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Reynders: « Refuser les quotas, c’est refuser la solidarité européenne »

Les ministres européens des Affaires étrangères de l’UE se sont retrouvés vendredi à Luxembourg pour leur réunion semestrielle informelle de deux jours, dominée par les crises au Moyen-Orient et de la migration.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a dénoncé vendredi l’attitude de certains pays de l’Union européenne – particulièrement en Europe orientale – qui refusent encore et toujours un système de répartition équitable de réfugiés, affirmant que « refuser les quotas, c’est refuser la solidarité européenne ».

« Nous offrons un grand soutien aux pays les moins développés de l’Union européenne, ils peuvent quand même se montrer un peu solidaires maintenant », a-t-il fait valoir en marge d’une réunion informelle des chefs de la diplomatie des 28 à Luxembourg.

La question de l’asile et de la migration ne doit être examinée que samedi par les ministres. Mais les quatre pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) ont réaffirmé vendredi à Prague leur refus de quotas automatiques de réfugiés, tandis que Prague et Bratislava ont proposé un couloir ferroviaire pour les Syriens entre la Hongrie et l’Allemagne.

Le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a quant à lui demandé vendredi aux Européens de se partager l’accueil de quelque 200.000 personnes, précisant que tous les membres de l’UE devaient avoir l’obligation de répondre à cette « crise massive ».

« Refuser les quotas, c’est refuser la solidarité européenne », a estimé pour sa part M. Reynders. Il a rappelé que l’UE accordait des fonds pour permettre à ses Etats membres les moins développés de rejoindre la moyenne européenne. « C’est maintenant à leur tour de se montrer solidaires avec des personnes qui ont fui leur propre pays », a-t-il lancé, comme en écho à des propos tenus pendant la semaine par le secrétaire d’Etat belge à l’Asile et à la Migration, Théo Francken.

La Belgique continue à défendre l’idée d’une répartition équitable entre les 28 pays de l’UE. « La capacité est là », a souligné M. Reynders, en rappelant que la population totale de l’UE était de 500 millions d’habitants.

« Nous devons et nous pouvons accueillir, mais tous doivent participer »

Plus tôt, le chef de la diplomatie belge avait affirmé: « Nous devons accepter les personnes qui ont le droit d’être accueillis et qui parfois prennent d’énormes risques pour arriver jusqu’ici. Nous devons remplir notre mission d’accueil, mais cela ne peut être fait que si toute l’Europe y participe ».

Les compétences de l’asile et des migrations relèvent normalement des ministres de l’Intérieur. Ceux-ci se réuniront le 14 septembre, mais leurs collègues aux Affaires étrangères vont analyser la situation dans un contexte plus large. « La source du problème des réfugiés se trouve dans les crises en Syrie et dans le Moyen-Orient élargi », a observé la haute représentante pour la politique étrangère et de sécurité de l’UE, Federica Mogherini, à l’entame de la réunion.

Elle estime que les ministres des Affaires étrangères doivent avant tout se concentrer sur les pays d’où viennent les réfugiés et ceux par lesquels ils passent pour rallier l’Europe, les pays d’origine et de transit.

L’Allemagne et la France se sont entendus jeudi sur la nécessité d’établir des quotas contraignants de répartition des migrants au sein de l’UE. L’Italie aussi plaide pour une politique d’asile unifiée. « C’est ce débat qui doit être mené », a expliqué M. Reynders. « Comment pouvons-nous répartir l’effort sur 28 pays, sur un peuple européen de 500 millions? « , a-t-il résumé.

Il estime probable que des zones puissent être établies, aux alentours des conflits, où les réfugiées peuvent bénéficier d’un premier accueil garanti par l’Europe.

Le ministre allemand, Frank-Walter Steinmeier, a appelé à cesser les « récriminations » et à « coopérer » pour répondre à la crise migratoire qui divise profondément les dirigeants de l’Union européenne. « L’Europe n’a pas le droit de se diviser face à un tel défi », a-t-il lancé. « Les récriminations ne vont pas aider à ce que le problème devienne contrôlable. »

La crise des réfugiés ne fera officiellement l’objet de discussions dans la matinée de samedi. Vendredi, la situation en Ukraine est à l’agenda, dans un climat de recrudescence des violences dans l’est du pays. « Nous allons discuter librement de nos relations avec la Russie et avec les autres pays de l’est », a déclaré Mme Mogherini.

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