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Russie: nouvelle marche à Moscou contre Poutine

Des milliers de personnes se sont rassemblées ce samedi à Moscou pour une nouvelle marche contre le pouvoir de Vladimir Poutine, un test pour l’opposition quatre mois après le retour de l’ex-agent du KGB au Kremlin.

Au moins 20 000 personnes prenaient part à cette manifestation après le départ du défilé à 14h locales (10h GMT) place Pouchkine, d’où la marche devait rejoindre à travers le centre ville le lieu du meeting, sur l’avenue Sakharov. La police a estimé le nombre de participants à 11 000.

« Libérez les Pussy Riot » Les manifestants se sont scindés en deux colonnes des deux côtés du boulevard qui traverse le centre-ville, l’une, arborant de nombreux drapeaux rouges, représentant la gauche (Front de gauche et Parti communiste), et l’autre mêlant libéraux et nationalistes.

A la tête de cette dernière colonne se trouvaient notamment l’ancien champion d’échecs Garry Kasparov, engagé dans l’opposition libérale depuis des années, et l’avocat et blogueur Alexeï Navalny, militant de la lutte anticorruption mais aussi connu pour ses liens avec les nationalistes. « Notre slogan est ‘le pouvoir aux millions (de Russes, ndlr) et non aux millionnaires' », a lancé le leader du Front de Gauche Sergueï Oudaltsov, en tête du défilé de gauche. Une banderole était également visible dans la foule avec l’inscription « Libérez les Pussy Riot », les trois membres de ce groupe contestataire condamnées en août à deux ans de camp pour une « prière punk » anti-Poutine dans la principale cathédrale de Moscou.

Une autre banderole, de 20 mètres de long, était ornée du drapeau noir-jaune-blanc de la Russie impériale.

7000 agents des forces de l’ordre D’importantes forces de la police et des troupes de l’intérieur – 7000 hommes selon les autorités – ont été déployées dans la ville dès l’aube, et étaient soit visibles sur le parcours de la marche, soit en renfort dans des cours ou ruelles en retrait du trajet. Des hélicoptères de police survolaient également le centre-ville à basse altitude.

Les autorités ont peur de la population et tentent de faire pression

« Les autorités ont peur de la population et tentent de faire pression. Je pense que les gens n’ont pas peur et nous devons, ici, dans la rue, exiger la fin de la répression », a déclaré un des leaders libéraux, l’ex-Premier ministre Mikhaïl Kassianov.

Des manifestations avaient également lieu à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, et dans plusieurs autres villes du pays, avec une affluence moindre.

A Vladivostok, cité portuaire d’Extrême-Orient située à sept fuseaux horaires de la capitale russe, seules quelques dizaines de personnes s’étaient rassemblées, selon la police et les organisateurs. La police a fait état de 350 manifestants à Ekaterinbourg (Oural).

Essoufflement de la manifestation

L’opposition russe a souffert de l’essoufflement de la mobilisation après l’investiture de Vladimir Poutine à la présidence russe le 7 mai, ainsi que de sa division entre libéraux, nationalistes et communistes, et du durcissement du régime ces derniers mois.
Dernier événement en date, le retrait vendredi par la majorité pro-Kremlin à la Douma (chambre basse) du mandat parlementaire du député anti-Poutine Guennadi Goudkov, au motif d’activités commerciales incompatibles avec sa fonction, une sanction dénoncée par l’intéressé comme une « vengeance » ourdie par le pouvoir. D’autres chefs de file de l’opposition sont visés par des enquêtes, dont Alexeï Navalny, qui encourt jusqu’à 10 ans de détention pour des accusations de malversation qu’il nie.
Seize personnes ont par ailleurs été inculpées pour leur participation présumée à des heurts avec la police le 6 mai à Moscou, lors d’une précédente manifestation d’opposition, et sont pour la plupart incarcérées.

En juin, Vladimir Poutine avait promulgué une loi instaurant des amendes considérables pour punir les manifestants en cas de troubles ou de rassemblement non autorisé. Les premières grandes manifestations de l’opposition avaient commencé en décembre 2011 après la victoire du parti au pouvoir Russie unie aux législatives avec près de 50% des suffrages, au prix de fraudes massives selon l’opposition. Le mouvement a toutefois perdu de son élan depuis l’investiture de Vladimir Poutine au Kremlin.

LeVif.be avec L’Express

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