© REUTERS/Bogdan Cristel

Roms : touché, le gouvernement français dénonce le « dérapage » de Reding

Le gouvernement français s’offusque du « dérapage » de la commissaire européenne Viviane Reding qui avait jugé « honteuse » l’attitude du gouvernement français qui lui a dissimulé l’existence d’une directive ciblant « en priorité » les Roms pour les expulsions. Elle avait également établi un parallèle entre la situation des Roms en France et la seconde guerre mondiale.

« J’ai été personnellement interpellée par des circonstances qui donnent l’impression que des personnes sont renvoyées d’un Etat membre (de l’UE) juste parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Deuxième Guerre mondiale », a-t-elle lancé mardi, dénonçant la circulaire émise en août par le ministère de l’Intérieur et remplacée depuis.

Selon l’Elysée, Nicolas Sarkozy ne s’exprimera pas sur le sujet au Conseil européen extraordinaire qui se tiendra à Bruxelles ce jeudi. L’Elysée rappelant que la question des Roms n’était « pas à l’ordre du jour » du sommet.

Réactions en chaine

Le journal Le Monde publie ce matin un florilège de réactions de politiques français face à la polémique suscitée par la question Rom.

Ce matin sur RTL, Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat aux affaires européennes, estime que « ce genre de dérapage n’est pas convenable » et que « Ce n’est pas comme cela que l’on s’adresse à un grand Etat ». Il a cependant accepté de donner des explications à Mme Reding concernant la circulaire.

Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement, lui, minimise le problème : « Des erreurs, ça arrive. C’est pas le drame du siècle et il n’y a pas besoin d’en faire une affaire européenne ». Et fait semblant de rien : « On n’a ni dissimulé, ni menti. Elle [la circulaire] existait. Il y a eu une erreur dans la circulaire, elle a été corrigée. Point. Terminé ».

Le Ministre des affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner, qualifie de « mauvaise surprise » la circulaire du 5 août. Mais après avoir relu trois fois le discours de Grenoble, il conclut qu’« il n’y a pas de stigmatisation ».

Sur France Inter, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, s’en est pris au gouvernement. Elle juge « abominable » l’action du gouvernement contre les Roms. « C’est une véritable honte pour notre pays de pourchasser des hommes et des femmes tout simplement parce qu’ils appartiennent à une ethnie et non pas parce qu’ils ont commis des délits », dénonce-t-elle.

Le député européen Vert Daniel Cohn-Bendit, s’indigne du mensonge du gouvernement français à propos de la circulaire. « Mme Reding s’est mise en colère parce qu’elle rencontre des hommes plus ou moins charmants comme MM. Lellouche et Besson qui lui racontent des bobards et elle se réveille le matin et elle lit dans les journaux qu’il y a cette circulaire », a-t-il dit sur France Info. « Elle se dit ‘ils se sont foutus de ma gueule. C’est pour ça qu’elle est est furieuse », a ajouté l’élu écologiste.

Pendant ce temps là…

En attendant, ce sont près de cent soixante Roms roumains ayant accepté la procédure du retour volontaire qui ont été reconduits vers la Roumanie hier. Et depuis janvier 2010, plus de 8.000 Roumains et Bulgares en situation irrégulière ont été reconduits dans leur pays d’origine, selon le ministère de l’immigration.
Ca fait beaucoup tout de même.

E.J.

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