Didier Reynders © BELGA

Reynders demande à Bagdad de ne pas exécuter Tarik Jadaoun

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a annoncé mardi avoir demandé aux autorités irakiennes de ne pas procéder à l’exécution du djihadiste belge Tarik Jadaoun, sous le nom de guerre d’Abou Hamza al-Belgiki, condamné à mort par pendaison pour appartenance au groupe Etat islamique (EI).

« J’ai demandé à mon homologue irakien de ne pas procéder à l’exécution », a-t-il affirmé à la presse en marge d’une rencontre avec le président de la Commission de l’union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, en rappelant l' »opposition de principe » de la Belgique et de l’Union européenne dans son ensemble à la peine de mort et des demandes antérieures.

Selon M. Reynders, qui a reçu confirmation officielle de la condamnation mardi à Bagdad du Verviétois Tarik Jadaoun, ce dernier dispose d’un délai de trente jours pour faire appel. « Nous allons peut-être attendre la procédure d’appel avant d’aller plus loin », a-t-il dit.

Et si la peine capitale est confirmée en appel, la Belgique demande qu’elle soit transformée en peine de prison, a ajouté le chef de la diplomatie belge, appelant à la tenue d’un « procès équitable ». « Nous sommes contre la peine de mort quelles que soient les circonstances », a-t-il souligné.

Tarik Jadaoun avait rejoint l’EI (ou Daech, selon son acronyme arabe) en 2014. Il avait été arrêté le 23 août 2017 à Mossoul (nord) par les troupes irakiennes, soit plus d’un mois après la reprise de la « capitale » irakienne du califat autoproclamé par le groupe djihadiste.

Lors de la première audience de son procès devant la Cour pénale centrale de Bagdad, le 10 mai, ce Belge d’origine marocaine avait plaidé « non coupable » et affirmé aux juges qu’il s’était « fourvoyé ».

Selon M. Reynders, Tarik Jadaoun ne peut, comme « combattant étranger », compter sur une assistance consulaire de la part de la Belgique – qui ne dispose pas d’ambassade à Bagdad, mais dont l’ambassadeur en Jordanie est aussi compétent pour l’Irak.

« Il n’y a pas d’aide consulaire pour quelqu’un qui est parti se battre dans une zone de conflit », a expliqué le ministre, en rappelant que Tarik Jadaoun avait « pratiquement pris les armes contre son propre pays ».

Il avait notamment menacé dans des vidéos la Belgique et la France d’attentats sur leur sol.

Lors des interrogatoires précédents le procès, Tarik Jadaoun avait reconnu avoir formé « les +lionceaux du califat+, une soixantaine d’enfants de huit à 13 ans, à l’entraînement sportif et au maniement des armes ».

L’Irak, quatrième pays au monde en terme d’exécutions selon Amnesty International, a déjà exécuté des ressortissants étrangers ou binationaux pour des actes commis au sein d’organisations extrémistes comme Al-Qaïda. Mais, à ce jour, aucun ressortissant d’un pays occidental condamné à mort pour appartenance à l’EI n’a été exécuté.

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