Le chemin a été long, mais la Colombie a franchi le cap de la ratification de la paix avec les Farc. © JOHN VIZCAINO/REUTERS

Rétro 2016 : Colombie, la paix enfin signée

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Deux défis pour le président Santos, prix Nobel de la paix : organiser le regroupement des Farc dans des zones de transit et parvenir à une « paix complète ».

Après plus d’un demi-siècle de conflit sanglant, la guérilla et le gouvernement colombiens ont fait taire les armes. Les 29 et 30 novembre, sénateurs et députés ont ratifié l’accord de paix mis au point après quatre ans de pourparlers.

Une première version du texte, qui prévoit le désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et leur transformation en parti politique, avait été signée fin septembre à Carthagène, et rejetée le 2 octobre lors d’une consultation populaire marquée par une abstention record. Les sondages avaient pourtant tous donné une large victoire du  » oui « . Mais, comme lors du référendum sur le Brexit, de l’élection de Donald Trump ou de la victoire écrasante de François Fillon aux primaires de la droite en France, l’électeur a créé la surprise. La discrétion des négociations délocalisées à La Havane avait, certes, alimenté la méfiance déjà forte des Colombiens à l’égard de la guérilla la plus puissante du pays.

Toutes les familles colombiennes ont vu au moins l’un de leurs membres tué ou enlevé au cours de l’interminable guerre. De plus, le Centre démocratique (CD, droite) de l’ancien président Alvaro Uribe, principale force de l’opposition, a dénoncé l' » impunité  » dont bénéficieraient les chefs guérilleros et leur éligibilité politique. Une nouvelle version de l’accord de paix a dès lors été négociée, mais les opposants jugent les avancées insuffisantes et contestent le mode de validation de l’accord : une ratification parlementaire, alors que le président Juan Manuel Santos avait promis que le peuple aurait  » le dernier mot « .

Reste surtout à mettre l’accord en application. Les membres des Farc, organisation qui compte encore près de 6 000 combattants, doivent être regroupés dans des zones de transit. En outre, Santos, dont les efforts ont été récompensés, en octobre, par le prix Nobel de la paix, entend parvenir à une  » paix complète  » : il veut désormais négocier avec l’Armée de libération nationale (ELN), deuxième guérilla du pays, forte de quelque 1 500 combattants. Objectif : éviter que les territoires des Farc soient récupérés par l’ELN ou par les milices paramilitaires d’extrême droite. Au fil des décennies, le conflit colombien, dans lequel ont été impliqués de nombreuses guérillas, les paramilitaires et l’armée, a fait au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et près de 7 millions de déplacés.

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