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Roumanie : les sociaux-démocrates donnés vainqueurs des législatives

Le Vif

Le Parti social-démocrate (PSD) était crédité d’une large victoire aux élections législatives dimanche en Roumanie, un an après avoir dû quitter le pouvoir à la suite du dramatique incendie dans une boîte de nuit de Bucarest.

Le PSD, désavoué par la rue en novembre 2015, était crédité de 45% des suffrages, devançant de 15 points les forces de centre droit, selon de premières estimations diffusées à la fermeture des bureaux de vote à 21H00 (19H00 GMT).

Soutenu par un solide socle électoral rural et âgé, ce parti a, soulignent les analystes, tiré profit d’une campagne qui l’a vu multiplier les promesses portant sur de fortes hausses des salaires et des retraites, dans ce pays où la pauvreté touche un habitant sur quatre.

Ses principaux adversaires, le Parti national libéral (PNL) et l’Union sauvez la Roumanie (USR), deux formations de centre droit, ne sont en revanche pas parvenus à capitaliser sur le mouvement de grogne contre la corruption qui avait acculé le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta à la démission.

Ces deux partis recueillent respectivement 21 et 9% des voix, d’après les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote, soit un net recul par rapport aux sondages réalisés avant le scrutin.

Le PSD devrait quant à lui pouvoir compter sur le soutien du petit parti libéral Alde, qui, selon les premières estimations, parviendrait à atteindre les 5% nécessaires pour entrer au parlement.

M. Ponta avait dû renoncer à ses fonctions après l’incendie survenu dans une boîte de nuit de la capitale roumaine, le Colectiv, qui avait fait 64 morts le 30 octobre 2015. La Roumanie est depuis administrée par un gouvernement de technocrates dirigé par l’ancien commissaire européen Dacian Ciolos et soutenu par le centre droit.

Le drame, survenu dans un établissement qui s’était affranchi du respect de toutes les normes de sécurité, a été jugé symptomatique de la corruption endémique qui gangrène ce pays.

Sur fond d’apathie et de discrédit de la classe politique, le taux de participation n’a été que d’environ 40% dimanche, d’après les premières estimations.

« Notre Roumanie est complètement détruite. On ne peut plus y vivre. Il n’y a pas d’emplois, les gens partent travailler à l’étranger », déplorait dans la journée Marin Oana, un habitant de Singureni, commune pauvre du sud.

Mécontents des bas salaires et du mauvais état des infrastructures, quelque trois millions des 20 millions d’habitants que compte la Roumanie ont émigré ces dernières années.

Membre de l’Union européenne depuis 2007, elle a renoué avec une croissance robuste après un épisode de sévère récession, mais reste le deuxième pays le plus défavorisé au sein des 28, derrière la Bulgarie.

Classe politique ‘corrompue’

Le PSD a fait savoir qu’il ne révèlerait le nom de son candidat au poste de Premier ministre qu’après l’investiture du nouveau Parlement, au plus tôt le 19 décembre.

A cet égard, une loi datant de 2001 interdit à toute personne ayant été condamnée par la justice de devenir ministre.

Cette disposition est susceptible d’affecter le président du PSD, Liviu Dragnea, qui s’est vu infliger le printemps dernier deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale.

Le chef de l’Etat de centre droit Klaus Iohannis a par ailleurs annoncé qu’il exclurait de la liste des Premiers ministrables « toute personne ayant des démêlés avec la justice », même si elle n’a pas été jugée, ce qui mettrait également hors jeu M. Ponta, renvoyé en justice pour blanchiment d’argent et évasion fiscale.

Les partis de centre droit avaient de leur côté annoncé vouloir charger M. Ciolos de former le nouveau gouvernement.

Dans ce pays traditionnellement europhile, qui a reçu 26 milliards d’euros d’aides depuis son adhésion à l’Union européenne, les principaux partis étaient favorables à l’UE. Pour la première fois cependant, des candidats avaient appelé Bucarest à « s’affranchir de la tutelle » de Bruxelles afin de « promouvoir ses propres intérêts ».

Au total, 466 sièges étaient à pourvoir au cours de ce scrutin proportionnel à un tour dont les premiers résultats officiels seront annoncés lundi.

Belga

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