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Rick Santorum, la surprise de l’Iowa

Le « champion de la foi et des familles » ébranle Mitt Romney, favori de l’establishment, dans l’Iowa. Mais qui est Rick Santorum et quelles idées défend-il?

Il jubile. Sur Twitter, il a même son mot-clé: #iowasurprise. La surprise de l’Iowa s’appelle Rick Santorum. Ce mardi, l’ancien sénateur de Pennsylvanie de 53 ans a confirmé sa récente percée dans les sondages et talonne le favori de l’establishment Mitt Romney, lors du premier caucus du cru 2012. De quoi confirmer sa posture d’alternative à ce dernier, considéré comme trop modéré par les plus conservateurs du parti.

« Quand la famille se décompose, l’économie s’étrangle. » Cette phrase prononcée ce mardi soir devant ses partisans pourrait résumer bien des prises de position de Rick Santorum. Et explique le succès de ce candidat à fond sur les valeurs chrétiennes, dans cet État réputé très conservateur. « Sa vision pour l’Amérique est de rétablir sa grandeur par la promotion de la religion, de la famille et de la liberté », résume son site de campagne, qui fait de lui « un conservateur cohérent sur tous les fronts par ses paroles comme par ses actes ».

L’homosexualité lui pose un problème

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Père de sept enfants, cet avocat catholique affiche ainsi son hostilité au mariage homosexuel qui « détruirait les familles et la foi dans notre pays », depuis des années. « Je n’ai pas de problème avec l’homosexualité, j’ai un problème avec les actes homosexuels », tentait-il de résumer dans une interview à Associated Press qui a suscité de nombreuses critiques.
« Si la Cour suprême autorise l’acte sexuel consenti dans nos maisons, alors on aura le droit à n’importe quoi: la bigamie, la polygamie, l’inceste, l’adultère », ajoutait-il. Les défenseurs des droits des homosexuels ont répliqué par une campagne offensive sur Internet: son nom est désormais devenu un néologisme associé à la pratique de la sodomie. Il a un vrai « problème avec Google » comme le montre cet extrait de CNN.

Rick Santorum est aussi opposé à l’avortement même en cas de viol et à la contraception, même s’il n’entend pas interdire les contraceptifs. « Je pense que cela entraîne de nombreuses maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées et ce n’est pas sain que les gens s’adonnent, vous savez, à des relations sexuelles en dehors du mariage », a-t-il réaffirmé vendredi sur la chaîne NBC.

Un « dur de la droite religieuse »
C’est aussi un « dur de la droite religieuse connu pour avoir milité pour l’étude obligatoire du créationnisme dans les écoles publiques », rappelle notre correspondant aux Etats-Unis, Philippe Coste, sur son blog. Il ne croit pas non plus au changement climatique, un « canular » des scientifiques…

Il se présente comme un bombardier politique, prêt à agir « quand il est nécessaire de lâcher des bombes ». De préférence contre Barack Obama, qu’il juge trop « naïf » sur le dossier iranien, par exemple. Restons sur la scène internationale et résumons ces prises de position: pour Rick Santorum, l’Afrique est un pays, il ne faut pas s’en prendre aux colonies israéliennes car la Cisjordanie (où « il n’y a pas de Palestiniens ») est à Israël ce que le Texas et le Nouveau-Mexique sont aux Etats-Unis…

Et s’il faut lâcher quelques-unes de ces bombes contre ses concurrents républicains avant la phase finale de l’élection présidentielle, il pourrait bien ne pas compter ses assauts. « Nous n’avons pas une brochette d’assistants avec des oreillettes qui courent dans tous les sens sans rien faire », met-il en avant, selon le New York Times. Une attaque qui vise ses concurrents en général et Mitt Romney, le plus fortuné, en particulier. Rick Santorum, lui, a mené une campagne de proximité, sillonnant les comtés de cet État rural sans bus officiel à son nom, parce que « vous ne pouvez pas acheter l’Iowa ».

Et après l’Iowa? Sa stratégie a payé dans cet État, mais il va pourtant falloir passer la vitesse supérieure. Ce caucus n’était qu’un premier pas dans un long marathon de six mois, où les candidats qui lèvent le plus de fonds sont susceptibles de tenir le plus longtemps. Le New York Times note par exemple que la campagne de publicité (souvent négatives… et onéreuses) a déjà commencé dans le New Hampshire, prochain État à voter le 10 janvier, alors que son équipe de campagne se réduit à la portion congrue.
Remporter l’Iowa n’a pas suffi à Mike Huckabee pour gagner l’investiture républicaine en 2008, arriver deuxième en 2012 ne devrait pas suffire non plus à Rick Santorum. Il pourra peut-être faire encore un bon score en Caroline du Sud, un autre État conservateur qui vote en janvier. Mais pour notre correspondant, cet « outsider idéologique » n’a « toujours aucune chance » de transformer son « coup de force » dans l’Iowa en surprise nationale.

Marie Simon

Côté look, Rick Santorum abandonne rarement ses pulls sans manche… sauf pour les débats télévisés où le costume est de rigueur.

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