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Rubygate: quel verdict pour Berlusconi?

Le Vif

Le tribunal de Milan rend aujourd’hui son verdict dans le procès Rubygate: accusé d’abus de pouvoir et de prostitution de mineure, Silvio Berlusconi risque jusqu’à six ans de prison.

Silvio Berlusconi sera fixé ce lundi: c’est en effet aujourd’hui que le tribunal de Milan rend son verdict dans le procès Rubygate, où le Cavaliere est accusé d’abus de pouvoir et de prostitution de mineure. Cette décision risque de peser sur sa carrière et la stabilité politique de l’Italie.

« Il existe un lien, officiellement démenti, mais tout autre que mystérieux, entre les affaires judiciaires de Berlusconi et le destin du gouvernement » de coalition gauche-droite dirigé par Enrico Letta, le premier de l’après-guerre, a ainsi estimé, dimanche, le quotidien La Stampa.

Selon le journal, Silvio Berlusconi a conditionné son soutien au gouvernement de coalition à sa protection contre les poursuites judiciaires. En l’absence de cette protection, « son intérêt à soutenir le gouvernement disparaîtrait ».

Une théorie naturellement démentie par l’entourage de l’ancien chef du gouvernement italien. Ce qui n’a pas empêché la droite de monter le ton ces derniers jours, à l’approche du verdict à Milan, contre le gouvernement, même si les reproches formulés sont essentiellement de nature économique et sociale (sur la hausse de la TVA ou une nouvelle taxe foncière).

Entamé en avril 2011, le procès porte sur des soirées animées, décrites comme des « orgies » par le parquet de Milan, organisées début 2010 dans la luxueuse villa de Silvio Berlusconi à Arcore, près de Milan: les fameuses soirées « bunga-bunga », auxquelles a participé, parmi d’autres femmes, la jeune Marocaine Karima El Mahroug, alias « Ruby la voleuse de coeurs », mineure à l’époque.
La procureure, Ilda Boccassini, a demandé une « peine de base de cinq ans » pour le premier chef d’accusation – Silvio Berlusconi, alors Premier ministre, aurait utilisé sa position pour faire libérer la jeune Ruby interpellée à Milan pour un larcin – « aggravée d’un an » pour avoir rémunéré les prestations sexuelles de cette mineure, un délit en Italie.

La magistrate a assorti son réquisitoire d’une sévère requête d' »interdiction à vie d’exercer toute fonction publique » à l’encontre de l’ex-président du Conseil, sénateur depuis les élections de février.
La défense de Silvio Berlusconi a demandé son acquittement pur et simple.

« Il n’a commis aucun délit », s’insurge son avocat, Niccolo Ghedini. Et de dénoncer « les préjugés » des juges et du parquet.
Selon Silvio Berlusconi, des « magistrats rouges » tentent, en le poursuivant sur le plan juridique, de se substituer aux partis politiques de gauche qui n’ont pas réussi à le battre sur le terrain politique.

A en croire la presse italienne, le verdict devrait lui être défavorable. Il interviendra quelques jours à peine après le rejet par la Cour constitutionnelle d’un recours très important pour Silvio Berlusconi, qui cherchait à obtenir l’annulation d’une condamnation pour fraude fiscale (procès Mediaset) risquant de le priver de tout mandat électoral.

Silvio Berlusconi placerait désormais tous ses espoirs dans le verdict de Cassation attendu à l’automne pour annuler sa condamnation en appel à un an de prison et surtout à une interdiction de mandat public pendant cinq ans, qui à 77 ans, équivaudrait pour lui à une mort politique.

Depuis son entrée en politique en 1994, il a été condamné à un total de onze ans et cinq mois de prison ferme, dont trois ans couverts par une amnistie, pour des délits de corruption, faux en bilan, financement illicite d’un parti politique… Aucun de ces jugements n’a jusqu’à présent été définitif, Silvio Berlusconi ayant bénéficié soit d’un acquittement soit de la prescription, tandis que pour deux d’entre eux des recours et procédures d’appels sont en cours.

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