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Retour à l’ordre, sécurité et autres promesses de Donald Trump pour les Etats-Unis

Le Vif

Dans un long discours à la tonalité résolument anxiogène prononcé à l’issue d’une convention qui a mis crûment en lumière les déchirures de son parti, le magnat de l’immobilier s’est présenté comme l’antidote aux politiques du passé de sa rivale Hillary Clinton.

« Avec humilité et gratitude », l’homme d’affaires populiste de 70 ans – novice complet en politique – a accepté sa nomination pour porter les couleurs républicaines lors de l’élection présidentielle de novembre.

Devant plus de 2.000 délégués réunis à Cleveland (Ohio) et devant des dizaines de millions d’Américains derrière leur écran, Donald Trump a martelé son message. « La criminalité et la violence qui affligent aujourd’hui notre pays prendront bientôt fin », a-t-il lancé.

Promettant « le retour à la sécurité (…) à partir du 20 janvier 2017 », date de l’investiture du successeur de Barack Obama, il a confirmé son virage sécuritaire amorcé ces dernières semaines, dans une registre évoquant celui de Richard Nixon en 1968. « L’Amérique d’abord ! », a-t-il asséné, l’index de la main droite levé, face à une foule électrisée. « Je suis votre voix ! ».

Selon un folklore qui est la signature des conventions américaines, des dizaines de milliers de ballons rouges, blancs et bleus ont été lâchés sur l’immense salle omnisports du Quicken Loans Arena à l’issue de l’allocution du candidat.

Le sourire d’Ivanka

Quelques minutes plus tôt, c’est Ivanka Trump, 34 ans, qui avait raconté, dans un registre radicalement différent, la « générosité » et la « compassion » d’un père qu’elle a décrit comme soucieux de l’égalité des droits et de la place des femmes dans l’entreprise et la société.

Large sourire, longs cheveux blonds tombant sur une robe rose, elle a prononcé un discours mesuré que n’auraient probablement pas désavoué nombre de démocrates.

Peter Thiel, entrepreneur de la Silicon Valley ouvertement homosexuel, a lui reçu une véritable ovation lorsqu’il s’est dit « fier d’être gay, fier d’être républicain, fier d’être Américain ».

Preuve d’une véritable évolution du « Grand Old Party » sur ce thème, Donald Trump a aussi promis, évoquant le massacre d’Orlando (49 personnes tuées dans un club gay), de « tout faire » pour protéger la communauté LGBT « des violences et de l’oppression d’une idéologie de haine ». Et s’est arrêté un instant pour relever les applaudissement qui ont suivi ses propos.

S’il s’est gardé de commentaires personnels sur son adversaire (qu’il surnomme « Hillary-la-crapule » depuis des mois), Donald Trump a dressé un bilan noir et sans nuance de son passage à la tête de la diplomatie américaine (2009-2013).

Un bilan qui se résume selon lui à « la mort, la destruction, le terrorisme et l’affaiblissement ». « L’Amérique est moins en sécurité, et le monde plus instable, depuis qu’Obama a pris la décision de donner la responsabilité de la politique étrangère américaine à Hillary Clinton », a-t-il asséné.

Dans un discours régulièrement interrompu par la foule scandant « USA ! USA ! USA! », il a aussi décoché quelques flèches à Barack Obama, accusé d’avoir, par son « discours irresponsable », divisé par race et couleur et rendu l’Amérique « plus dangereuse pour tout le monde ».

Reprenant un à un les thèmes d’une campagne qui a pris tout le monde par surprise, il a réaffirmé sa volonté de construire « un grand mur à la frontière pour empêcher l’immigration illégale, les gangs, la violence, et le déversement de drogue dans nos communautés ».

Donald Trump associe régulièrement ces clandestins à la criminalité, et a cité jeudi des meurtres commis par des sans-papiers aux Etats-Unis.

L’homme d’affaires a encore promis la renégociation complète des « horribles accords de libre-échange avec la Chine et de nombreux autres », dont l’Alena (Nafta en anglais), qui unit Etats-Unis, Canada et Mexique, et fut signé en 1993 par Bill Clinton.

« Président ou dictateur ? »

« Je vous demande votre soutien pour que je puisse être votre champion à la Maison Blanche », a-t-il conclu à l’issue d’une allocution de plus d’une heure et quart.

Dayna Dent, 69 ans, déléguée suppléante de l’Etat de Washington, a été « emportée » par le discours. « Je pense que Donald est très sincère, et j’aime ça. Et puis, visiblement, il adore sa famille, et ça me plait ».

Le candidat républicain espère un rebond dans les sondages à l’issue de cette convention qui n’aura pas été épargnée par les polémiques (affaire du plagiat du discours de Melania Trump, camouflet infligé par Ted Cruz qui a refusé, sur scène à Cleveland, de lui apporter son soutien).

Invectivée avec une extrême virulence (« Enfermez-la! ») toute la semaine par les chefs et délégués républicains, Hillary Clinton sera elle formellement désignée par son parti la semaine prochaine à Philadelphie.

Attendant son heure — elle devrait dévoiler son colistier vendredi ou samedi depuis la Floride — elle s’est montrée relativement discrète ces derniers jours. « Nous valons mieux que cela », a-t-elle simplement tweeté, au beau milieu du discours de son rival républicain qu’elle affrontera en face-à-face le 26 septembre, lors du premier d’une série de trois débats présidentiels.

«  » Moi, tout seul, je peux gérer le problème ». Ce type veut être président ou dictateur? », s’est interrogé de son côté sur Twitter Bernie Sanders, candidat défait aux primaires démocrates, qui a galvanisé des millions de jeunes Américains.

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