettre en 2006 neuf mandats d’arrêt contre des membres du clan Kagame, dont sept ont finalement été mis en examen.

A l’inverse, une commission d’enquête rwandaise accuse les extrémistes « Hutu Power » des FAR qui auraient voulu se débarrasser d’un président jugé trop modéré. En 2012, un rapport d’experts français rendus sur place a désigné le camp de Kanombe, alors aux mains de la garde présidentielle, comme zone de tir probable.

Le nouveau témoin affirme avoir surveillé avec sa section deux missiles SA-16 au QG du FPR, à Mulindi. Début mars 1994, lui et ses camarades les auraient chargés en présence de James Kabarebe dans un camion parti pour Kigali. « En juillet 1994, les deux tireurs de missiles, à savoir Franck Nziza et Eric Hakizimana sont revenus à leur unité. Ils nous ont alors raconté (…) qu’ils ont tiré depuis un endroit nommé +Massaka+ et plus précisément encore depuis un pont où ils avaient vue sur l’aéroport », rapporte cet homme.

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