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Référundum en Syrie sur fond de massacre

Les bureaux de vote pour le référendum sur une nouvelle Constitution, qui maintient les larges prérogatives du président mais met fin à la prééminence du parti Baas, ont ouvert ce dimanche. Mais la répression sanglante a déjà fait 26 morts depuis ce matin.

Les Syriens sont appelés à voter ce dimanche par référendum sur une nouvelle Constitution. Un scrutin raillé par l’opposition et l’Occident au moment où le régime accentuait sa répression sanglante de la révolte dans de nombreuses villes assiégées. Au moins 26 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les violences, principalement à Homs, bastion de la contestation sous le feu du régime.

Les bureaux de vote pour le référendum sur une nouvelle Constitution, qui maintient de larges prérogatives au chef de l’Etat tout en supprimant l’article 8 sur la prééminence du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, ont ouvert à 7 heures (05H00 GMT), selon les médias officiels. Plus de 14 millions de Syriens étaient appelés à se prononcer sur le texte instaurant notamment le « pluralisme politique ».

Le référundum syrien, une « plaisanterie » pour Washington
L’opposition et les militants pro-démocratie, qui exigent le départ du président Bachar al-Assad, ont appelé à boycotter le référendum qualifié de « plaisanterie » par Washington. Alors que les journalistes ne peuvent se déplacer librement en Syrie depuis le début le 15 mars 2011 de la révolte, la télévision d’Etat montrait des images de Syriens dans des bureaux de vote en affirmant qu' »un grand nombre » de votants s’y rendaient pour déposer leur bulletin. « Je vote parce que c’est l’aboutissement des réformes du président et si cela réussit, on aura une démocratie (…) », a affirmé Balsam Kahila, 32 ans, au ministère des Finances où elle travaille à Damas.

« Je vote malgré les gangs armés », a-t-elle dit. Elle reprend ainsi la version du régime qui, refusant d’admettre l’ampleur de la contestation, se targue de l’appui de son peuple pour venir à bout de la révolte assimilée à du « terrorisme » mené par des « gangs armés à la solde de l’étranger ».

7600 morts en 11 mois

Dans la nouvelle Constitution, le président choisit le Premier ministre, indépendamment de la majorité parlementaire, et peut dans certains cas rejeter des lois. L’article 88 prévoit deux septennats présidentiels mais l’article 155 précise que cela s’appliquera à partir de la prochaine présidentielle prévue en 2014, ce qui permet en théorie à M. Assad de rester au pouvoir encore 16 ans.

La crédibilité du régime est ternie, chaque annonce de réformes ayant été suivie d’une intensification de la répression qui a fait plus de 7600 morts en 11 mois, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Au moment où s’ouvraient les bureaux de vote, plusieurs obus tombaient sur le quartier antirégime de Baba Amr à Homs, dévastée par plus de trois semaines de pilonnage, au lendemain d’une journée de violences ayant fait près de 100 morts en grande majorité des civils selon l’OSDH. « Il y a des explosions partout. Des snipers qui tirent sur tout ce qui bouge », a indiqué un militant à Baba Amr, Abou Bakr.

LeVif.be avec L’Express

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