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Russie : Poutine gagne avec 63,9%

L’homme fort de la Russie, Vladimir Poutine, a remporté la présidentielle de dimanche avec 63,9% des voix, d’après les résultats annoncés après le dépouillement de 98,47% des bureaux de vote par la commission électorale centrale.

Le communiste Guennadi Ziouganov obtient 17,18% des voix, le libéral Mikhaïl Prokhorov 7,7%, le populiste Vladimir Jirinovski 6,24% et le centriste Sergueï Mironov 3,84%. La participation a atteint 64%.

Vladimir Poutine, Premier ministre depuis 2008, avait quitté le Kremlin cette année-là faute de pouvoir effectuer plus de deux mandats consécutifs, conformément à la Constitution.

Il avait propulsé son subordonné Dmitri Medvedev à la présidence et ce dernier s’est effacé en septembre pour laisser son mentor y revenir en 2012.

Une réforme constitutionnelle a porté le mandat de quatre à six ans, si bien que Vladimir Poutine aura le droit de se représenter en 2018 et pourrait se maintenir au pouvoir jusqu’en 2024.

La mystérieuse larme de la victoire de Vladimir Poutine

Lorsque Vladimir Poutine apparaît dimanche soir devant quelque 100.000 partisans près du Kremlin, la joue droite mouillée par une larme qui tranche avec son image d’homme fort.

Un peu plus tard, entouré de partisans dans son quartier général de campagne, la question qui agite déjà la blogosphère tombe : a-t-il vraiment pleuré ?

Les larmes « étaient vraies, mais vraies à cause du vent », a répondu Vladimir Poutine, ceinture noire de judo et habitué des sorties devant les caméras, pistolet à la main, ou le torse nu sur un cheval ou encore poursuivant un tigre.

Mais tout le monde n’a pas apprécié l’explication, et ses détracteurs ne se sont pas privés de l’attaquer. « Vova (diminutif de Vladimir, ndlr), Moscou ne croit pas aux larmes », écrit sur twitter le blogueur Slavik Zehner, en référence au titre du célèbre film soviétique de 1980.

Alexeï Navalny, une des figures de l’opposition qui manifeste à Moscou depuis décembre, a lui aussi réagi avec ironie. « Aujourd’hui, notre leader avait une vraie raison de pleurer », a-t-il dit à l’antenne de la chaîne télévisée indépendante Dojd. « Il a regardé autour de lui et a dit: « mon dieu, qu’ai-je donc fait ? » », a-t-il ajouté.

« Nous avons gagné dans une lutte honnête »

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a déclaré dimanche, devant des dizaines de milliers de ses partisans, qu’il avait « gagné dans une lutte ouverte et honnête » en remerciant les électeurs de ne pas avoir laissé « détruire » le pays. Il apparut des larmes aux yeux, selon des images diffusées en direct à la télévision russe.

« Merci à tous ceux qui ont dit oui à la grande Russie ! », a-t-il lancé reprenant le slogan-clé de sa campagne, aux côté du président sortant Dmitri Medvedev. Vladimir Poutine a estimé que les électeurs russes n’avaient pas laissé « détruire l’Etat russe », devant une foule de plus de 100.000 personnes (selon la police) réunie à deux pas de la place Rouge.

« Nos électeurs savent faire la différence entre le désir de renouveau et les provocations politiques dont le but est de détruire notre Etat et usurper le pouvoir, a-t-il déclaré en référence aux manifestations de l’opposition. De tels scénarios ne passeront pas sur notre terre ! » L’opposition, qui a organisé trois manifestations massives depuis les législatives de décembre qu’elle a jugées frauduleuses, prévoit un nouveau rassemblement à Moscou lundi soir.

Cette élection était « un test important pour nous, pour tout le peuple, un test pour la maturité politique et l’indépendance » du pays, a souligné Vladimir Poutine. Dmitri Medvedev, qui a renoncé à briguer un deuxième mandat pour permettre à Vladimir Poutine de revenir au Kremlin, a pour sa part estimé que « le pays et chacun de nous avions besoin de cette victoire. Nous ne laisserons pas nous prendre notre victoire ! »

La présidentielle russe, scrutin « de voleurs »

« C’est une élection de voleurs, absolument malhonnête et indigne », a déclaré Guennadi Ziouganov, candidat communiste à la présidentielle russe, selon des propos retransmis à la télévision. « En tant que candidat, je ne peux la reconnaître comme juste ou digne : nous ne reconnaissons pas ces élections », a affirmé Guennadi Ziouganov, qui, selon de premiers résultats, arrive deuxième. Le candidat communiste a ensuite dénoncé « la racaille mafieuse à laquelle appartiennent la verticale du pouvoir, la commission électorale centrale ».

Vladimir Rijkov, ancien député et l’un des organisateurs des manifestations d’opposition de ces derniers mois, a jugé de son côté que « pas un paramètre ne permet de considérer cette élection comme légitime. Demain matin, nous aurons comptabilisé 20.000, 30.000 fraudes » lors du scrutin, a-t-il déclaré à l’antenne de la chaîne d’Etat Rossiya.

Les partisans de Vladimir Poutine ont pour leur part rejeté toutes ces accusations : « Cette élection a été la plus propre de l’histoire de la Russie », a déclaré devant la presse le directeur de la campagne du candidat Poutine, le cinéaste Stanislav Govoroukhine.

LeVif.be, avec Belga

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