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Russie: « Poutine ne veut plus être président, mais il n’a pas le choix »

Vladimir Poutine sera réélu le 18 mars. Et à moins d’un gros problème de santé, il va rempiler pour son ultime mandat de six ans. S’il voulait se représenter en 2030, Poutine aura tout de même 78 ans.

Lorsqu’on demande à Vladimir Poutine s’il n’en a pas marre, l’homme répond par cette vieille blague russe: un oligarque fait faillite. Il appelle sa femme et lui explique qu’ils vont devoir échanger leur Mercedes contre une Lada. « D’accord », répond-elle. Il lui explique ensuite qu’il devra également vendre sa villa dans le quartier bobo-chic de Roublevka et vivre dans un appartement. « D’accord », répond-elle. « M’aimerez-vous toujours ? » demande alors l’oligarque. « Bien sûr », répond sa femme. « Mais tu me manqueras beaucoup. »

Et Poutine de conclure « je ne crois pas que je vous manquerai beaucoup. »

La Russie ne devra cependant pas se passer de sitôt de son président. Car, à moins d’un gros problème de santé, il va rempiler pour six ans pour ce qui devrait être son dernier mandat. S’il voulait se répresenter en 2030, Poutine aura tout de même 78 ans.

Pour les élections à venir, le président n’a pas eu de véritable concurrent. Et ceux qui sont en lice ont été adoubés par le pouvoir en place. Il y a le flibustier brutal de l’extrême droite Vladimir Jirinovski, qui a participé à toutes les élections présidentielles depuis 1991. Il y a aussi Pavel Groudinine, un millionnaire qui défend les couleurs du parti communiste et qui souligne qu’il n’est pas un communiste. Il y a aussi Ksenia Sobtchak, une ancienne star de la réalité qui se présente en tant que candidate libérale. Mais, même elle n’arrive pas à rendre plus passionnante une élection d’un ennui mortel.

Malgré cette victoire annoncée, Poutine semble pourtant perdre chaque jour davantage le goût du pouvoir. Peut-on vraiment lui donner tort ? Après tout, être président en Russie est un travail abrutissant. Certes, il a ses bons côtés: vous pouvez voler des milliards et, quand l’envie vous prend, menacer le monde avec quelques nouveaux jouets nucléaires. Mais la plupart du temps, vos activités sont des plus tristounettes. Qui, après dix-huit ans, seul au sommet, souhaite encore rencontrer le gouverneur du Bachkortostan ou celui de l’association russe des bouddhistes? Après tout ce temps, qui a encore envie d’entendre toutes les doléances du peuple lors du traditionnel rendez-vous annuel ? Qui a envie qu’on lui rappelle que les routes sont mauvaises, que les hôpitaux sont usés, que les maisons sont délabrées. Tous ces gémissements sans fin qui lasseraient même ceux qui sont le plus avides de pouvoir.

« Poutine n’a plus envie d’être président »

« Le plus grand défi pour son quatrième mandat », dit Mark Galeotti, expert de la Russie à l’Université Charles à Prague, « c’est que Poutine n’a plus envie d’être président. Dans les cercles moscovites, il se murmure qu’il s’ennuie et qu’il préférerait effectivement démissionner. Mais il est celui qui a centré le système sur sa personne. Et il s’aperçoit maintenant qu’il s’y est enfermé. »

Cela fait maintenant 18 ans que Poutine (65 ans) est au pouvoir. Durant ce laps de temps, il a créé un régime où tous les postes – premier ministre, ministre de la Défense, directeurs des services de sécurité, les oligarques sont aux mains de personnes qui lui sont proches et qu’il connait depuis au moins 20 ans. La loyauté de cette élite envers Poutine est absolue. Pas une décision n’est prise sans l’imprimatur du grand patron. « Tout cela fait que le système est en grande partie basé sur la présence et l’énergie de Poutine selon Galeotti. Viatcheslav Volodine, l’actuel président du parlement l’a décrit en 2014 comme suit : tant que Poutine est là, la Russie existe. Sans Poutine, il n’y a plus de Russie. »

Mais cette omniprésence s’est quelque peu effritée ces dernières années. « Poutine avait l’habitude de connaître chacun de ses dossiers dans les moindres détails », explique Konstantin Gaaze, analyste politique qui a travaillé au sein de l’administration de Moscou. « Il pouvait égrener des tableaux statistiques de mémoire. Aujourd’hui, certains collaborateurs sont contents s’il a parcouru une note. Le président ne se consacre plus qu’aux domaines politiques qui l’intéressent: la politique étrangère, les dépenses militaires et le maintien de l’ordre.

Poutine se montre également rarement au Kremlin. Presque toutes les rencontres officielles ont lieu dans sa résidence présidentielle de Novo-Ogarjovo, à une quinzaine de kilomètres à l’est de Moscou. Plus souvent qu’à son tour, il délaisse aussi la vie publique. En 2015, peu de temps après que l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, le président a même disparu des radars pendant dix jours. Personne ne sait où il est resté tout ce temps. Le président a visiblement eu recours à de la chirurgie esthétique au cours des dernières années et commence à sentir le poids des ans. Lorsqu’il a présenté son état de la nation le 1er mars, il souffrait manifestement d’une infection des voies respiratoires qui l’avait déjà cloué au lit durant une semaine.

« C’est le plus grand paradoxe du Poutinisme », dit Gaaze. « Poutine est, et de loin, l’homme le plus scruté en Russie. Il ne se passe pas un jour sans qu’il apparaisse dans les médias. En même temps, la moitié du temps nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’il fabrique. »

Le faire apparaitre pratiquement tous les jours sur le devant de l’actu relève de la haute voltige. On n’hésite pas à recycler de vieilles images durant ses absences pour donner l’impression que le président est au travail. « Poutine tient souvent cinq réunions d’affilée », déclare Gaaze. « Puis il disparaît pendant quelques jours. Ils distillent ensuite ces images pour combler le vide. Au Kremlin, ils l’appellent la conserverie. On ouvre une boîte de conserve quand on a besoin d’une dose de Poutine. »

Avec une cote de popularité allant jusqu’à 80%, Vladimir Poutine garde le soutien d’une large part de la population. Du coup même si les élections étaient démocratiques, il aurait de toute façon une large majorité de Russes derrière lui.

« Les Russes ne voient plus Poutine comme un candidat politique », déclare Andrey Kolesnikov, directeur du Centre Carnegie de Moscou. Il est omniprésent. Un peu comme un portrait accroché au mur qu’on ne peut plus enlever. Poutine est aussi le seul dirigeant qui inspire confiance aux Russes. « Excepté Poutine, le pouvoir n’a que très peu de légitimé » explique Lev Godkov, directeur du Centre Levada, la plus ancienne agence d’opinion indépendante de Russie. « Son parti, Russie unie, la Douma, les gouverneurs régionaux, la police: ce sont toutes des institutions dans lesquelles les Russes ne croient plus. Dans notre pays, il y a un adage qui dit: le tsar est bon, mais les boyards sont mauvais. Encore aujourd’hui, les Russes placent tous leurs espoirs dans le grand chef, et attribuent tous les défauts à la bureaucratie.

Le poutinisme sur le déclin

La popularité de Poutine, n’empêche cependant pas le poutinisme d’être sur le déclin. Depuis qu’il a pris ses fonctions, Poutine est le garant d’une certaine stabilité économique. Grâce aux prix élevés du pétrole entre 2000 et 2008, il a réussi à élever le niveau de vie, mais cette progression a pratiquement stagné durant son dernier mandat. Le fonds de réserve, une cagnotte d’une valeur de plus de 100 milliards d’euros créée lors des deux premiers mandats de Poutine, est épuisé depuis décembre 2017. Officiellement, le PIB russe augmente d’environ 1,5% par an, mais en raison de la dévaluation du rouble, le revenu moyen est en baisse depuis quatre ans. De même, au sein du poutinisme, en tant que système politique, les premières fêlures apparaissent. Par exemple le très emblématique cas du procès contre Alexeï Oulioukaïev.

Ce ministre des Affaires économiques a été arrêté en 2016 pour suspicion de fraude. Igor Setchine, le très puissant président de la compagnie pétrolière publique Rosneft, l’accuse d’avoir exigé un pot-de-vin contre son accord pour le rachat de la compagnie.

Le procès qui suivra sera truffé de déclarations contradictoires et de preuve bancale. Pour commencer Setchine, seul témoin à charge de la tentative de corruption, va refuser par quatre fois de comparaître devant le tribunal. Son absence ne va pourtant pas empêcher une lourde condamnation: Oulioukaïev sera condamné à huit ans de camp de travail et une amende de 130 millions de roubles (environ 1,8 million d’euros).

Cette affaire est remarquable pour plusieurs raisons. Au sein du Kremlin, Alexeï Oulioukaïev appartient aux « libéraux », un groupe au sein de l’élite russe qui plaide pour plus de libéralisation économique, mais qui, pour le reste, défend des idées autoritaristes. Un mouvement qui compte aussi le Premier ministre Dmitri Medvedev et le PDG de Gazprom Aleksej Miller en ses rangs. Setchine est perçu comme le leader des siloviki (littéralement: « puissances »). Un groupe qui squatte les postes dans les domaines sécuritaires et qui prônent une ligne autoritaire. Setchine se trouve aussi être l’un des proches de Poutine: ils se sont rencontrés au début des années 90 dans les couloirs de l’administration à Saint-Pétersbourg. L’idée que quelqu’un comme Oulioukaïev, un libéral sans aucun poids politique, tente d’extorquer quelque chose à quelqu’un comme Setchine a donc tout de l’hérésie.

Or qu’on éjecte de cette façon un ministre en fonction, c’est du jamais vu. La corruption et l’incompétence n’ont jamais été un prétexte pour une éviction brutale. La réalité c’est que personne ne sait les vraies raisons d’une telle disgrâce. Et plus encore que l’attaque agressive de Setchine, c’est la passivité de Poutine qui inquiète en interne. Une telle affaire ne restera en effet pas sans conséquence. Alors qu’auparavant Poutine était au-dessus de la mêlée et se contentait d’arbitrer d’en haut les bisbrouilles au sein de l’élite, aujourd’hui semble sonner l’heure du chacun pour soi.

« Le cas d’Oulioukaïev montre bien que plus personne n’est intouchable. », déclare Andrej Kortunov, directeur du Russian International Affairs Council, un groupe de réflexion lié au gouvernement. « C’est un signal à l’élite: si vous magouillez, il n’y a plus personne pour couvrir vos arrières. »

Il se trouve qu’au sein de cette même élite, la grogne monte quant à la manière de gouverner de Vladimir Poutine. Les conséquences de l’annexion de la Crimée en 2014 et de la guerre dans l’est de l’Ukraine en particulier ont conduit à de fortes frictions. D’autant plus qu’à côté des sanctions économiques envers le pays, l’Europe et l’Amérique a aussi des particuliers dans le viseur. Quelques caciques comme Iouri Kovaltchouk (qui gère la plus grande banque de Russie), Sergueï Narychkine (l’ancien président du Parlement) et Sergueï Tchemezov (le PDG de Rostech, l’agence d’État pour la technologie militaire) sont interdits de séjour par exemple.

Dans les premières années de règne de Poutine, toute l’élite russe sans exception envoyait ses enfants dans les écoles et les universités européennes tout en cachant promptement leurs biens à Genève ou à Londres. De telles « excursions » sont devenues beaucoup plus difficiles aujourd’hui. « Ils n’aiment être en conflit avec l’Occident », explique Mark Galeotti. « Fondamentalement, l’élite russe veut piller en Russie, placer son argent en Occident et profiter de la vie. Cette espèce de croisade orthodoxe contre l’Occident ne les intéresse absolument pas. « 

Dans le même temps, Poutine se sent menacé plus que jamais. Lui, en tant qu’ancien agent du KGB, ne croit pas aux soulèvements populaires spontanés. Il est convaincu que la révolution Maïdan en Ukraine était une tentative de coup d’État orchestrée par les services de renseignement américains. Les révolutions arabes qui ont balayé en quelques semaines des régimes autoritaires soutenus depuis des décennies par l’Occident l’ont fortement impressionné. « La rumeur veut qu’il ait visionné des milliers de fois le lynchage du dirigeant libyen Kadhafi « , dit Konstantin Gaaze. « Il est convaincu que c’est l’OTAN qui l’a fait assassiner. »

Au cours des six dernières années, Poutine a renforcé le rôle des services de sécurité. La rumeur circule depuis un moment maintenant qu’il a l’intention de rassembler tous les services de renseignement et les forces de sécurité sous un gigantesque super-ministère. Ce serait là une véritable rupture. Car lors de son premier mandat, Poutine s’était justement appliqué à créer plusieurs agences de sécurité qui se concurrençaient en permanence. Diviser pour mieux régner, car il pensait qu’un tel mastodonte ne pouvait être que menace pour son pouvoir. Il a depuis changé d’avis. Avec la création de la Garde nationale en 2016, la crème des services d’ordre est désormais sous la coupe de Poutine. La Gvardija joue le rôle d’un garde du corps qui doit le protéger contre les émeutes dans son propre pays. Cette cellule d’élite est armée jusqu’aux dents avec de l’artillerie lourde, des drones et même des avions de combat.

« Poutine suit de très près les évènements au Venezuela », dit Gaaze. « Il voit bien à quel point Maduro dépend de l’armée. Il veut à tout prix éviter de se retrouver dans une telle situation. La garde nationale est son assurance vie. »

Pas de dauphin

Lors de l’élection présidentielle de 2012, United Russia a fait campagne sous le slogan: « Kto, esli nje Poutine? (« Qui alors, si ce n’est pas Poutine? »). Or cette question est toujours d’actualité. C’est bien là question auquel aucun autocrate n’a trouvé de réponse : comment trouver un successeur en qui on peut avoir pleinement confiance? Comment s’assurer que ce successeur ne nous éjecte pas du trône? Comment s’assurer que, après son règne, on ne sera pas poursuivi pour toute la corruption à laquelle j’ai péché avec mes amis? Dans un pays où le pouvoir et la justice sont tellement incarnés en un seul homme, un président qui démissionne risque de subir la loi du plus fort. « Le manque de succession est le plus gros problème de Poutine », a déclaré un ancien haut conseiller russe, qui préfère garder l’anonymat. « Dans son entourage, il n’a aucun collaborateur tout à fait honnête. Il n’y a personne en qui il puisse avoir pleinement confiance. « 

Ces dernières années, il est devenu pratiquement impossible de savoir qui fait partie du premier cercle de Poutine. Un des ministres que l’on voit souvent dans l’ombre de Poutine est le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Les deux semblent être des amis proches: l’année dernière, ils sont allés camper ensemble à Toeva, la région sud de la Sibérie d’où est originaire Sergueï Choïgou. On y a vu Poutine harponner un brochet et posé (une fois de plus) torse nu. « Cependant, Sergueï Choïgou n’est pas un héritier du trône », explique Konstantin Gaaze. Il est beaucoup trop impopulaire dans les couloirs du Kremlin. Quand Poutine se laisse filmé et photographié longuement avec quelqu’un, c’est surtout un signal envoyé au reste de l’élite: c’est un ami, vous ne le touchez pas.

Tout successeur devra répondre à un ensemble de conditions très spécifiques. « Je ne pense pas que Poutine lui-même ne sait pas encore de qui il s’agit « , explique Andrej Kortounov. « Vraisemblablement, il sortira un peu de nulle part et aura une relation étroite avec Poutine. J’imagine que son successeur est actuellement gouverneur quelque part. Et qu’il a la quarantaine. Le cercle intime autour de Poutine se compose aujourd’hui d’homme d’une soixantaine d’années un peu fanées qui ne sont plus en mesure d’apporter quelque chose de nouveau.

De plus, il n’y aura un successeur que si des accords solides sont conclus en amont. Lorsque Boris Eltsine, lors de son discours du Nouvel An du 31 décembre 1999, annonce Vladimir Poutine comme nouveau président, ce dernier signe le même jour son premier décret présidentiel qui assure que Eltsine et sa famille ne seraient pas poursuivis en justice.

« Il y a des chances que ce scénario se reproduise à nouveau », explique Mark Galeotti. « Si Poutine entraperçoit une chance de passer le témoin avant 2024, il ne manquera pas de le faire. »

Pour les candidats à la succession, il est aujourd’hui très important de ne pas trop se faire remarquer, car ce serait perçu comme une menace. Une menace qui ne sera pas tolérée. Dmitri Medvedev, qui a présidé la Russie présidentielle entre 2008 et 2012, est politiquement isolé et est considéré comme un faible par le siloviki. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir encore des ambitions, dit Gaaze.  » Medvedev s’applique tant qu’il peut à ne pas paraître comme une menace politique pour Poutine. Et on doit le reconnaître: il est plutôt brillant à ce jeu. Il attend son heure. Une heure qui devrait arriver en 2024. « 

Père de la nation

Même s’il trouve un successeur, Poutine ne va pas disparaître en silence. « Même après sa démission, Poutine continuera à jouer un rôle en coulisse », dit Andrej Kolesnikov. « On peut supposer qu’il obtiendra un rôle informel – du genre  » père de la nation « ou quelque chose de similaire – et se transformera en sorte d’ayatollah russe qui a encore une influence politique, mais n’a plus à s’inquiéter de gérer le pays. »

Il reste bien sûr aussi une deuxième option. Poutine pourrait adapter la constitution russe, qui stipule qu’un président peut rester au pouvoir pour un maximum de deux mandats successifs, pour permettre un troisième mandat. La modification de la constitution chinoise par président chinois Xi Jinping pourrait lui donner des idées. « Poutine et Xi échange s’échange régulièrement des stratégies payantes « , dit Kolesnikov. « J’espère que Poutine pourra résister à la tentation de suivre l’exemple de Xi. »

Mais même si Poutine veut devenir président ad vitam aeternam, il n’est pas encore immortel. Si le père de la nation venait à mourir, il lui faudrait trouver une nouvelle figure de proue.

Alexeï Navalny est le seul politicien qui semble avoir compris cela pour l’instant. Sa candidature à l’élection présidentielle n’a pas été acceptée, mais il continue de mener campagne, tambours battant, à travers la Russie. Ses meetings et apparitions rassemblent des milliers de personnes. « Navalny n’a pas cru un seul instant qu’on le laisserait participer à ces élections », explique Mark Galeotti. « Il milite pour se construire une renommée au niveau national et ainsi pouvoir jouer un rôle important dans l’ère post-Poutine ».

Il reste à vérifier de quelle façon l’élite russe va régler la question de la succession en interne. « Depuis l’affaire Alexeï Oulioukaïev, la confiance a complètement disparu », déclare Konstantin Gaaze. « Lorsque Sergey Ivanov et Dmitri Medvedev étaient en lice pour la nomination présidentielle en 2008, le processus était des plus amical. Cette camaraderie n’est plus qu’un lointain souvenir. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi.  » Galeotti estime que le prochain président russe sera plus pragmatique. « Ce sera un cleptocrate loyal, je pense. Pour le Russe moyen, ce ne sera toujours pas une partie de plaisir, mais le nouveau président ne risque pas d’être plus répressif que son prédécesseur.

La Russie ne risque pas d’être plus libérale dans les années à venir. Une Russie sans Poutine restera vraisemblablement un État tout aussi autoritaire . « Les Russes en sont convaincus: un État qui prend en compte la volonté de ses habitants est voué à disparaître », explique Gaaze. « Et tant que la Russie est un État centralisé avec une bureaucratie archaïque, le pays ne peut tout simplement pas se démocratiser. Même si la star de télévision ; Ksenia Sobtchak ; remporte les élections et obtient carte blanche pour tout changer, elle deviendra une nouvelle Poutine dans dix ans. « 

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