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Russie: une enquête est ouverte contre l’opposant Oudaltsov pour tentative de renversement du gouvernement

L’enquête contre le dirigeant du Front de Gauche Sergueï Oudaltsov pour « préparation à l’organisation de troubles massifs » se base sur un documentaire d’une chaîne proche du pouvoir. La législation russe prévoit « jusqu’à la réclusion à vie » pour ces actions.

La remise au pas de de l’opposition se poursuit en Russie. Une enquête à l’encontre de Sergueï Oudaltsov, une des figures de la contestation contre Vladimir Poutine vient d’être ouverte. Elle se base sur un documentaire d’une chaîne proche du pouvoir affirmant qu’il prévoit de renverser par la force le gouvernement. L’enquête a été ouverte pour « préparation à l’organisation de troubles massifs », a précisé le porte-parole du comité d’enquête, Vladimir Markine, dans un communiqué, ajoutant que le domicile de Segueï Oudaltsov faisait l’objet d’une perquisition.

Après celle-ci, le dirigeant du mouvement d’opposition le Front de Gauche a été emmené par les forces de l’ordre au comité d’enquête afin d’être interrogé. « C’est de l’arbitraire et de la provocation et j’espère que la société ne va pas se taire et réagir », a-t-il alors déclaré à l’agence Interfax.

L’enquête vise aussi deux autres opposants, Konstantin Lebedev et Leonid Razvozjaev, ainsi que « d’autres personnes », a indiqué le comité d’enquête. Cette décision a été prise « après vérification des allégations de préparation à des troubles massifs à Moscou et dans d’autres régions faites dans le film « Anatomie d’une protestation 2+ ».

Le rôle d’un oligarque réfugié à Londres, d’un Géorgien et des Tchétchènes… tout y est

Filmé dans un style saccadé doublé d’une narration catastrophe, ce documentaire affirme que Sergueï Oudaltsov reçoit ordres et financements de l’ancien patron de la Banque de Moscou, réfugié à Londres, Andreï Borodine, et d’un député géorgien. Suite d’un premier documentaire produit et distribué par la chaîne favorable au pouvoir NTV, il affirme aussi que l’opposant prévoit de renverser le gouvernement et envisage de demander l’aide de militants tchétchènes pour organiser un attentat. Après sa diffusion début octobre, Sergueï Oudaltsov avait immédiatement qualifié le film de « délire d’un fou ».

« Jusqu’à la réclusion à vie »

Pour l’instant, l’enquête ouverte concerne « la préparation à l’organisation de troubles massifs » mais le Comité a précisé que les enquêteurs allaient « également vérifier les informations sur la préparation d’actes terroristes sur le territoire russe ».
« En conclusion, je voudrais attirer l’attention de ceux qui considèrent que dans notre pays il est possible de préparer impunément des troubles à l’ordre public et des attentats (…): vous sous-estimez le professionnalisme des services spéciaux russes », a lancé Vladimir Markine. Il a ajouté que la législation russe prévoit « jusqu’à la réclusion à vie » pour ces actions.

L’opposant est régulièrement interpellé pendant les manifestations contre le régime du président Vladimir Poutine et a été à plusieurs reprises condamné à des peines allant jusqu’à 15 jours de détention. Son appartement a déjà été perquisitionné cette année.
« Une offensive d’envergure a lieu contre l’opposition »
Réagissant à l’affaire sur les ondes de la radio Echo de Moscou, Alexeï Navalny, une autre grande figure de la contestation en Russie, a dénoncé une affaire « totalement absurde » et montée de toutes pièces.

Intervenant après la condamnation en appel des Pussy Riot, le 10 octobre, et la condamnation à 8 ans de camp de l’opposante Taïssia Ossipova en août, cette enquête témoigne à nouveau d’un durcissement du régime depuis le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en mai.

Outre la multiplication d’émissions télévisées très hostiles aux opposants, de nombreuses lois jugées répressives par l’opposition ont par ailleurs été adoptées ces derniers mois, comme celle qualifiant d' »agents de l’étranger » et plaçant sous contrôle étroit les ONG bénéficiant d’un financement étranger. « Une offensive d’envergure a lieu contre l’opposition. C’est très dangereux pour le pays », a déclaré le chef de l’ONG pour les droits de l’homme, Lev Ponomarev, à Interfax. « Tout cela rappelle le début de la répression dans les années 1930 » sous Staline, a-t-il déploré.

LeVif.be avec L’Express

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