En septembre, à Kinshasa, les opposants au régime continuent d'exiger le départ de Kabila. © KENNY KATOMBE/REUTERS

Rétro 2016 : Afrique centrale, tensions extrêmes

« Pas d’élections avant 2018 », annonce Kinshasa, qui joue avec le feu électoral. Au Burundi, le pouvoir se referme dans sa carapace. Et n’écoute plus personne.

Le vent démocratique peine à souffler sur l’Afrique centrale. Alors que 2016 et 2017 devaient marquer le changement, on garde les mêmes et on continue. Au Rwanda, Paul Kagame a préparé le terrain en vue d’un troisième mandat. Au Burundi, Pierre Nkurunziza s’en est carrément emparé, au mépris des accords d’Arusha. Et au Congo, Joseph Kabila a dépassé la date butoir du 19 décembre, censée marquer la fin de son deuxième et dernier mandat. Autant de prolongations qui portent en ellesdes germes de violences.

La crise politique que traverse le Congo depuis 2011 n’est pas près de se terminer. En octobre, la majorité et une frange de l’opposition ont scellé un accord prévoyant le maintien de Kabila au-delà du prescrit constitutionnel. Les élections ?  » Pas avant avril 2018 « , répond le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, qui estime qu' » avant cela, aucun expert ne pense que c’est faisable « . Kabila profitera-t-il du vide pour forcer un changement de Constitution ? Ou se contentera-t-il de préparer le terrain pour une succession en douce ?

En contrepartie, l’opposition a obtenu la nomination d’un Premier ministre issu de ses rangs : Samy Badibanga, de l’UDPS. Mais la majeure partie des opposants, réunie autour de la figure historique d’Etienne Tshisekedi, continue d’exiger le départ de Kabila. Cette tension n’est pas de nature à calmer une population démunie et toujours prompte à s’enflammer, comme en septembre à Kinshasa. La répression aurait fait plus de 50 morts.

Au Burundi, c’est la terreur qui règne depuis que Pierre Nkurunziza, un Hutu, a décidé de se maintenir au pouvoir en 2015 : assassinats ciblés, disparitions, arrestations, exil de 300 000 Burundais. Isolé, le pouvoir s’est verrouillé de l’intérieur. Le dialogue avec la coalition d’opposition est au point mort, le régime la qualifiant d’ « organisation terroriste « .

Président du syndicat des journalistes burundais réfugié au Rwanda, Alexandre Niyungeko ne veut pas baisser les bras :  » On doit continuer de condamner ce troisième mandat forcé car c’est une remise en cause de nos acquis et d’une certaine cohabitation entre composantes burundaises. On ne peut pas accepter cela. Sans parler de tous les crimes commis entre-temps « . Des crimes qu’il assimile à un  » génocide en cours « .

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