Retour à Verdun, 100 ans après (en images)

Le Vif

« Verdun est un mythe dans l’inconscient collectif », et un symbole « qu’il faut faire vivre » de l’amitié franco-allemande, a estimé le secrétaire d’État français aux Anciens combattants et à la Mémoire Jean-Marc Todeschini, après une messe célébrée devant 600 personnes à l’ossuaire de Douaumont (est).

Dans cette nécropole nationale reposent les ossements de 130.000 hommes, français et allemands, tombés pendant cette bataille qui fit au total plus de 300.000 victimes des deux camps, en dix mois.

Verdun est une terre « de sacrifice et d’espoir », a relevé de son côté l’évêque de la ville, Mgr Jean-Paul Gusching.

Les célébrations – qui doivent s’étaler sur plusieurs mois et culminer le 29 mai avec la venue à Verdun du président François Hollande et de la chancelière Angela Merkel – avaient démarré dimanche dès l’aube, en mémoire de ce matin du 21 février 1916 où un déluge de feu s’était abattu sur la campagne meusienne.

Dès 05h45 GMT dimanche, quelque 300 personnes se sont rassemblées sous une pluie fine là où tout a commencé, au « bois des Caures », à une quinzaine de kilomètres de Verdun. Sur un petit chemin boueux éclairé à la bougie, bénévoles français et allemands en costumes d’époque ont entamé une marche, lu des documents historiques, évoqué le déluge d’obus.

« Il y a exactement 100 ans, le pilonnage s’abat. Ce délire inouï est ressenti jusque dans les Vosges, à 150 km. (…) 1400 canons et mortiers vomissent près d’un million d’obus » rappelle un homme entre les bruits sourds des explosions reconstituées.

« Les cauchemars de Verdun »

« Le calme, et tout à coup ce bruit assourdissant et violent », commente avec étonnement Charles, 15 ans, venu assister de bonne heure aux commémorations.

« C’est l’émotion qui revient », souligne de son côté Peter Sauter, un septuagénaire allemand venu en mémoire de son père, qui survécut à l’enfer de la Meuse. « Enfant, je l’entendais hurler chaque nuit. Il faisait des cauchemars qui le ramenaient à Verdun. Ca m’a profondément marqué », témoigne-t-il.

Français en bleu à droite du chemin, allemands en kaki à gauche, éclairés et immobiles, baïonnettes en main: seule de la vapeur s’échappait de la bouche des figurants pendant les tableaux figés évoquant le passé.

Un participant a aussi lu des lettres rédigées à l’époque par le député de la Meuse et lieutenant-colonel Emile Driant, qui commandait deux régiments de chasseurs à pied le 21 février, et devint l’un des premiers héros français de la terrible bataile.

« Beaucoup de chasseurs ne seront plus là dans 8 ou 15 jours », prophétisait l’officier dans l’une de ces lettres. Il fut lui-même tué dès le 22 février au soir, après avoir freiné l’avancée de milliers d’assaillants.

Dimanche, à l’Ossuaire de Douaumont, M. Todeschini a inauguré une pierre gravée en hommage aux 56e et 59e Bataillons de Chasseurs à Pied que commandait le lieutenant-colonel Driant. Il devait en outre, dans l’après-midi, inaugurer la « Croix des Chasseurs » à Vacherauville, en contrebas du Bois des Caures.

Au-delà des officiers, les centaines de milliers de soldats qui « firent Verdun » – plus des trois-quarts de l’armée française y monteront au front – jouèrent aussi un rôle dans la construction du mythe de cette bataille.

Pour ne pas oublier, alors que le dernier poilu est mort en 2008, l’année 2016 sera marquée par plusieurs commémorations d’envergure, ainsi que par la réouverture, lundi, du Mémorial de Verdun, érigé en 1967 et qui vient d’être entièrement repensé.

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